En matière de politique économique, arbitrer entre inflation et chômage consiste à privilégier soit la recherche du plein-emploi, soit la recherche de la stabilité des prix, partant du présupposé que les variables inflation et chômage connaissent des évolutions antagoniques. Dire que les politiques économiques des différents gouvernements français dans les décennies 1980 et 1990 se caractérisent par un arbitrage inflation-chômage, c'est dire d'une part que la relation définie par la courbe de Phillips entre inflation et chômage se vérifie systématiquement, et d'autre part que les gouvernements choisissent de lutter contre l'un ou l'autre des déséquilibres. Or, si certaines politiques se sont au cours de la période considérée orientées vers un arbitrage de ce type (I), il n'en demeure pas moins que le dilemme inflation-chômage a pu être dépassé (II)
[...] Au demeurant, les gouvernements multiplient les politiques de l'emploi, de nature et de fortunes diverses : encouragement des départs anticipés à la retraite, aides à l'embauche pour les entreprises, création des emplois-jeunes et réduction du temps de travail à 35 heures hebdomadaires par le gouvernement Jospin, formation et réinsertion des chômeurs de longue durée (Pour lutter contre une hystérésis dont les gouvernants auraient pris conscience ? Rappelons-nous de Jacques Chirac qui souhaitait au début de son septennat restaurer l'employabilité des chômeurs.) Conclusion En définitive, il est possible de parler d'arbitrage inflation-chômage dans la France des années 1980-1990 en ce sens que certaines politiques économiques se sont directement inspirées de la lecture originale de courbe de Phillips. [...]
[...] Un gouvernement peut arbitrer entre chômage et inflation, mais il ne peut pas espérer réduire les deux à la fois. Parmi tous les taux de chômage imaginables, il y en a un et un seul pour lequel le rythme d'inflation ne s'accélère pas : le NAIRU (non- accelerating inflation rate of unemployment). Concrètement, une politique qui augmenterait les salaires nominaux provoquerait chez les agents une illusion monétaire (non-anticipation de la hausse des prix à venir) qui les conduirait à considérer que leur pouvoir d'achat a augmenté et les pousserait ainsi à la consommation, consommation facteur de croissance et donc de création d'emploi. [...]
[...] Si les anticipations sont rationnelles, les travailleurs connaissent le fonctionnement de l'économie et savent exactement, à l'instant même où le gouvernement annonce une politique expansionniste, comment vont progresser les prix. Dès l'annonce de la politique monétaire, les travailleurs demandent une augmentation des salaires proportionnels à celle de la masse monétaire. Les employeurs ne peuvent que répercuter cette hausse sur les prix et maintenir l'emploi et la production au niveau initial. Seule l'inflation augmente. L'arbitrage inflation-chômage est donc impossible, même à court terme. . [...]
[...] Ce traité prévoit pour 1999 la création d'une UEM (Union économique et monétaire) basée sur une monnaie unique, l'Euro. Mais pour faire partie de la zone Euro, les pays de l'Union européenne doivent remplir cinq critères de convergence. L'un de ces critères concerne l'inflation, dont le taux annuel ne doit pas dépasser de plus de la moyenne des trois pays dans lesquels la monnaie est la plus stable. La France, candidate naturelle à la zone Euro au vu du rôle joué par elle dans le processus de construction communautaire, a donc du satisfaire à ce critère. [...]
[...] Mais cette politique est un échec et perpétue la stagflation (inflation sans croissance) amorcée dans les années 1970. Le chômage ne diminue pas (même si son taux de croissance se ralentit) et passe la barre des deux millions, l'augmentation de la consommation n'entraîne pas dans son sillon celle de la production, car la relance est plus profitable aux producteurs étrangers qu'aux producteurs nationaux (c'est l'époque de l'arrivée en France des magnétoscopes japonais ce qui contribue à creuser le déficit extérieur, ainsi que l'avait prédit Raymond Barre. [...]
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