Après avoir analysé la montée du travail atypique aux dépends du travail typique, nous verrons dans quelle mesure les formes particulières d'emploi (FPE) tendent à introduire un dualisme au sein du marché du travail, en opposant d'une part un marché primaire que l'on peut schématiquement assimiler à celui du travail typique, et d'autre part un marché secondaire qui peut de la même façon être assimilé à celui du travail atypique
[...] Les plus importants quantitativement de ces dernières FPE que sont l'apprentissage et les stages représentent une part croissante de l'emploi, tant leur pratique a été encouragée par les écoles, les universités et l'Etat. Non rémunérés pour la plupart les apprentis et les stagiaires présentent l'intérêt pour l'Etat d'entrer dans les statistiques de l'emploi, et pour les entreprises celui de constituer une main d'œuvre pas chère et docile. Ces expériences de l'emploi au sein de l'entreprise sont néanmoins nécessaires aujourd'hui pour pouvoir prétendre obtenir à terme un CDI. [...]
[...] Doeringer et Piore assimilent le secteur primaire à l'ensemble des firmes ayant constitué des " marchés internes Ce terme désigne un mode d'organisation du travail qui consiste à pourvoir les emplois vacants en ayant essentiellement recours à la promotion interne, plutôt qu'à des travailleurs externes à la firme. Les coûts de rotation de la main d'oeuvre sont amoindris par de telles pratiques. Il convient de justifier le fonctionnement non concurrentiel du marché primaire, afin d'expliquer pourquoi les emplois sont rationnés et font apparaître un différentiel de salaire persistant avec les emplois secondaires. [...]
[...] Les avantages sociaux sont importants (par exemple ceux offerts par un comité d'entreprise), les conditions de travail sont bonnes. La stabilité et la sécurité de l'emploi y est grande : il s'agit de contrats à durée indéterminée. Le contrôle du travail par un supérieur est faible, ce qui laisse à l'employé une marge de manœuvre appréciable. La syndicalisation est plutôt fréquente : assurés de leur maintien au sein de l'entreprise du fait de la stabilité de l'emploi, les travailleurs ne craignent pas de contester leur patron par la voie du syndicalisme. [...]
[...] Tandis qu'avant le dualisme au sein de la société provenait de l'opposition entre ceux qui avaient un emploi et ceux qui n'en avaient pas, aujourd'hui du fait du développement des FPE, on peut observer un nouveau segment : celui des travailleurs précaires qui coexistent avec les CDI et les chômeurs, au sein desquels on peut distinguer les chômeurs de longue durée, qui ont peu de chance de se retrouver un jour sur un des deux marchés. De plus il est possible de rajouter un troisième segment : celui du marché du travail informel, qui comprend surtout le travail au noir. On est donc loin de la théorie classique même si le marché secondaire semble être plus concurrentiel et en tout cas davantage flexible, que le marché primaire. Directement issues des contraintes de flexibilité imposées par la crise les formes particulières d'emploi ont conduit à l'établissement d'un marché du travail dual. [...]
[...] Mais une telle politique se traduirait par une augmentation immédiate du salaire primaire, car toutes les propriétés incitatives du salaire dans le secteur primaire reposent sur l'existence de ce différentiel de salaire suffisant entre les deux segments. Ainsi le moyen d'enrayer la précarisation du marché du travail réside peut être dans une réduction des incertitudes vis à vis de la demande pour les entreprises: une reprise durable de la croissance pourrait avoir pour conséquence une augmentation du nombre de CDI. [...]
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