Montesquieu énonçait dans l'Esprit des lois en 1748 qu'« un homme n'est pas pauvre parce qu'il n'a rien, mais parce qu'il ne travaille pas ». Toutefois, si la problématique de l'emploi est une constante séculaire dans les sociétés post-industrielles, force est de constater qu'elle revêt une importance toute particulière depuis les années 1970 et le début de la crise de l'État providence. En effet, le chômage qui était résiduel jusqu'alors du fait d'une situation de croissance forte, donc de plein emploi, tend à s'implanter durablement et structurellement dans le paysage social occidental.
Ainsi, dans un contexte de nouvelle répartition des richesses mondiales et de crise économique pesant financièrement tant sur les opérateurs économiques qu'étatiques, l'indemnisation du chômage, c'est-à-dire le fait d'assurer un revenu de remplacement à toute personne privée de la possibilité d'exercer une activité professionnelle, fait l'objet en France de vives critiques. En effet, d'aucuns considèrent que l'indemnisation du chômage est de nature à nuire à l'efficacité des politiques d'emploi, c'est-à-dire de porter préjudice à la capacité que ces politiques ont de réaliser leurs objectifs de de retour vers l'emploi et lutte contre la précarité.
[...] A cet égard l'indemnisation du chômage au titre de l'activité réduite des allocataires en France en 2011) constitue un filet de sécurité contre l'inactivité et permet un retour effectif vers l'emploi. Toutefois, la politique d'indemnisation ne concourt à l'efficacité des politiques d'emploi qu'à la condition d'être complétée par d'autres actions. B. L'indemnisation du chômage doit nécessairement être complétée par l'activation des dépenses pour être en adéquation avec les objectifs des politiques d'emploi L'activation des dépenses relatives à la politique de l'emploi suppose d'une part la mise en place d'actions relatives à la formation des chômeurs et d'autre part un accompagnement efficace vers l'emploi pour que l'indemnisation soit pleinement productive. [...]
[...] Or, le rapport thématique, consacré notamment à l'indemnisation du chômage, rendu public par la Cour des comptes le 23 janvier 2013 constate que dans ce domaine, malgré la création du projet personnalisé d'accès à l'emploi en 2006, le service public de l'emploi peine à être efficace. En effet, selon les hauts magistrats, faute de moyens humains et techniques l'assurance chômage affronterait la crise de 2008 avec des moyens pour la plupart totalement dépassés. Dès lors, l'indemnisation du chômage ne peut à elle seule assurer l'efficacité des politiques d'emploi en France, elle nécessite des actions d'activation en soutien. [...]
[...] Cette opération aurait une influence tant sur le système assurantiel que sur les allocations de solidarités garanties par l'Etat pour les personnes n'ayant pas ou plus de droit (allocation de solidarité spécifique et allocation temporaire d'attente). Toutefois, l'indemnisation du chômage ne doit pas seulement être juste, elle doit également répondre à une situation involontaire pour être pleinement efficace et légitime. B. L'indemnisation du chômage doit nécessairement répondre à une situation fortuite pour ne pas favoriser les hypothèses de chômage volontaire Les situations de chômages volontaires sont à combattre, car, furent-elles résiduelles, ces pratiques préjudicient énormément l'image du système. Par ailleurs, le chômage volontaire implique des dépenses supplémentaires non avenues. [...]
[...] Si le principe d'indemnisation du chômage doit être analysé comme un moyen au service de l'efficacité des politiques d'emploi c'est à la condition que sa mise en œuvre est soumise à des exigences garantissant sa propre efficacité (II). I. L'indemnisation du chômage doit être conçue comme un moyen appuyé par d'autres pour favoriser l'efficacité des politiques d'emploi L'indemnisation du chômage est un moyen qui ne nuit pas, par principe, aux politiques d'emploi mais pour ce faire elle nécessite d'être complétée par d'autres actions et notamment d'activation des dépenses A. [...]
[...] Tous ces points se conjuguent donc pour montrer que l'indemnisation du chômage ne nuit pas à l'efficacité des politiques d'emploi. Pour cela, elle doit être d'une part un moyen appuyé par d'autres au soutien d'objectifs globaux de lutte contre la précarité et de réinsertion professionnelle. D'autre part, elle nécessite un encadrement garant de son efficacité intrinsèque. En tout état de cause, cette réflexion montre bien toute l'ambiguïté française sur cette question qui divise la société entre solidarité et ressentiment. [...]
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