Depuis maintenant une trentaine d'année, le chômage est devenu une préoccupation majeure des pays industrialisés, notamment en Europe, particulièrement touchée par le phénomène. Pourtant, malgré de nombreux débats et à quelques exceptions près, les gouvernements européens semblent dans l'expectative quant aux mesures à adopter pour endiguer ce fléau.
Néanmoins, tout au long des années soixante-dix et quatre-vingt, alors que la Communauté européenne voit son taux de chômage atteindre 10 % de sa population active, la Suède est restée en situation de quasi-plein-emploi. Deux facteurs permettent d'expliquer cette réussite : une politique macro-économique tournée vers le plein-emploi, dans la pure tradition keynésienne ; une politique active sur le marché du travail.
Après avoir dressé les caractéristiques et l'évolution du modèle suédois, nous déterminerons, ainsi que l'ont fait les auteurs Bouyoux et Sapin, le rôle respectif de ces deux facteurs dans la réussite suédoise.
Depuis 1990 toutefois, le mythe s'est quelque peu fendu. Face à une mondialisation croissante, la Suède est touchée par la récession, et les mécanismes habituels ne jouent pas. Fin 1993, le chômage s'élève à 9 %, et le fameux modèle suédois est remis en cause. A cette époque les auteurs se posaient la question des enseignements à tirer pour la Communauté européenne des vingt ans d'expérience suédoise. Depuis, la Suède a décidé de devenir membre de l'Union Economique et Monétaire, et l'on peut s'interroger sur le devenir de la spécificité suédoise, ainsi que sur les possibilités d'intégration d'un marché du travail européen présentant des spécificités régionales aussi contrastées que l'Europe aujourd'hui.
Nous conclurons sur l'un des nombreux débats sous-jacents à cet article : la controverse entre chômage et inflation.
[...] Au vu des résultats à la fin des années 80, il semble que la Suède ait fait le bon choix. Pourtant marque une rupture puisque la lutte contre l'inflation est ramenée au premier plan. Il est intéressant de remarquer que la réussite suédoise coïncide avec une période durant laquelle beaucoup d'économistes s ‘accordent à dire que la relation de Phillips avait disparu. Il s'agit de la stagflation. Durant la période 1970-1980, le chômage est faible en Suède, et l'inflation, bien que supérieure à la moyenne communautaire, reste supportable. [...]
[...] A cette époque les auteurs se posaient la question des enseignements à tirer pour la Communauté européenne des vingt ans d'expérience suédoise. Depuis, la Suède a décidé de devenir membre de l'Union Economique et Monétaire, et l'on peut s'interroger sur le devenir de la spécificité suédoise, ainsi que sur les possibilités d'intégration d'un marché du travail européen présentant des spécificités régionales aussi contrastées que l'Europe aujourd'hui. Nous conclurons sur l'un des nombreux débats sous-jacents à cet article : la controverse entre chômage et inflation. [...]
[...] Bouyoux et Sapin se posent alors la question des leçons à tirer pour l'Europe de cette expérience suédoise. Au niveau macroéconomique d'abord, nous avons vu que la politique menée par la Suède s'est révélée intenable. La priorité à la lutte contre l'inflation semble donc devoir être maintenue. C'est d'ailleurs l'objectif premier de la Banque Centrale Européenne. S'agissant de la formation des salaires, le processus centralisé suédois n'est plus ce qu'il était, et reposait en tous les cas sur des bases historiques et sociales. [...]
[...] Ces politiques existent ailleurs en Europe, mais leur application y est bien moins poussée. La Suède a mis en place un système développé, inscrit dans une philosophie générale selon laquelle il n'y a pas de rémunération sans travail. Il existe donc une cohérence d'ensemble qu'il n'est pas aisé de reproduire. Quoiqu'il en soi, si l'Europe doit retenir quelque chose de l'expérience suédoise, ce sont bien ces politiques actives, à condition qu'elles aient pour but non pas de réduire fortement le chômage, mais de lutter contre le chômage longue durée. [...]
[...] Les origines de la crise sont diverses. Les auteurs l'attribuent à la bulle spéculative formée dans les années 80 suite à la libéralisation des marchés financiers. Mais d'autres sources de déséquilibre sont à relever. La période 1970-1980 est en effet marqué par la mondialisation croissante de l'économie, et une internationalisation du capital suédois. La Suède perd en quelque sorte de sa souveraineté sur sa politique de l'emploi. On assiste également à une érosion du consensus social. On peut citer à ce titre la montée en puissance des cols blancs et de leurs syndicats, moins intéressés par la philosophie égalitaire. [...]
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