Plein emploi et croissance sont, avec la stabilité des prix et le solde positif des transactions courantes, les quatre grands équilibres que le carré magique de Kaldor représente sur ses quatre branches. L'excellence de la santé d'une économie correspondrait à un taux de chômage égal à zéro et une croissance atteignant 10%. On en est aujourd'hui fort éloigné puisque c'est presque l'inverse que l'on peut constater : un taux de chômage avoisinant en moyenne les 10% et une croissance proche de zéro. En France, les plus crédules qui conservaient quelque espoir malgré la forte poussée du chômage depuis novembre dernier ont perdu leurs illusions à l'annonce de l'évolution de l'emploi au premier trimestre 2003 : pour la première fois depuis dix ans, notre pays a détruit des emplois. Et pour cause ! L'Insee a dit hier tout haut ce que le gouvernement peine à reconnaître : la croissance sera inférieure à 1% cette année. Mais par-delà ce triste constat, c'est davantage les relations entre les deux phénomènes macroéconomiques qui pourraient expliquer cette évolution. La question est donc de savoir si croissance et emploi sont liés, et s'il existe des interactions positives ou négatives.
[...] L'Insee a dit hier tout haut ce que le gouvernement peine à reconnaître : la croissance sera inférieure à cette année. Mais par-delà ce triste constat, c'est davantage les relations entre les deux phénomènes macroéconomiques qui pourraient expliquer cette évolution. La question est donc de savoir si croissance et emploi sont liés, et s'il existe des interactions positives ou négatives. Il apparaît que l'idée selon laquelle la croissance génère l'emploi soit aujourd'hui remise en cause Bien plus, il est vraisemblable que la recherche de la croissance puisse générer du chômage jusqu'à ce qu'à son tour, ce dernier limite la croissance I. [...]
[...] La recherche de la croissance est en partie responsable du chômage 1. Le coût relatif du travail par rapport au capital, le progrès technique ont fait s'accentuer au cours des dix dernières années le phénomène de substitution du capital au travail. Entre ces deux formules célèbres, il apparaît que l'investissement tue l'emploi plus sûrement que l'investissement de demain crée les emplois d'après-demain La recherche de la compétitivité et le coût élevé des coûts unitaires salariaux engendrent des restructurations qui se traduisent par des licenciements massifs, dont les vagues ont été plus que doublées depuis 1993. [...]
[...] La loi d'Okün énonce, d'après des études empiriques, que de croissance sont nécessaires pour aboutir à une simple stabilisation du chômage. B. Cette idée d'une relation directe de cause à effet, croissance = plein emploi est aujourd'hui remise en cause Le chômage est aussi lié à l'augmentation de la population active (par exemple : classes en âge de travailler nombreuses, augmentation du travail féminin) et sa réduction pourrait entraîner de façon réelle, mais pas forcément souhaitable, le retour au plein emploi, même en l'absence de croissance Déjà, Friedman en 1970 faisait état d'un taux de chômage naturel, incompressible et compatible avec un taux d'inflation nul (NAIRU). [...]
[...] Cette dérive contient cependant ses propres limites car il est un stade où le chômage pèse sur la croissance 1. Le traitement social du chômage coûte cher à la collectivité et aux entreprises qui participent à l'Unedic. Environ 400 milliards de francs ont été affectés en 1996 à l'indemnisation du chômage et au revenu minimum d'insertion Les cotisations sociales sont assises sur les salaires et plus le chômage augmente plus l'assiette de ces cotisations se réduit et plus il est nécessaire d'en augmenter le montant. [...]
[...] Seul hic : les effets sont attendus à long terme tant il est plus facile d'augmenter d'un million le nombre des fonctionnaires en 20 ans que de développer l'emploi productif. Mais les Français butent dans l'immédiat sur des contradictions qui ne peuvent qu'alimenter leur incompréhension et leur rejet des réformes. Le non-remplacement d'une partie des fonctionnaires partant à la retraite, les incitations à garder les seniors au travail dans les entreprises jouent a priori contre l'embauche de jeunes, dont le pourcentage au chômage est déjà en forte hausse. La non-reconduction d'une partie des emplois-jeunes comme les coupes claires dans les budgets des ministres vont dans le même sens. [...]
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