Parce que le chômage a des origines et des mécanismes de formation avant tout économiques, c'est par l'économie que les pouvoirs publics ont commencé à traiter ce phénomène, mais les politiques globales mises en oeuvre depuis sa forte progression, notamment à partir de 1985, époque qui a vu un redressement de l'activité faisant retrouver à la France un taux de croissance voisin de ceux qu'elle avait connu avant 1974 ; n'ont pas produit les effets attendus. Après des mesures spécifiques de traitement économique visant à agir sur le volume des ressources en main d'oeuvre et sur le volume de l'emploi par diverses méthodes, tant financières que réglementaires, il a donc fallu recourir à un traitement social du chômage lié directement aux individus (...)
[...] Le chômage de longue durée, défini par une ancienneté de chômage supérieure à un an, est désormais de plus en plus utilisé comme critère d'éligibilité aux mesures catégorielles de la politique de l'emploi. L'émergence d'une véritable politique de l'emploi ciblée sur les chômeurs de longue durée est basée sur une nouvelle approche puisqu'elle repose sur une individualisation des parcours afin d'optimiser les chances de retour vers l'emploi pour des personnes peu qualifiées et donc peu employables. Cette politique reposant sur un traitement différencié pour chaque personne, nécessitant des évaluations, des diagnostics, des orientations et des suivis personnels à partir de ce moment-là, constamment été réaffirmée, notamment dans le cadre du programme chômeurs de longue durée en 1992. [...]
[...] Cette politique s'appuie sur des actions diversifiées et vise des catégories ciblées. Les premières actions ciblées ont été dirigées vers les jeunes, puis progressivement à partir des années 1980, les chômeurs de longue durée seront concernés par cette forme d'intervention. En jouant un rôle actif dans la mise en œuvre des dispositifs de formation en alternance, de réinsertion des chômeurs de longue durée, d'insertion des bénéficiaires du RMI l'ANPE contribue directement à la transformation des processus d'insertion dans l'emploi : d'intermédiaire passif ou informationnel ayant pour objectif de nous informer sur le nombre et les caractéristiques des demandeurs d'emploi, elle devient acteur dans le jeu complexe de détermination qualitative de l'offre et de la demande d'emploi. [...]
[...] Tant que le chômage atteignait un volume que l'on pouvait considérer comme naturel les mesures préconisées étaient davantage d'ordre social. Elles visaient plutôt à atténuer les effets d'un volume de chômage jugé inévitable et inhérent au fonctionnement de l'économie (les périodes de chômage étaient plus courtes et transitoires). L'accroissement du volume, la généralisation du chômage, l'allongement de sa durée moyenne ainsi que l'apparition et le développement du chômage de longue durée ont modifié l'attitude à l'égard du phénomène. Cependant, cela s'est traduit par un foisonnement et un empilement des dispositifs se succédant à un rythme soutenu, interprété parfois comme un moyen de faire face à court terme à l'aggravation du chômage, moyen non indépendant des impératifs du calendrier politique ou électoral, parfois sans cohérence apparente, tout se passe comme si le traitement du chômage était engagé dans une spirale, marqué par un épuisement des dispositifs et le sentiment que tout a été essayé et par une course-poursuite contre une sélectivité de plus en plus affirmée sur le marché du travail, ce qui aboutit à multiplier les publics prioritaires (Demazière, 1995). [...]
[...] Par exemple, après son inscription à un fonds de chômage, le chômeur secouru devait, sous peine d'être déchu des secours, se soumettre à une série d'obligations dont la plupart constituaient des mesures de contrôle sur la sincérité de sa qualité de chômeur. Il devait faire viser régulièrement sa carte de chômeur à l'office de placement dont il relevait, le chômeur n'avait le droit d'exister qu'en fonction d'une demande de travail dont il était l'incarnation (Muller, 1991). A partir de 1945, la fonction de placement, consistant à rapprocher les offres et les demandes d'emploi, et de contrôle est véritablement assurée par les services extérieurs du travail et de la main d'œuvre. Ces services seront remplacés en 1967 par l'ANPE. [...]
[...] Le traitement du chômage[1] par la politique de l'emploi. Parce que le chômage a des origines et des mécanismes de formation avant tout économiques, c'est par l'économie que les pouvoirs publics ont commencé à traiter ce phénomène, mais les politiques globales mises en œuvre depuis sa forte progression, notamment à partir de 1985, époque qui a vu un redressement de l'activité faisant retrouver à la France un taux de croissance voisin de ceux qu'elle avait connu avant 1974 ; n'ont pas produit les effets attendus. [...]
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