« Pour beaucoup, « toujours plus » d'école constitue un gage de progrès et de justice sociale ». Qu'en est-il cependant de cette inflation scolaire au regard des modes d'entrée dans la vie active des jeunes aujourd'hui et du rôle de l'école en la matière ? Bien que la méritocratie se soit progressivement imposée comme idéologie fondatrice des sociétés démocratiques (la place que l'on occupe in fine dans la division sociale du travail devant dépendre des ressources propres, acquises et mobilisées par l'individu lui-même), pourquoi aujourd'hui l'« ascenseur social » que constitue(ait) l'école ne joue-t-il plus son rôle ?
[...] Cette dévalorisation en cascade contraint les jeunes à effectuer une scolarité de longueur sans cesse croissante en contrepartie d'espérances sociales qui, elles, restent inchangées La dévaluation des diplômes apparaît donc comme une conséquence de la sélectivité du marché du travail. Quid du positionnement de la France en Europe au regard de l'insertion professionnelle des débutants Processus complexe mais continu en France, l'insertion professionnelle des débutants, autrement dit le passage de l'école au monde du travail, présente des situations contrastées dans les pays d'Europe. [...]
[...] Concernant la mobilité d'emploi (passage d'un emploi à l'autre, avec généralement entre les deux du chômage), il est clair que cette dernière est beaucoup plus forte chez les juniors que chez les séniors (instabilité des premières expériences professionnelles). A ce sujet, l'indicateur de vulnérabilité de l'emploi occupé révèle qu'en France les juniors ont le risque le plus élevé de perdre leur emploi (d'autant plus qu'ils sont peu diplômés). Cependant il est important de constater qu'une mobilité sur deux s'accompagne d'une progression professionnelle. [...]
[...] Pour expliquer le chômage, il faut également remarquer que certains segments du marché du travail restent plus ou moins fermés aux débutants, ces derniers se concentrant donc dans une partie de l'économie (les activités informatiques, les services aux entreprises, le commerce de détail ou le secteur de l'hôtellerie et de la restauration sont plus favorables aux débutants). A ce sujet, l'indice de difficulté d'accès à certains segments du marché du travail des débutants exclusion sélective tend en faveur d'une augmentation du risque du chômage. Par rapport à ses voisins européens, la France se situe dans une position souvent intermédiaire : stigmatisés sur le marché du travail, les jeunes débutants ont des probabilités de chômage et de mobilités accrues (notamment par rapport aux séniors), ainsi qu'une répartition différenciée dans les secteurs de l'économie. [...]
[...] Bien que le diplôme contribue de façon significative à la réduction des différences, le niveau de l'indicateur de déclassement relatif des débutants diplômés de l'enseignement supérieur vis- à-vis de leurs aînés reste largement supérieur. [...]
[...] La dévaluation des diplômes : cause ou conséquence de la sélectivité du marché du travail Pour beaucoup, toujours plus d'école constitue un gage de progrès et de justice social Qu'en est-il cependant de cette inflation scolaire au regard des modes d'entrée dans la vie active des jeunes aujourd'hui et du rôle de l'école en la matière ? Bien que la méritocratie se soit progressivement imposée comme idéologie fondatrice des sociétés démocratiques (la place que l'on occupe in fine dans la division sociale du travail devant dépendre des ressources propres, acquises et mobilisées par l'individu lui-même), pourquoi aujourd'hui l'« ascenseur social que constitue (ait) l'école ne joue-t-il plus son rôle ? [...]
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