Chômage technologique, David Ricardo, mécanisation du travail, profit, masse salariale, classe ouvrière, Karl Marx, Jean-Baptiste Say, création d'emplois, Feldmann, progrès technique, mécanismes de long terme, révolutions industrielles, industrie de masse, Alfred Sauvy, révolution numérique
Depuis maintenant quelques années, le débat sur le chômage technologique refait surface. La presse y fait échos au travers de gros titres pour le moins anxiogènes : "un robot va-t-il vous piquer votre travail ?", "Que ferons-nous des humains quand les robots feront le travail ?" ou encore "Votre travail sera fait par un robot en 2025 (Et vous serez à la rue)". Qu'en pensent les économistes ?
[...] Ils concluent que 47% des emplois américains sont menacés par l'automatisation. Le tableau ci-dessous offre un aperçu des probabilités d'automatisation par emploi : Extrait de « The Economist » En France, le cabinet Rolland Berger (2014) conclut que 42% des métiers sont hautement susceptibles d'être automatisés. En prenant en compte les différences de tâches effectuées par les travailleurs exerçant le même métier, Arntz et al. (2016) tablent sur un chiffre de d'emplois automatisables dans les 21 pays de l'OCDE. Bien qu'intéressantes, ces différentes études ne permettent pas d'estimer l'effet net sur l'emploi. [...]
[...] Conclusion Le chômage technologique existe-t-il ? Oui à court terme, peut-être à long terme. L'effet sur le long terme dépend principalement de deux facteurs : le rythme de l'innovation et la mobilité de la main-d'œuvre. Les progrès en matière de robotique et d'intelligence artificielle sont réels, mais doivent être nuancés : la diffusion de la technologie est un processus long et incertain, soumis à des contraintes juridiques, organisationnelles et culturelles. Enfin, la formation initiale et continue, le Code du travail et la protection sociale sont des facteurs déterminants de la mobilité du travail. [...]
[...] Ces deux révolutions ont un point commun : la mécanisation de tâches physiques. Le métier à tisser hydraulique facilite le tissage et permet de réduire les besoins en tisserands, le télégramme puis le téléphone réduisent les besoins en messagers, le chemin de fer puis l'automobile réduisent les besoins en colporteurs, le fordisme optimise les mouvements des ouvriers et permet de produire autant avec moins de main d'œuvre. Les emplois affectés par ces innovations ont en commun le fait d'être riches en tâches physiques et pauvres en tâches cognitives. [...]
[...] La révolution que nous vivions actuellement est différente. La robotisation, couplée à l'intelligence artificielle et au big data, permet désormais d'automatiser des tâches cognitives. Les Fintechs révolutionnent la finance ; la SNCF utilise des robots Peppers pour fournir des informations aux usagers dans les gares ; Sony élabore un algorithme capable de composer de la musique pop et IBM développe un programme d'intelligence artificielle nommé Watson fournissant des services dans des domaines aussi divers que la santé, la météo, la distribution, le secteur public ou les transports. [...]
[...] Dans son « Traité d'économie politique », Jean-Baptiste Say (1803) reconnaît qu'à court terme une augmentation du chômage peut se produire ; mais à long terme l'effet net sur l'emploi est positif selon le schéma suivant : Pour Schumpeter (1911), l'innovation est un processus de destruction créatrice : le progrès technique détruit des emplois dans certains secteurs, mais en crée davantage dans d'autres secteurs. Feldmann (2013) vient appuyer l'intuition de Say et Schumpeter. Sur un échantillon de 21 pays couvrant la période 1985 à 2009, l'auteur parvient à la conclusion que le progrès technologique augmente le chômage dans un premier temps, mais n'a plus d'impact sur celui-ci au bout de la 3e année. Mais que se passe-t- il si les cycles d'innovations se raccourcissent et se rapprochent ? Les mécanismes de long terme auront-ils le temps de produire leurs effets ? [...]
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