Les cadres sont-ils une catégorie à part ?

Thèmes abordés

Cadres non-cadres

Résumé du document

Le terme de "cadre" apparaît durant le grand mouvement social de 1936, en réaction à la bipolarisation classique entre employés et patrons. Née d'une volonté de distinction, cette catégorie qui a connu une incroyable expansion au cours des Trente Glorieuses demeure aujourd'hui sujette à de nombreuses redéfinitions, tant en raison de ses délimitations floues que par son caractère "obsolète".
La distinction cadres / non-cadres est-elle désormais dépassée ? Les cadres sont-ils une catégorie à part ?

Dans le domaine conventionnel, les cadres sont indéniablement distingués des autres salariés. Leurs intérêts sont représentés par un syndicat qui leur est propre - la CGC - malgré la possibilité d'adhérer à d'autres organisations. Cette distinction est le reflet de celle qui est faite au niveau de l'entreprise.

Extraits

[...] De plus, l'augmentation du nombre de cadres n'en fait plus une catégorie aussi élitiste qu'elle a pu l'être autrefois : la frontière est de plus en plus floue, et la catégorie des cadres perd de sa superbe par rapport aux autres salariés. Par ailleurs, les relations cadre-employeur sont davantage banalisées. Les traitements particuliers sont de plus en plus rares, et les contentieux entre eux sont plus souvent traités légalement. De plus, avec la recrudescence de l'actionnariat, les sociétés deviennent impersonnelles, anonymes ; il existe de moins en moins de représentation du patronat, et les relations s'établissent entre les dirigeants salariés et les cadres. [...]

[...] ) et l'étendue des pouvoirs dont ils sont investis. On trouve dans leur catégorie une véritable hiérarchie (cadres moyens, cadres supérieurs, cadres dirigeants, executives, etc.), d'autant plus visible que les effectifs de l'entreprise sont élevés, et de laquelle découlent des avantages différentiels (stock-options, voitures de fonction . Ensuite, une différence d'origine, entre les cadres formés "sur le tas", et les cadres à qui ce statut est attribué au regard d'un diplôme d'ingénieur par exemple ; différence qui peut se répercuter sur leurs méthodes d'action. [...]

[...] Ces privilèges dont ils bénéficient sont la contrepartie de leur engagement au service de l'entreprise. Ainsi, au niveau des compétences et des missions, les cadres diffèrent également des non-cadres. Des rapprochements peuvent cependant être faits, notamment avec les activités "à dominante manuelle", en raison des capacités de résistance qu'il faut mettre en œuvre : temps de travail - qui se prolonge dans le privé - et disponibilité importants en comparaison des autres salariés, déplacements . En plus de cela, le cadre doit posséder des capacités d'organisation (prévoir, réagir aux problèmes et savoir les résoudre, organiser le travail des subordonnés), managériales et techniques (connaissance et professionnalisme dans son domaine). [...]

[...] Au niveau symbolique, les cadres se distinguent encore par leur propension à se regrouper entre eux dans l'entreprise. Il existe des sortes de conventions auxquelles ils adhèrent en grande majorité : jouer au golf, au tennis, employer des anglicismes, rouler en voitures allemandes plutôt que françaises ! . En outre, il est probable que les cadres possèdent dans une certaine mesure une personnalité singulière, dont les traits dominants seraient la volonté, la persévérance, le charisme, la force de conviction, associés à certaines valeurs plus générales, une "éthique personnelle" : honnêteté, intégrité, mais aussi souvent des ambitions personnelles. [...]

[...] Née d'une volonté de distinction, cette catégorie qui a connu une incroyable expansion au cours des Trentre Glorieuses, demeure aujourd'hui sujette à de nombreuses redéfinitions, tant en raison de ses délimitations floues que par son caractère "obsolète". La distinction cadres/non-cadres est-elle désormais dépassée ? Les cadres sont-ils une catégorie à part ? Nous étudierons donc en premier lieu les caractéristiques qui font de l'encadrement une activité singulière, en différenciant trois niveaux principaux de distinction - conventionnel, professionnel et symbolique/idéologique puis nous analyserons à l'inverse les facteurs d'hétérogénéité de la catégorie des cadres, en nous intéressant plus particulièrement à ses remises en question actuelles. Dans le domaine conventionnel, les cadres sont indéniablement distingués des autres salariés. [...]