Pour lutter contre le chômage, faut-il pratiquer une vigoureuse relance de la demande ou faut-il au contraire restaurer le libre jeu du marché en supprimant le SMIC et les allocations chômage ?
Cette alternative, présentée parfois de façon caricaturale, montre que les acteurs du débat économique et politique invoquent (de façon plus ou moins explicite) la théorie économique pour rechercher des solutions au chômage.
En effet, « Le chômage persistant en Europe » (pour reprendre le titre d'un ouvrage publié par les économistes de l'OFCE) conduit les responsables politiques et l'opinion publique à s'impatienter devant l'impuissance des économistes face au problème de l'emploi. Dans la plupart des pays d'Europe, le taux de chômage (nombre de chômeurs/population active) augmente, le chômage de longue durée s'aggrave, l'exclusion se développe et la cohésion sociale est gravement mise en cause. Compte tenu de cette situation, les divergences entre économistes conduisent au scepticisme voire à l'exaspération. Il est vrai que le discours théorique des économistes est marqué, en particulier dans le domaine de l'emploi, par une opposition assez radicale. D'une part des approches microéconomiques qui tentent de rendre compte du niveau du chômage à partir de l'analyse des comportements maximisateurs d'agents économiques rationnels. D'autre part des approches macroéconomiques qui analysent des grandeurs agrégées sans expliciter, le plus souvent, leurs fondements microéconomiques.
Ces approches conduisent bien évidemment à des prescriptions très différentes en matière de politique économique.
Cependant, si le conflit entre approche microéconomique et approche macroéconomique a longtemps marqué le débat des économistes, les développements théoriques de la période récente visent précisément à surmonter cette opposition. La volonté de surmonter le « no bridge » entre approche microéconomique et approche macroéconomique, conduit à des conceptions plus pragmatiques de la politique économique.
[...] Des tentatives de résolution du conflit Pour résoudre le conflit entre approche microéconomique et approche macroéconomique du chômage, deux approches sont possibles. Pour les uns, le dépassement peut être obtenu en réduisant l'une des approches à l'autre. Pour les autres, un point de vue plus éclectique conduit à emprunter des éléments à chacun des deux types d'analyses Le refus du no-bridge On trouve dans la tradition des économistes autrichiens un refus radical d'opposer microéconomie et macroéconomie. Pour les Autrichiens, il n'existe pas d'agents collectifs, mais seulement des individus. [...]
[...] Dans un tel contexte, il est possible que l'offre de travail l'emporte sur la demande, l'ajustement se réalisera alors par les quantités (et non par les prix) ce qui conduit à une situation de chômage involontaire. Pour Keynes, dans une situation d'équilibre de sous-emploi, une baisse du taux de salaire ne conduira pas à une augmentation du niveau de l'emploi. Bien mieux, une baisse du taux de salaire, dans la mesure où elle réduit la demande adressée à l'économie est susceptible de conduire à une augmentation du chômage. Les deux approches semblent donc radicalement incompatibles. [...]
[...] La volonté de surmonter le no bridge entre approche microéconomique et approche macroéconomique, conduit à des conceptions plus pragmatiques de la politique économique. I. Une longue tradition d'incompatibilité Deux programmes de recherches antagonistes se sont longtemps opposés en ce qui concerne l'étude du chômage. L'approche microéconomique repose sur l'étude des comportements individuels d'offre de travail (de la part des salariés) et de demande de travail (de la part des entrepreneurs). Le taux de salaire joue un rôle essentiel et seule la flexibilité de ce prix (comme de l'ensemble des prix) peut conduire à un équilibre de plein emploi. [...]
[...] C'est le dosage pragmatique de diverses orientations théoriques qui est seul susceptible d'apporter des solutions. C'est ainsi que la Loi Robien (juin 1996) ou les propositions de M. Rocard et de J.M. Jeanneney par exemple, entendent agir à la fois sur le coût du travail (ajustement par les prix) et sur la réduction de la durée du travail (ajustement par les quantités). Quelques citations pour alimenter la réflexion Il n'est nullement correct de déduire des principes de l'Économie Politique que l'intérêt personnel dûment éclairé oeuvre toujours en faveur de l'intérêt général. [...]
[...] Les régimes autoritaires contemporains paraissent résoudre le problème du chômage aux dépens de la liberté et du rendement individuels. Il est certain que le monde ne supportera plus très longtemps l'état de chômage qui, en dehors de courts intervalles d'emballement, est une conséquence, et à notre avis une conséquence inévitable, de l'individualisme du régime capitaliste moderne J.M. Keynes : Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936), Petite Bibliothèque Payot Les fondements de l'analyse de marché sont microéconomiques : l'équilibre général est édifié à partir d'une analyse du comportement du consommateur et du producteur individuels. [...]
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