Aujourd'hui, près d'1 million de Français profitent de contrats aidés destinés à des populations « éloignées » du marché du travail : RMIstes et autres bénéficiaires de minimas sociaux, chômeurs de longue durée, jeunes sans qualification... Le nombre de « bénéficiaires du contrat-aidé » ne cesse d'augmenter et s'il diminue, c'est par la création d'un nouveau contrat-aidé sensé être plus performant que le précédent.
Utilisées de façon contracyclique pour enrayer les poussées conjoncturelles du chômage ces aides à l'emploi visent à lutter contre l'exclusion sociale et professionnelle. Mais qu'en est-il réellement des conséquences de ce type de contrat sur le projet professionnel, les trajectoires professionnelles des demandeurs d'emploi, sur les identités professionnelles et personnelles, sur les représentations du travail ?
En fonction dans une collectivité territoriale et mise à disposition de la Maison du Handicap du Rhône, mon poste consiste à développer les projets proposés par les élus locaux, à coordonner et encadrer le pôle accueil des personnes en situation de handicap. Ce service fait régulièrement appel à des agents en contrat d'avenir (CAV) afin de pallier un besoin occasionnel ou une surcharge de travail temporaire.
Le thème de cette étude émerge donc d'une réflexion et d'une confrontation régulière et singulière aux bénéficiaires du contrat d'avenir intervenant dans le service. C'est ainsi que j'ai été interpellée par le « turn-over » lié au recours à cette « main d'oeuvre » (9 CAV sur 40 agents en fonction sur deux sites soit 1/4 de l'équipe totale) qui intervient de quelques jours à plusieurs semaines sur des tâches administratives diverses : photocopies, classement, assistance à l'accueil, expédition de courriers.
De ces passages éphémères, je n'ai retenu ni prénom, ni visage, déjà une mission attendait les « CAV contrats d'avenir » ailleurs, dans un autre service. Les quelques personnes avec lesquelles j'ai pu avoir un contact, lors d'une mission longue, m'ont fait part du sentiment d'insécurité lié à leur situation précaire de contrat-aidé mais aussi de leurs difficultés à se positionner et à trouver un espace propre de travail au sein d'une équipe.
Néanmoins, certains pensent tirer profit de ce statut leur permettant une polyvalence certaine et l'enrichissement de leurs compétences. De l'étiquette de « bouche-trou », ils deviennent « sauveur » puisqu'intervenant sur un besoin occasionnel ou une surcharge de travail temporaire, ils permettent au service de remonter la pente. Ainsi, ils espèrent passer de l'état de « bouche-trou » à l'état « d'indispensable » à l'organisation et prétendre à un contrat de travail classique pérenne ou déterminé à temps plein et ainsi sortir du dispositif RMI.
Comment identifier, évaluer et reconnaître les acquis, les compétences résultant d'expérience en contrats-aidés ? Quels outils permettaient de rendre visibles les compétences acquises et de formaliser l'expérience comme professionnalisante ? De passer de l'expérience précaire à la professionnalisation ? Comment mieux gérer le suivi et la cohérence des parcours d'insertion professionnelle des publics aidés ? Quelles sont les conséquences de ces expériences précaires sur le rapport que le bénéficiaire a à l'activité de travail et sur ses identités individuelles et professionnelles ?
[...] Avant la fin de la matinée, la directrice m'avait demandé de surveiller un groupe d'activité. Pour l'administratif, je me suis occupé de classer les dossiers des enfants. J'en ai fait un récapitulatif sous forme de tableau, en fin d'année la base élèves a été mise en place, mais moi je l'avais déjà faite pour notre école . La directrice été à ce moment là à 80% donc je m'occupais de pratiquement tout le secrétariat, elle me faisait les brouillons et je les mettais en forme et les lui éditais. [...]
[...] Le sujet parle des compétences relationnelles qu'elle a développé au contact des clients. Compétences déjà plus ou moins acquises de ses expériences antérieures Entretien M., femme ans, agent d'information Thèmes 1. Position dans l'organisation Énonciation Je suis Marie P., je suis salarié pour EPR en tant qu'AMIS en contrat-aidé. A la base, je suis conseillère commerciale, enfin j'ai une formation de conseillère - Identification de la réflexion en l'autre commerciale, mais je n'ai pas d'expérience dans ce domaine. - Repérage de processus identitaires: perception que le salarié a de lui-même au sein de l'organisation. [...]
[...] Ce statut reste très ancré pour certains, qui expriment le désir d'en sortir , le désir de ne plus y retourner, et ce même si ce sera le CA qui y aidera. Tous les ans ce sont les plannings des maitresses qui sont fait en premier, ensuite, celui des ATSEM, et le mien en dernier, parce que c'est moi qui fais ce que les autres n'ont pas le temps de faire. Ce que je fais les parents ne le voient pas car je ne suis pratiquement pas en contact avec eux sauf lors de l'ouverture des portes, et de l'accueil de l'après midi. [...]
[...] Enfin c'est mon impression. Ils ont appris à jeter leurs journaux dans les poubelles (sourire), avant les journaux étaient partout, fallait les ramasser. qu'est ce qui a changé? je sais pas . c'est peut être le fait de voir qu'on est là! En plus les gens sont plus polis, je trouve, j'en faisais la remarque 164 dernièrement à un agent de ligne. les gens n'étaient pas aussi polis avant? Ils vous voyaient pas? (rires) ils nous voyaient pas, ou ils faisaient semblant de pas nous voir . [...]
[...] Acquisition/développement des compétences eh bien, j'ai bénéficié de beaucoup de choses : le contact avec les gens, de les informer, de les - Identifier ce que développe le salarié en contrat-aidé en situation de travail et par orienter, de les diriger, euh . c'est quelque chose que j'ai apprécié . conséquent l'impact d'une expérience contrat-aidé sur le portefeuille de compétences. j'ai bénéficié de beaucoup de choses . je . comme je vous le disais tout à l'heure . ça m'a aidé . j'ai pu quand même hmm m'insérer et avoir de bons contact avec les gens, la communication. Je sais parler avec les gens, comment parler avec les gens, comment les affronter, les accueillir pour ne pas les brusquer. 7. [...]
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