Le théorème de Stolper-Samuelson montre en particulier que le libre-échange, parce qu'il modifie les prix relatifs, diminue la rémunération réelle du facteur rare (cf. encadré n° 1). Pour un pays où la main-d'oeuvre qualifiée est relativement abondante, cela signifie un accroissement des inégalités au regard de la qualification.
Ce n'est donc pas l'existence d'un gain global à l'échange qui est en cause, mais sa répartition : le commerce peut engendrer des pertes en termes réels pour certaines catégories de travailleurs. L'hypothèse simplificatrice de plein-emploi des facteurs ne doit pas laisser penser qu'il s'agit exclusivement d'un problème de rémunération (...)
[...] Les réactions à de plus fortes pressions concurrentielles ne sont pas exclusivement centrées sur les prix. Elles peuvent au contraire se traduire par un effort accru de qualité, de différenciation ou de marketing. L'effet sur les salaires, résultant d'une plus grande demande de qualification dans ces secteurs, peut alors être positif. Ces hypothèses impliquent de toute manière qu'une intensification des échanges entraîne dans les secteurs concernés un accroissement de la productivité du travail et éventuellement une hausse de la qualification de la main-d'œuvre. [...]
[...] À l'échelle de l'économie, l'emploi est resté constant dans chacune des deux catégories de travail. Évidemment, l'ajustement peut aussi se faire dans les faits par un chômage différencié par catégories. Utilisé plus intensivement dans la production de chaque bien, le travail non qualifié devient moins productif, en termes physiques. En conséquence, sa rémunération réelle diminue (théorème de Stolper-Samuelson). Dans le même cadre d'analyse, le théorème de Rybczynski permet d'étudier l'effet d'une variation des dotations factorielles. Il établit qu'en situation de libre-échange, la croissance d'un facteur de production engendre l'augmentation de la production du bien intensif en ce facteur, et la diminution de la production du bien intensif en l'autre facteur. [...]
[...] Les pertes d'emploi dues aux délocalisations sont difficiles à identifier et à mesurer, les investissements directs étrangers se font massivement entre pays industrialisés et les choix de localisation portent d'abord sur l'accès au marché ou les conditions globales de production, bien avant le seul critère du salaire. Il semble en conséquence peu probable, en dehors d'effets très précis et localisés, que ce phénomène exerce jusqu'à présent des conséquences majeures sur l'emploi dans les pays industrialisés et notamment en France. De ce point de vue, les effets de la concurrence par les flux commerciaux de biens manufacturés sont vraisemblablement plus significatifs sur les marchés du travail. [...]
[...] Les deux hypothèses extrêmes correspondent à la substitution en valeur et en quantité physique : un million de francs d'importations remplacent un million de francs de production nationale, ou bien mille paires de chaussures importées remplacent mille paires de chaussures produites domestiquement. Pour un pays développé, lorsque la balance commerciale est équilibrée, la plupart des études indiquent que les échanges ont un impact négatif et faible sur l'emploi. Ce solde négatif se concentre sur les emplois les moins qualifiés. Ces résultats sont cependant peu fiables. [...]
[...] De telles estimations montrent que les échanges internationaux ont influencé de manière identifiable le marché du travail dans les pays développés. Suivant le même fil, d'autres estimations suggèrent que l'élasticité-prix de la demande de travail non qualifié est substantiellement supérieure à ce qu'elle serait en autarcie, en dégagent le fait que la concurrence internationale serait susceptible d'expliquer plus de la moitié de l'effet volume négatif associé à une hausse du coût du travail non qualifié. Peut-on mesurer les effets des délocalisations ? [...]
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