Lorsqu'à partir du milieu des années 1960 le chômage se met à remonter, on dispose grossièrement, et si on laisse de côté l'approche marxiste en termes d' « armée industrielle de réserve », de deux grandes catégories d'analyses prétendant rendre compte du phénomène.
D'une part, celle formulée par A.C. Pigou pour qui le chômage n'est en fait que l'expression de la désutilité marginale du travail – « ensemble des raisons qui font qu'on ne travaille pas pour un salaire dont l'utilité pour soi est inférieure à un certain niveau » - si bien qu'il est inévitable que coexistent deux types de chômage : un chômage frictionnel (lié aux délais d'ajustement de la main-d'œuvre lorsqu'elle passe d'un emploi à un autre) et un chômage volontaire (dû au refus d'une unité de main-d'œuvre d'accepter une rémunération équivalente à sa productivité marginale). J. Rueff ajoute que l'assurance-chômage – le « dole » - atténue la concurrence entre les travailleurs, facilite l'obtention par les syndicats de salaires plus élevés et permet aux travailleurs de rester sans emploi. La « loyauté » des chômeurs fait qu'ils ne proposent pas leurs services pour un salaire plus bas que celui perçu par les travailleurs pourvus d'un emploi.
D'autre part, on a vu que J.M. Keynes met en cause l'insuffisance de la demande effective et fait l'hypothèse d'une rigidité à la baisse des salaires nominaux. En outre, la lecture keynésienne de la Courbe de Phillips consiste à affirmer que le chômage peut baisser à condition d'accepter davantage d'inflation.
En février 2009, les niveaux de chômage sont comparables en France et aux Etats-Unis. Les Etats-Unis ayant perdu 651 000 emplois en février, le taux de chômage s'y établit à 8,1% de la population active, le taux le plus élevé depuis décembre 1983. Depuis 6 mois les 4,4 millions d'emplois perdus font que 12,5 millions d'actifs sont au chômage aux Etats-Unis. Cette croissance du chômage qui touche aujourd'hui tous les PDEM nous ramène plus de trente ans en arrière, lorsque l'on parlait déjà d'une « crise » caractérisée par une faible croissance, du chômage et de l'inflation. La seule différence est que, en lieu et place de l'inflation, c'est la déflation qui menace. Pourtant, tous les PDEM n'ont pas été touchés de la même manière par le chômage et, au temps de la « nouvelle économie », le chômage américain a pu descendre au-dessous des 4%. Le Japon quant à lui a longtemps été protégé de ce fléau.
Ainsi, malgré la mondialisation et le progrès technique qui, par définition, concernent tous les PDEM, le chômage est loin de s'être installé partout depuis 1974. Là encore les théories ont dû faire de gros efforts afin de s'adapter à une réalité changeante et disparate. Si les keynésiens ont été sommés d'adapter leur appareil théorique, une des questions lancinantes est de savoir pourquoi l'Europe continentale est frappée par le chômage de masse alors que les pays anglo-saxons ont su longtemps éviter ou se sortir de ce fléau.
[...] Cette diversité interdit de concevoir une carrière de chômeur. Les chômeurs restent à l'état de groupe flou, instable, sans permanence. L'absence de prise en compte des chômeurs en tant que groupe social caractérise les statistiques officielles qui ne distinguent pas une PCS “chômeur”, les chômeurs étant répartis dans les différentes PCS pour ceux qui ont travaillé, et comptabilisés dans la catégorie 81 pour les “chômeurs n'ayant jamais travaillé”. En effet, être au chômage ne définit pas une identité, le chômage est transversal: aucune catégorie sociale n'est épargnée et le statut de chômeur ne se transmet pas de génération en génération. [...]
[...] Les chômeurs voient leur capital humain se dégrader et deviennent plus souvent pauvres que le reste de la population (F. Maurin, op. cité).” Au-delà de la répartition inégale du chômage "les compétences sociales pour y faire face sont inégalement distribuées : les classes populaires sont plus enclines à subir un chômage total et d'autant plus total qu'il touche la famille et la communauté de voisinage tandis que les cadres sont plus enclins à vivre un chômage inversé ou différé. Ces façons différentes et inégales de vivre le chômage correspondent à diverses catégories sociales et restent des tendances et des moyennes. [...]
[...] Il baisse à peu près continûment entre mai 2004 et la mi-2008 pour atteindre le plus bas niveau depuis 25 ans. Le chômage augmente à partir du 3 trimestre et s'établit aujourd'hui à un taux de (soit environ 2,2 millions de chômeurs au sens du BIT) Alors que G. Pompidou déclarait que la société française ne résisterait pas socialement au choc d'un million de chômeurs, ce cap est atteint en 1977, celui des deux millions lest en 1982 et celui des trois millions en 1993. [...]
[...] L'Allemagne voit son chômage évoluer comme celui de la France jusqu'en 2004 (il passe de en 1991 à 9,5 pour baisser sensiblement depuis. Enfin, le Royaume- Uni connaît, comme les États-Unis, une forte baisse du chômage à partir du sommet de 1993 (10,5 pour se situer en dessous de depuis 2003. Finalement, les taux de chômage ont eu tendance à se resserrer ces derniers temps : en 2007, ils vont de (Japon) à (France) Taux de chômage dans les grands PDEM Le chômage divise mais les chômeurs forment-ils un groupe social ? [...]
[...] En revanche lorsque le prix P2 est supérieur au prix d'équilibre, toutes les demandes sont satisfaites (c'est la demande qui représente le “côté court”) et le déséquilibre s'établit à CD. A partir de cette théorie du déséquilibre, E. MALINVAUD a proposé une première tentative de synthèse de la théorie du chômage en montrant que ni la thèse keynésienne, ni la thèse classique ne sont vraies en tout temps et en tous lieux. Pour cela, elle emprunte à la tradition néoclassique l'idée que le chômage doit être étudié à partir de la notion de marché et que le rôle du salaire réel peut être déterminant. [...]
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