La Barings fut longtemps considérée comme un des fleurons de la City de Londres et sa chute fut l'un des plus grands désastres financiers du XXème siècle. Jouissant pourtant d'une excellente réputation, cet établissement bancaire était reconnu comme étant sain et prestigieux. La Barings s'appuyait sur son ancienneté. En effet, des membres de la famille fondatrice comme Peter Barings occupaient encore des postes de premier plan au sein de la direction.
La faillite de la Barings pose un problème essentiel quant à la prise de décisions.
En effet, les dirigeants de cette institution avaient reçu, quelques mois avant la constatation de la cessation de paiements, des signaux d'alarme forts et n'ont pourtant pris aucune décision pour empêcher cette catastrophe. C'est ce que montrent deux rapports rédigés suite aux enquêtes de la Banque d'Angleterre et du ministère des finances de Singapour, en 1995. Ces erreurs de jugement imputables à la direction de la Barings ne sont pas les uniques causes de la faillite du prestigieux établissement anglais. Nous verrons par la suite les autres causes de cette faillite telles que : les opérations illicites et excessivement risquées effectuées par un jeune trader sur le marché des contrats à terme de Singapour; les défaillances des organismes de contrôle des activités de la Barings et de la régulation des marchés financiers et surtout le contexte de l'époque avec la croissance rapide et complexe des produits dérivés qui ont posés de nouveaux défis aux gestionnaires des établissements de crédits.
[...] Articles de recherche : DENIS-REMIS, C. (2007). Approche de la maîtrise des risques par la formation des acteurs. Thèse en ligne. ED n°432 : Sciences et Métiers de l'Ingénieur. Disponible sur http://hal.inria.fr/docs/00/23/92/13/PDF/Doctorat_DENIS-REMIS.pdf JOUINI, E. (1996). Produits dérivés, contrôle des risques et réglementation. [...]
[...] Ainsi, les dirigeants de la Barings ne vérifiaient aucun détail. Afin de combler le déficit du compte 88888, Leeson mis en place la solution suivante : il décida de vendre des options pour toucher une prime ce qui exposa la banque à un risque énorme puisque la valeur pouvait soit grimper, soit dégringoler. Comme Leeson utilisait les fonds de la banque, cela représentait en plus des opérations illicites. Malgré cela, Leeson réussit 12 à combler le déficit du compte 88888 qui s'élevait à six millions de livres ! [...]
[...] Je contrôlais l'ensemble du processus [ ] J'étais sans doute la seule personne au monde à pouvoir ainsi agir sur les deux versants du bilan. A la longue, cela allait devenir une véritable drogue. (Nick Leeson, Trader Fou p.89) De plus, le flou régnant autour de la hiérarchie du trader anglais facilita les dissimulations vis-à-vis des opérations illicites : Je devais rendre compte à quatre personnes différentes, ce qui a largement facilité mes dissimulations. Simon Jones, mon supérieur direct à Singapour, se désintéressait des opérations sur les contrats à terme et les options [ ] Mike Killian, autre chef théorique, ne se considérait pas comme responsable de mes activités [ ] J'avais enfin deux patrons à Londres : Mary Walz et Ron Baker [ ] Mes relations avec mes supérieurs étaient aussi floues et emberlificotées que l'arbre généalogique de la famille Baring (Nick Leeson, Trader Fou p.89/90) Ainsi, Leeson était comme un électron libre et personne ne savait de qui il dépendait. [...]
[...] En même temps, ils notèrent la grande part de responsabilité de Leeson dans le succès affiché de BFS. Selon notre enquête, les contrôles individuels sur les systèmes et les opérations de Barings Futures à Singapour sont d'un niveau satisfaisant. Cependant, un risque significatif existe : ces contrôles pourraient être détournés par le directeur général Nick Leeson. Etant responsable à la fois du front office et du back office, il peut opérer des transactions au nom du Groupe et s'assurer ensuite que ces opérations sont liquidées et enregistrées en fonction de ses instructions [ ] La perte de Nick Leeson au profit d'un concurrent provoquerait immanquablement l'érosion de la rentabilité de Baring Futures [ ] Etant donné le manque d'expérience et d'encadrement de l'équipe du back office, nous reconnaissons que le directeur général doit continuer ses activités aux différents niveaux des opérations, à la fois au front office et au back office (Nick Leeson, Trader Fou p.119/121) De plus, il semblerait que les auditeurs ont fait preuve d'un laxisme anormal puisqu'ils n'ont pas vérifié en détail la validité des rapports et des dossiers clés établis par le directeur général de BFS. [...]
[...] Trader Fou. Editions Jean-Claude Lattès. LENGLET, M. Aux marges de la triche? Innovation normative et déontologie financière en salle de marché. Management & Avenir pp 263-284. LENGLET, M. (2010). Du contrôle interne à la conformité des actes financiers : influences croisées de deux corps normatifs. [...]
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