Actuellement les Etats membres du CCG sont confrontés à deux types de menace au même temps. Certes, contrairement aux années soixante-dix, le principe monarchique des Etats du CCG n'est pas remis en cause en tant que tel, mais les élites marchandes et technocratiques revendiquent une participation significative au processus de décision. La vieille tradition commerciale de ces pays avait jadis permis « l'émergence d'une classe sociale privilégiée, constituée d'armateurs et de grands commerçants. Jusqu'à l'irruption des revenus pétroliers, les familles régnantes dépendaient financièrement de cette classe de marchands, à qui elles étaient souvent obligées d'emprunter de l'argent ».
La signature des concessions pétrolières a radicalement modifié la donne : les émirs bénéficiaires de cette nouvelle richesse en profitent désormais pour renforcer leur pouvoir au détriment des notables traditionnels.
[...] Ainsi qu'avec sa politique d'apaisement et sa volonté de jouer le rôle pivot de la modération, l'Arabie Saoudite vise à assurer sa stabilité en atténuant les sources de conflits dans la région. Cette perméabilité aux facteurs de turbulences externes explique son sentiment permanent d'insécurité. De plus, l'exacerbation des tensions entre sunnites et chiites dans le Golfe, menace sérieusement le royaume où non seulement 10% de la population saoudienne est chiite, mais majoritairement située dans le Hasa, la région hautement stratégique qui concentre les principaux gisements du pétrolier. L'hégémonie de l'Arabie Saoudite sur ces voisins de la péninsule ne fait pas de doute. [...]
[...] Le président iranien A. Nedjad est même allé jusqu'à affirmer que l'intervention de forces du CCG pour mettre un terme à la révolte populaire à Bahreïn était un acte hideux voué à l'échec Le club des monarchies arabes du Golfe tenait une réunion extraordinaire suite à ce communiqué pour rappeler sa solidarité face à l'Iran chiite soupçonné de chercher à déstabiliser ses voisins sunnites. Le roi saoudien fait référence à l'Iran lorsqu'il s'adresse à ces pairs du CCG en demandant qu'il faille passer de la phase de coopération à une phase d'union au sein d'une seule entité et dit : Vous devez réaliser que nous sommes menacés dans notre sécurité et notre stabilité et que nous devons être à la hauteur de nos responsabilités Mais le souverain saoudien n'a pas précisé la forme de cette union et solidarité ni les moyens et les étapes nécessaires à son instauration, sauf que les monarchies ont visé l'Iran comme acteur soupçonné de chercher à déstabiliser ses voisins sunnites. [...]
[...] Les élus de l'opposition, majoritairement chiites, se sont retirés du parlement pour protester contre la violence du régime. Face au risque de guerre civile et de déstabilisation de toute la région, le roi Hamad a fini par faire appel au CCG afin de remettre l'ordre et la sécurité. Plus d'un millier de soldats saoudiens, de sept cents policiers émiriens et près de huit cents militaires jordaniens revêtus de l'uniforme bahreïnien, faisant partie de la force commune du CCG appelée bouclier de la péninsule venu en renfort, pour participer à cette opération de stabilisation sous l'œil attentif des troupes américaines stationnées dans le pays. [...]
[...] Au-delà il s'agit en réalité d'une lutte entre deux islamismes régionaux, dont l'un est résolument pro-occidental, et l'autre farouchement anti-occidental Cette compétition va provoquer de vives tensions, non seulement entre eux, mais dans la région du Golfe en générale. Masri FEKI, les révoltes arabes –Géopolitique et enjeux-, Levallois- Perret : Editions Studyrama p 67 ( A Bahreïn, les chiites représentent près de de la population, la famille régnante, les Khalifa sont sunnites, et règne sur le pays depuis la fin du 18ème siècle. Masri FEKI, Op.cit, pp 69-70. [...]
[...] Quel leader pour le Golfe ? Selon Olivier Roy, la stratégie de l'Iran repose sur une double logique : celle du front du refus qui, chiites ou sunnites rejette Israël, l'Amérique et plus généralement l'Occident ; et celle de l'axe chiite qui consiste, partout où c'est faisable, à favoriser les revendications égalitaristes des minorités chiites opprimées.[10] En effet, l'Iran apporte son soutien spirituel, technique et financier aux chiites du Liban qui ont créé en 1982. Avec l'aide des Pasdarans (gardiens de la révolution) iraniens, le Hezbollah (le parti de dieu) pour mettre contre l'offensive Israélienne sur le Liban en juillet 2006, de même pour le financement du mouvement de contestation chiite à Bahreïn au moment du printemps arabe l'année dernière, et la minorité Houthiste dans le sud du Yémen qui voulait se séparer du reste du territoire et qui revendiquait son autonomie, mais elle n'a pas tardé à être réprimé par les autorités locales. [...]
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