Division internationale du travail et rapports de force économiques et politiques au cours du XXème siècle

Résumé du document

Le XXème siècle a été le théâtre de bouleversements au sein de la hiérarchie des puissances mondiales, avec notamment la perte du « leadership » par le Royaume-Uni au profit des Etats-Unis en 1918. Les puissances mondiales sont les pays qui ont une place et un rôle importants sur les échiquiers géoéconomique et géopolitique. Les luttes entre les pays puissants pour assurer leur hégémonie ont été nombreuses et ont atteint leur paroxysme lors des deux Guerres mondiales. Malgré les affrontements, l'harmonie mondiale est, dans une optique libérale, possible en appliquant la division internationale du travail (DIT). Chaque pays possède des avantages absolus, définis par A. Smith et qui concernent par exemple la richesse des ressources naturelles et la géographie du pays, et des avantages comparatifs, définis par Ricardo et qui soulignent les différences entre pays du savoir-faire, de la qualité de la main-d'oeuvre,... Ces avantages permettent donc aux pays de contribuer à l'équilibre mondial car les avantages diffèrent selon les pays, ainsi leurs besoins seront assouvis grâce aux avantages d'autres pays (...)

Extraits

[...] Le fait que les rapports de force économiques et politiques façonnent la DIT apparaît à travers ce qu'on appelle la DIT coloniale. Les pays les plus puissants de l'époque, avant 1914, sont ceux qui possèdent les plus grands empires coloniaux. Les capacités industrielles, économiques et politiques de la France et du Royaume-Uni leur permettent de constituer deux vastes empires, de respectivement 11 et 33 millions de kilomètres carrés. Cette supériorité les amène donc à recevoir des matières premières, comme l'hévéa en provenance d'Indochine par exemple, de la part des pays colonisés. [...]

[...] Toutefois, la DIT peut permettre de renforcer ou d'atteindre le statut de puissance et donc d'influencer les rapports de force économiques et politiques. La DIT peut permettre de renforcer son statut de puissance : dans la première moitié du XXème siècle, la colonisation est considérée comme une source de puissance. La DIT coloniale permet, par ses apports de matières premières et de soldats en temps de guerre de se renforcer économiquement et militairement, et donc politiquement. Les différents accrochages entre puissances européennes comme entre la France et l'Allemagne dans le port d'Agadir en 1911 montrent que la colonisation est un enjeu important. [...]

[...] Les pays puissants continuent de façonner la DIT. Il ne faut pas oublier non plus l'importance que le Royaume-Uni accorde encore à ses anciennes colonies à travers le Commonwealth of Nations. Cela est illustré par une affiche publiée contre l'entrée du Royaume-Uni dans la CEE (Communauté Economique Européenne) en 1973 et où l'on peut lire : Le Royaume-Uni n'arrive pas seul et où l'on voit un Britannique suivi par tous les membres du Commonwealth. Ainsi, les rapports de force dessinent les contours de la DIT. [...]

[...] Ainsi, le lien entre la DIT et les rapports de force économiques et politiques sont plus complexes. Le phénomène de la DIPP (Division Internationale des Processus Productifs), s'est accentué énormément depuis les années 1970-1980. L'exemple de l'usine Ford à Bordeaux, qui fabrique des boîtes de vitesse pour Ford-Europe illustre ceci : la DIT n'est plus, à partir des années 1970-1980, seulement une question de pays mais surtout de FMN (Firmes Multinationales). Cela s'explique en partie par la décision du président Nixon de supprimer les taux de change fixes en 1971. [...]

[...] Le lien entre la DIT et les rapports de force économiques et politiques devient donc de plus en plus difficile à cerner. Ainsi, cela peut s'observer à travers les théories de Laurent Carroué sur l'internationalisation, la transnationalisation, c'est-à-dire l'essor des IDE (Investissements Directs à l'Etranger), puis la mondialisation. Le rallongement des périodes des rounds de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) montre qu'il est de plus en plus difficile pour les pays du Sud d'accéder au rang de puissance grâce à la DIT. [...]