L'organisation géoéconomique et géopolitique du monde est-elle multipolaire à l'aube du XXème siècle ?

Résumé du document

En 1985, Kenichi Ohmae désignait à travers l'expression « la Triade » les Etats-Unis, le Japon et la CEE (Communauté Economique Européenne) (aujourd'hui UE, Union Européenne), c'est-à-dire les pôles majeurs de l'économie mondiale. En 1991, la chute du bloc soviétique annonce la fin du monde bipolaire façonné à Yalta en 1945. Toutefois, il convient, avant de poursuivre, de définir rapidement les termes employés ; l'organisation désigne la manière de gérer un espace ou un territoire ; la géoéconomie étudie les liens entre le comportement et la santé économiques d'un territoire et ses caractéristiques géographiques (...)

Extraits

[...] De même, en 1999 au Kosovo, le rôle des Etats-Unis est déterminant lors de la signature des accords de Dayton en 1995. Il est donc indéniable que la suprématie militaire américaine leur permet, associée à leur domination économique, de dominer également sur l'échiquier géopolitique à la fin du siècle. Le monde semble alors unipolaire, avec les Etats-Unis hyperpuissance comme unique pôle. Toutefois, les Etats-Unis ne sont pas invulnérables. Ces derniers ont connu des déconvenues qui montrent que leur domination géopolitique n'est pas sans failles. Sur le plan militaire, l'intervention en Somalie en 1993 a eu des résultats très mitigés. [...]

[...] Dans le film de Michaël Moore, Fahrenheit 9/11, un expert affirme que les Saoudiens, à travers leurs capitaux, possèdent des Etats- Unis. Ces propos soulignent donc bien les interdépendances entre les Etats- Unis et d'autres parties du monde. De plus, les Etats-Unis n'ont pas été épargnés par la crise asiatique de 1997, et la crise immobilière de l'été 2007 montre bel et bien que la situation demeure fragile dans un cadre de globalisation financière (circulation instantanée et massive de capitaux à la recherche du meilleur placement immédiat). Ainsi, le monde serait organisé autour de trois pôles. [...]

[...] Certes, des pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, ou d'autres comme la Russie ne correspondent pas tout à fait à la définition de pôle, toutefois, il est indéniable qu'ils pourront, à l'avenir, également constituer des pôles ; mais ils ne sont pas à l'abri de menaces, comme nous l'a montré la crise asiatique de 1997 ou encore cette année les répercussions des propos d'Alan Greenspan sur l'économie chinoise et ce qui s'est ensuite produit à la bourse de Shanghaï. Même s'il est indéniable que les Etats-Unis conservent le leadership mondial, les interdépendances fortes montrent l'existence d'un monde multipolaire. Toutefois, le phénomène de la mondialisation n'est pas irréversible et les situations peuvent évoluer très vite. La Chine sera-t- elle capable de doubler les Etats-Unis ? Dans son livre Conférence sur l'efficacité, le philosophe et sinologue François Jullien affirme qu'il est plus facile pour la Chine d'être deuxième que d'être le leader mondial : les Chinois entendront-ils ses conseils ? [...]

[...] Elle mène une politique économique relativement agressive, à travers notamment des firmes multinationales comme Lenovo. L'exemple de la CNPC (China National Petroleum Corporation), qui s'est implantée au Soudan montre bien les prétentions qu'ont les Chinois sur le continent africain, zone d'influence européenne (les liens entre l'Europe et l'Afrique restent forts et sont dus au passé colonial). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les Chinois ont obtenu l'organisation des Jeux Olympiques de 2008. Quant à l'Inde, l'OPA de Mittal sur Arcelor a frappé les esprits et également souligné l'importance croissante de ce pays, même si le siège social n'est pas en Inde. [...]

[...] De même, l'Amérique du sud, autrefois sous le coup de la politique du big stick a effectué un virage à gauche, avec des chefs d'Etat comme Lula au Brésil, Hugo Chavez au Venezuela ou encore Evo Morales en Bolivie. L'Amérique du sud ne veut plus, dans sa majeure partie, être seulement une zone d'influence américaine et cela explique notamment le rapprochement progressif du Mercosur avec l'UE. En termes économiques, même si les Etats-Unis ont dominé dans les années 1990 et semblent toujours dominer, il ne faut pas oublier que des interdépendances très fortes ont existé et existent toujours entre l'Union Européenne, le Japon et les Etats-Unis. [...]