L'ampleur et la durée de la Grande Crise ont beaucoup dû aux erreurs de politique économique et aux rigidités idéologiques dominantes à cette époque. Les difficultés et les risques actuels rappellent les événements déclenchants de cette crise. L'examen de son déroulement et des politiques de sortie de crise doit inspirer notre stratégie actuelle de gestion du risque systémique auquel nous sommes confrontés et nous permettre d'éviter les fausses manoeuvres, comme le culte du retour rapide à l'équilibre budgétaire (...)
[...] Contrairement donc à ce qui s'est généralement passé à la fin de 1929 et au début des années trente, les banques centrales ont injecté de nombreuses liquidités en vue d'éviter tout blocage du crédit interbancaire. Quant aux gouvernements américain et britannique, qui ont été les premiers concernés par la crise financière actuelle, ils n'ont pas hésité à intervenir directement pour sauver plusieurs banques ou sociétés d'assurance menacées de faillite. Il est vrai que ces interventions publiques ponctuelles n'ont pas suffi à enrayer définitivement la crise de confiance, de sorte que celle-ci a sérieusement rebondi durant la dernière semaine de septembre Face au risque de dislocation ainsi accru, les gouvernements ont réagi avec célérité et de façon massive, ainsi qu'il se devait pour être efficace. [...]
[...] Les dangers sont réels, mais il convient de les éradiquer, d'une part, en informant le public sur la très grande différence existant entre la nature des réactions des autorités monétaires et gouvernementales entre les années trente et aujourd'hui et, d'autre part, en évitant dans les prochains mois voire dans les toutes prochaines années toute fausse manœuvre en matière de politique monétaire et budgétaire. On insistera particulièrement sur l'inertie, qui a caractérisé la politique économique dans les mois qui ont suivi l'effondrement de Wall Street en octobre 1929. [...]
[...] L'élaboration de nouvelles règles de régulation du système financier et bancaire devra bien sûr être accélérée et si possible harmonisée à l'échelon international, mais il faut sans doute se donner quelques mois pour aboutir de façon satisfaisante dans ce domaine, ce qui n'empêche pas de prendre rapidement à l'échelon national ou européen un certain nombre de décisions susceptibles de rassurer l'opinion. L'efficacité à moyen terme des dispositions et des interventions développées actuellment est toutefois conditionnée par la politique économique ultérieure. D'importantes leçons sont à tirer de la Grande Crise afin d'éviter dans ce domaine toute fausse manœuvre . [...]
[...] Le gouvernement britannique, il y a quelque mois, s'est finalement résolu à nationaliser la Northern Rock. L'intervention de week-end de fin septembre des trois gouvernements du Bénélux pour conforter la Fortis en la nationalisant partiellement a également conforté un élément essentiel du système financier de ces pays. Les interventions gouvernementales allemandes les plus récentes sont allées dans la même direction. Il faut évidemment souhaiter que la gestion des établissements ainsi nationalités sera efficace et que l'argent public sera bien utilisé. [...]
[...] Il est essentiel à cet égard de bien voir aussi que la reprise économique a été conditionnée par la mise en place de politiques budgétaires actives. Les soubresauts de l'activité économique américaine entre 1933 et 1939 ont largement résulté de la valse-hésitation de la politique budgétaire de Roosevelt, qui était resté finalement très inhibé par la doctrine de l'équilibre budgétaire. En France même, la timidité de la politique budgétaire du Front Populaire explique bien plus que les 40 heures l'avortement de la reprise économique. [...]
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