Production et marchés de la drogue

Résumé du document

« Fin 1992, on saisit à Hambourg 300 kilos de cocaïne à bord d'un cargo russe en provenance de Panama. Les trois Polonais, qui se préparaient à en prendre livraison, travaillaient pour un parrain nigérian... ». Cette anecdote est un symbole de l'évolution qu'ont connu la production et les marchés de la drogue durant la fin du XXe siècle et le début du XXIe.

Ainsi l'économie parallèle des drogues illicites a suivi une route très semblable à celle de l'économie officielle, et a même été encore plus concernée par la mondialisation. La mondialisation a eu pour effet d'une part le rapprochement entre le trafic de drogue et les autres organisations criminelles, et d'autre part le développement d'une « guerre anti-drogue » menée par les Etats les plus développés (...)

Extraits

[...] Dans la plupart des conflits armés contemporains, la drogue constitue véritablement le nerf de la guerre. On peut ici reprendre les différentes facettes de la relation dialectique entre drogue et conflits que met en exergue Alain Labrousse dans Géopolitique des drogues (Que sais-je?, 2004) : (Le financement de groupes insurgés par le prélèvement d'un impôt sur les récoltes de drogues auprès des paysans, en l'échange de services tels que la protection contre les forces de prohibition. (Des taxes prélevées aux trafiquants qui transitent par les zones contrôlées par le groupe armé. [...]

[...] Le trafic de drogue est ainsi de plus en plus mêlé à celui d'êtres humains, d'organes ou de diamants, mais aussi aux réseaux de blanchiment d'argent. Mais la réciproque de ce mécanisme se retrouve encore plus souvent : les organisations criminelles et terroristes se sont depuis la fin de la deuxième guerre mondiale particulièrement tournées vers la drogue comme ressource principale. De tout temps la drogue avait été partie prenante des guerres et guérillas, mais auparavant le rôle des drogues était surtout celui d'un soutien aux combattants par leurs effets psychophysiologiques, tandis qu'aujourd'hui le rôle économique et la manne financière que représente la drogue prévalent. [...]

[...] Mais en réalité la relation entretenue par les gouvernements américains successifs avec la drogue est double. Ainsi, de nombreux rapports attestent du fait que pendant la guerre froide, la CIA a souvent eu recours à des opérations de financement dans lesquelles le trafic de cocaïne ou d'opium prenait une part importante. De même les américains ont souvent fermé les yeux sur les moyens de financement des groupes qu'ils soutenaient lors de conflits locaux. Enfin, pour reprendre l'exemple de la Colombie, les actions américaines ont surtout pour effet de déplacer le trafic de stupéfiants vers d'autres régions de l'Amérique Latine comme le Pérou, de créer des tensions qui renforcent certains intérêts géostratégiques des Etats-Unis. [...]

[...] Traditionnellement, on pouvait résumer l'économie mondiale de la drogue à une relation Nord-Sud : un Sud producteur et un Nord consommateur. Mais désormais la répartition n'est plus aussi simple. Si le Sud reste le principal producteur à l'échelle globale, il est aussi devenu une zone majeure de la consommation. Les problèmes de toxicomanie se sont ainsi répandus dans la quasi-totalité des zones du globe. Le Nord quant à lui a considérablement augmenté son rôle dans la production des stupéfiants, principalement en raison du développement des drogues de synthèse qui nécessitent une plus grande expertise scientifique et des laboratoires performants. [...]

[...] Fiche : Production et marchés de la drogue Fin 1992, on saisit à Hambourg 300 kilos de cocaïne à bord d'un cargo russe en provenance de Panama. Les trois Polonais, qui se préparaient à en prendre livraison, travaillaient pour un parrain nigérian . Cette anecdote est un symbole de l'évolution qu'ont connu la production et les marchés de la drogue durant la fin du XXe siècle et le début du XXIe. Ainsi l'économie parallèle des drogues illicites a suivi une route très semblable à celle de l'économie officielle, et a même été encore plus concernée par la mondialisation. [...]