Au cours du XIXème siècle puis au début du XXème siècle - en dépit d'une certaine défiance vis-à-vis des théories libérales due à la Grande Dépression - c'est une division internationale du travail (DIT) qui se met en place. Cette DIT repose sur l'existence d'avantages comparatifs, c'est-à-dire la prédestination des Etats pour un type précis de production. Or, Ricardo avait prévu, grâce à la DIT, une harmonisation des intérêts permettant l'enrichissement de tous grâce à la main invisible du marché. Or, en ce début de XXIème siècle, l'épithète qui semble le plus à même de qualifier l'espace économique et politique mondial est « inégal » : tout au long du XXème, des rapports très hiérarchisés ont existé entre les différents agents économiques et notamment les Etats, sur les plans économiques et politiques, il apparaît d'ailleurs, contrairement à ce qu'avait imaginé Ricardo, qu'une très forte hiérarchisation des rapports s'est instaurée au sein même de la DIT (...)
[...] Ensuite, nous remarquerons que le DIT puis la division internationale des processus productifs (DIPP) semblent au XXème siècle en mesure de modifier la nature des rapports économiques e politiques. Mais nous verrons enfin que la DIT puis la DIPP sont le plus souvent inscrites dans un rapport de domination fort et un facteur d'instabilité puissant. Contrairement à la volonté de l'économiste ultralibéral Ricardo, la DIT qui se met en place au XIXème siècle et qui se maintient au XXème siècle n'est ni naturelle ni harmonieuse : elle résulte de la volonté de quelques Etats qui parviennent à l'imposer au monde grâce à leur toute puissance. [...]
[...] Tout d'abord, DIT puis DIPP reposent bien sûr sur les échanges commerciaux. Or, le commerce est bien souvent facteur de croissance économique : ainsi a-t-on vu de nombreux pays émerger grâce au commerce international : c'est notamment le cas des Dragons (Corée du Sud, Hong, Taiwan, Singapour) dans les années 1960. Or, si ceux-là, il faut l'admettre, font figure d'exception, l'ensemble des pays du Sud a profité de la hausse globale du cours des matières premières sur l'ensemble du XXème siècle, les échanges permettent surtout l'émergence de grandes puissances régionales comme le Brésil, ou plus récemment la Chine et l'Inde. [...]
[...] Ces investissements directs à l'étranger correspondent à l'implantation d'une firme multinationale à l'étranger, où par sa prise de participation dans une entreprise étrangère de plus de Dans ce contexte, la DIPP remplace la DIT : la spécialisation des pays ou des régions du monde ne se fait plus en fonction des types de production, mais en fonction des étapes de celle-ci : un jean commercialisé au Royaume-Uni et assemblé en Chine est ainsi constitué d'éléments venant de dizaines de pays différents (coton d'Afrique, design conçu en Italie, teinture en Allemagne, etc.). Ici, le Japon des Trente Glorieuses fait figure d'exception, puisqu'il privilégie l'intégration verticale de la production : c'est la stratégie de remontée des filières inspirée par Akamatsu. Toutefois, DIT et DIPP semblent contenir les ferments d'une correction des rapports de force économiques et politiques mondiaux à la base, nous l'avons vu, déséquilibrés. [...]
[...] Ainsi, la crise de 1929, puis le choc dollar de 1980, se sont-ils révélés désastreux pour les pays du Sud, en faisant chuter la demande et donc les cours (tout en alourdissant considérablement leur dette, libellée en dollars). De plus, en dehors des crises, il apparaît, comme le montre Jacques Rueff, que les termes de l'échange tendent globalement à se dégrader sur l'ensemble du siècle, et ce pour plusieurs raisons (le recours de plus en plus important aux produits de substitution donc souvent synthétiques, la modification des habitudes des consommateurs visant à réduire le gaspillage, l'offre indisciplinée des pays exportateurs, etc.), conduisant à faire augmenter le cours des produits manufacturés (importés) plus vite que celui des matières premières (exportées) et donc à un alourdissement considérable de la balance commerciale. [...]
[...] List) de la concurrence des pays asiatiques ou également les tarifs compensatoires sur les aciers étrangers pour protéger l'industrie sidérurgique. Ainsi, il est à noter que la DIT puis la DIPP telles qu'elles furent instaurées au XXème demeurent avant tout le fruit de l'impulsion volontariste et impérialiste donnée par les très grandes puissances économiques et politiques mondiales, qui ont toujours désiré garder le contrôle sur la hiérarchisation des agents au sein même de la DIT, rendant quasi impossible un réel rééquilibrage des rapports de force, allant même parfois jusqu'à créer une forte instabilité, certes involontaire, lors de grandes crises notamment. [...]
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