Durant le dernier quart du XXe siècle, les pays capitalistes, dont les économies prévoient la primauté du marché et la propriété privée des moyens de production, connaissent une « Grande Dépression ». Cette phase B d'un cycle de Kondratiev commence quasi-simultanément dans les pays touchés selon des effets plus ou moins directs d'entraînement : ainsi, les krachs boursiers de Vienne puis de Berlin précipitent-ils celui de Lyon. En fait, durant cette période qui correspond parallèlement à la diffusion d'une seconde révolution industrielle, on assiste à un bouleversement des modes de production. Désormais, on a conscience qu'il faut produire plus ; c'est la naissance de la production de masse, de la recherche systématique de la croissance. Or, nous l'avons vu, ce changement s'effectue dans un contexte où l'internationalisation de l'économie est déjà une réalité (...)
[...] Tout d'abord, les pays qui connaissent le plus de croissance sont plus à même d'exploiter les fruits de la seconde révolution industrielle. L'essor du chemin de fer et de l'acier, l'invention du moteur à explosion révolutionnent les transports, favorisent fortement le développement du commerce international surtout maritime avec l'ouverture successive des canaux de Suez et de Panama, eux aussi permis par le progrès technique. De la même façon, la révolution des moyens de communication et de l'information permet dans le second quart du XXe siècle de mettre en réseau l'ensemble des places boursières du monde et de favoriser l'accès de la bourse au grand public, à l'intérieur comme à l'étranger. [...]
[...] Les libéraux voient donc l'internationalisation de l'économie d'un bon œil : le développement formidable de la puissance britannique par le commerce au XIXe siècle semble leur donner raison. Dans l'histoire du XXe, il est d'ailleurs frappant de constater que les pays ayant connu les plus fortes croissances sont ceux qui ont su s'insérer dans le commerce international. Le miracle japonais de l'époque des Trente Glorieuses repose ainsi sur une stratégie de remontée des filières qui se base sur la conquête de marchés extérieurs par la spécialisation dans des gammes précises de produits. [...]
[...] Cette DIT (division internationale du travail) aboutira après la seconde guerre mondiale à une phase que Laurent Carroué appelle transnationalisation c'est-à-dire une phase de multiplication des investissements directs à l'étranger. Ces IDE (investissements directs à l'étranger) prennent ainsi souvent la forme, pour les entreprises des pays capitalistes, d'implantation de filiales à l'étranger : la croissance amène donc la nécessité d'une augmentation de la production et, par là, d'une spécialisation à l'échelle mondiale. Dans le cadre d'une croissance qui repose de plus en plus sur le secteur industriel, l'augmentation de la production entraîne donc une division du travail permise par l'essor des transports, et parallèlement, d'une mondialisation de la finance aujourd'hui appelée globalisation financière Dans ce cadre, les entreprises deviennent, pour les plus internationalisées d'entre elles des firmes transnationales : les FTN. [...]
[...] Durant cette période, les pays semblent d'ailleurs favorables à l'internationalisation comme le prouvent les forts taux d'investissements à l'étranger de la France et du Royaume-Uni. Durant l'entre-deux-guerres, et à plus forte raison après 1929, les Etats traumatisés se replient sur eux-mêmes. D'après le mot de Paul Bairoch, durant cette période : le protectionnisme est la règle, le libre-échange l'exception En effet, les Etats mettent en place des mesures tarifaires de plus en plus restrictives pour les importations : tarifs Mc Cumber suite à la crise de 1921-1922, puis tarif Hauley Smoot, qui se dressent tel un mur aux importations avec des droits de douanes allant jusqu'à 60%. [...]
[...] Après 1945, on assiste à un nouveau départ de l'internationalisation de l'économie : une grande instance internationale, le FMI (Fond Monétaire International) donne une cohérence sans précédent à un nouveau système monétaire international, le système de Bretton Woods, basé sur l'étalon- dollar et une société de secours mutuel Par ailleurs, le libre-échange se généralise avec la ratification en 1947 du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), qui dès 1948, contribue à faire baisser les barrières douanières et à laisser libre cours à la concurrence internationale. Les marchés et les contrats sont désormais théoriquement accessibles à tous les signataires, qui représentent tout de même 80% du commerce mondial. De plus, on assiste par la suite à une régionalisation de l'économie, à sa fragmentation, avec notamment la création de la Communauté Européenne de Charbon et de l'Acier (CECA) en 1950, puis de la signature en 1957 du traité de Rome. [...]
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