Le 11 janvier 2011, à l'occasion d'une conférence à Tunis sur les perspectives de sortie de crise de l'Afrique, Joseph Stiglitz, économiste américain, soulignait le rôle croissant que les pays émergents seraient amenés à jouer sur la scène du commerce international. Si aujourd'hui, épargnés par la crise des subprimes, ils semblent pouvoir, de par leur rapide expansion, assurer la poursuite de la croissance mondiale, rien ne pouvait laisser présager un tel retournement dans les années 1990. En effet, de 1982 à 2001 (respectivement les crises mexicaines et argentines), les pays émergents ont connu une véritable pléthore de crises financières dont la plus désastreuse fut celle de 1997.
[...] Par ailleurs, la responsabilité de la haute finance internationale n'est pas à négliger. Stiglitz rappelle dans Quand le capitalisme perd la tête que les pays qui ont le mieux réussi pendant et après la crise asiatique ont été ceux qui n'avaient pas suivi la recette standard du FMI Crise majeure, celle-ci s'est propagée à une vitesse phénoménale dans le monde entier : la chute du bath thaïlandais provoqua un effet domino dans de nombreux pays d'Asie la même année, en 1998 en Russie, puis en Amérique Latine en 1999. [...]
[...] ).Ce nouvel axe a donc provoqué une réelle instabilité financière, d'une part dans les pays émergents mais, également dans le monde, à travers une forte interdépendance des économies. Inexistants en 1980, ils représentaient le quart du marché international de capitaux en 2006 avec milliards de dollars, il convient alors de se demander comment les crises financières des pays émergents se sont propagées et comment ont-elles permis une telle reconfiguration des positions dans le commerce international ? Il s'agira d'établir ,d'une part, une analogie entre les différentes crises des pays émergents pour analyser leur impact sur le commerce mondial et, d'autre part, d'étudier les différents rôles que pays émergents et développés jouent à présent C'est en Thaïlande, l'été 1997, que débutait la crise financière des pays émergents lorsqu'une attaque spéculative a rompu l'ancrage de la monnaie thaïlandaise avec le dollar. [...]
[...] Diffusée à l'ensemble du monde, la crise financière a effectivement entraîné un ralentissement du commerce mondial. En un an et demi, le taux de croissance en glissement annuel des importations mondiales a perdu points. Les réajustements monétaires qui ont suivi la crise ont redistribué les cartes de la compétitivité au niveau mondial : les exportations ( en dollars) des pays ayant dévalué sont devenues moins chères et ont donc acquis un avantage concurrentiel sur les marchés des pays développés. A l'inverse, le prix des importations s'est élevé là où les devises s'étaient dépréciées. [...]
[...] Si cette crise a donc eu des effets désastreux sur l'ensemble du commerce international, il semble que les pays émergents en soient sortis plus stables et résistants aux chocs financiers. En effet, suite à la crise de 1997, les pays émergents ont en majorité abandonné leur parité au dollar pour adopter des régimes de changes plus souples. Les dévaluations leur ont permis de restaurer leur compétitivité et avec une monnaie plus faible, comme expliqué précédemment, ils ont vendu moins cher. [...]
[...] Le Mexique, en particulier, reste le meilleur élève des États-Unis depuis 1982, date de la crise de la dette : l'aide financière américaine était alors soumise à des conditions d'ajustement d'un plan structurel ( forme de garantie implicite par la suite : la soumission du Mexique à des mesures de privatisation et dérégulation a été récompensée par son entrée au sein de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce en 1986). De plus, les pays émergents ne sont pas à l'abri d'un retournement de conjoncture : la crise des subprimes pourrait les frapper et provoquer une contraction de la consommation des ménages et des importations. [...]
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