Dès le XVIIème siècle, Quesnay et les physiocrates avancent la thèse selon laquelle la terre doit avoir la primauté dans l'économie d'un pays, étant une des sources de richesse les plus importantes. Déjà l'agriculture suscite un intérêt particulier. C'est au sortir de la guerre (1945) que le primaire entame une révolution avec l'essor de la mécanisation et la généralisation des engrais et des pesticides : dans les pays développés capitalistes, le choix est fait d'une agriculture productiviste. Or, la période de décolonisation qui suit remet la question agricole et alimentaire sur le devant de la scène géopolitique et géoéconomique mondiale. Avantage comparatif des ex-colonies qui, comme l'Inde, connaissent une désindustrialisation forcée, l'agriculture devient un sujet de revendication des pays du Sud. Dès lors qu'ils mettent en jeu les intérêts politiques et économiques de chacun, agriculture et alimentation deviennent des thèmes brulants de négociation d'ailleurs dès le début des négociations du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) mis de côté. Aujourd'hui, si l'on en croit le blocage du Doha round attribué aux problèmes liés à l'agriculture, on constate que l'agriculture semble encore et toujours comporter pour les pays des chances de gains et des risques de pertes (...)
[...] Dès lors, on peut penser que l'agriculture et l'alimentation sont au cœur des conflits d'intérêts dans le monde, surtout dans le cadre d'un modèle intensif de croissance. Tout d'abord, dans les cycles de négociations commerciales, l'agriculture reste un sujet très épineux ; elle est d'ailleurs la raison du blocage du Doha round dans le cadre de l'ONU. Le nœud gordien reste la question des subventions reçues par les agriculteurs américains et européens (dans le cadre de la PAC, protection des fruits espagnols, par exemple). [...]
[...] Toutefois aujourd'hui, c'est bien la question de l'affirmation du pays sur la scène mondiale qui est en jeu dans la souveraineté alimentaire, les travaux d'A. Sen montrant qu'aujourd'hui la question des famines est bien plus liée à l'action d'un régime autoritaire (Corée du Nord) ou d'une ethnie dominante (Soudan). Il s'agit plus aujourd'hui de malnutrition massive (phénomène qui touche les pays en développement comme la Chine, mais aussi les Etats- Unis). On voit donc que l'agriculture et l'alimentation jouent un rôle clé dans la position des pays sur la scène géopolitique et géoéconomique mondiale, pouvant être un outil de domination pour certains. [...]
[...] Carroué, dirigées de l'aval vers l'amont. C'est le consommateur qui oriente la production en consommant de plus en plus dans des grandes surfaces type Walmart, Carrefour Ainsi, c'est lui qui fait le succès des aliments low cost (la fameuse perche du Nil), certes bon marché mais présentant un revers de la médaille (conditions de travail inhumaines, problèmes sanitaires Dès la conférence de Bandung (1955), et plus encore à la conférence d'Alger un NOEI (Nouvel ordre Economique Mondial), les pays du Sud mettent en avant le problème de la maîtrise des termes de l'échange. [...]
[...] Dès lors, on voit ici que l'absence de souveraineté alimentaire altère la souveraineté des Etats, ce qui accentue leur dépendance et leur caractère périphérique dans l'économie mondiale. C'est pourquoi il apparaît nécessaire aux Etats de s'occuper de leur agriculture. D'ailleurs, l'expérience a montré que le sacrifice de l'agriculture (vivrière et/ou d'exploitation) a toujours été une erreur. Ainsi, la stratégie soviétique de primauté industrielle s'est soldée par des problèmes de pénuries alimentaires mais aussi s'est confrontée à un problème de débouché qui aurait pu être en partie comblé par le débouché agricole. [...]
[...] La surexploitation des terres peut à terme engendrer son épuisement. Mais c'est surtout l'usage massif de pesticides et herbicides qui sont à craindre : pollution des nappes phréatiques, mais aussi conséquences sur l'homme (stérilité en augmentation chez les hommes dans les bassins agricoles) sont un fait. D'ailleurs, l'eau est menacée par l'agriculture qui en est la première consommatrice. La propagation des VHR, grandes consommatrices d'eau, ne fait qu'augmenter la surconsommation d'eau douce, dont les réserves sont une inquiétude et qui sont au cœur des préoccupations du développement durable. [...]
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