La mondialisation de l’inégalité - François Bourguignon

Thèmes abordés

La mondialisation de l'inégalité, François Bourguignon, niveau de vie moyen, inégalité moyenne, pays développés, inégalité mondiale, mondialisation

Résumé du document

Il y a deux manières différentes de considérer l'inégalité. D'une part, en prenant en compte l'inégalité liée au niveau de vie moyen entre pays, d'autre part l'inégalité moyenne au sein même des pays.
Pour la première, elle augmente fortement et continûment au XIXe et XXe siècles; ce n'est qu'à partir de 1980 qu'on observe un renversement de la tendance avec sa diminution. Ce renversement est lié à la convergence des pays émergents et des dragons asiatiques vers le niveau moyen de vie des pays développés.

Extraits

[...] Il y aurait donc dans un premier temps un accroissement des inégalités puis leur régression. Ce processus serait lié au temps de la transition de la population active d'un secteur traditionnel à un secteur plus productif. Cette idée fonctionne jusqu'en 1970 pour les pays développés et pour les pays émergents mais la vérification empirique est difficile au vue du peu de données disponibles. En somme, on peut expliquer la hausse des inégalités par plusieurs facteurs : l'augmentation du rendement du capital physique, financier et humain, la restructuration des économies, le progrès technique, la politique macroéconomique, la fiscalité, la dérégulation des marchés, y compris les marchés financiers et le marché de l'emploi.'' L'ensemble de ces facteurs ont joué de façon combinée et ont participé à l'accroissement des inégalités des revenus. [...]

[...] Les effets néfastes de l'inégalité : L'argumentation contre l'inégalité se divise en deux perspectives : les imperfections de marché et les effets externes de l'inégalité. - Bourguignon évoque l'inégalité au sein de la société américaine comme facteur partiel de la crise financière de 2008. Les faveurs fiscales concédées aux plus riches, depuis les années 80, ont augmenté leur propension à épargner et leur épargne. De là, le taux d'intérêt a baissé et les prêts consentis ont été plus nombreux –dont la solvabilité était parfois douteuse. [...]

[...] La France est un cas particulier dans le sens où l'inégalité s'accroit à partir des années 1990, mais dans une moindre mesure que les autres pays de l'OCDE. Certains, pays tels que l'Espagne ou l'Irlande ont vu les inégalités devant le salaire diminuer à partir des années 1990. Pour la Chine, l'explosion des inégalités est liée à la transition du socialisme vers une économie de marché. En Afrique, un étirement de l'échelle des revenus s'est effectué dans les pays les plus dynamique. [...]

[...] Cependant, une réduction de l'inégalité des chances représente un certain coût. Un système de redistribution par une fiscalité proportionnelle ou progressive du revenu crée des distorsions dans les mécanismes du marché sur le court terme. Mais, à long terme, en permettant une redistribution du haut vers le bas, elle égalise les possibilités d'exploitation des talents, et donc favorise l'égalité des chances. On ne peut pas réellement arbitrer entre le court terme et le long terme, car l'influence des deux effets à temporalité différente dépend des caractéristiques des pays considérés Convergence mondiale des niveaux de vie et baisse de la pauvreté : Il faut conjuguer mouvement d'égalisation mondiale et baisse des inégalités nationales. [...]

[...] Une autre source d'inégalité liée à la mondialisation est la précarisation de l'emploi qu'entraîne la restructuration des économies. Mais, le problème ne se situe pas au niveau des délocalisations, car elles représentent en fait une part relativement faible dans la hausse du chômage. Pour reprendre les chiffres cités : Sur emplois détruits par an dans l'industrie manufacturière française entre 1980 et 2007, environ 10% seraient liés à la 1 délocalisation d'unité de production correspondraient à la trop forte pression de la concurrence internationale (fermeture définitive sans relocalisation) au gains de productivité et à la baisse de la demande intérieure, et 30% à la sous-traitance de certaines tâches. [...]