Michel Beaud tente à expliciter dans cet ouvrage le concept de « système national, mondial hiérarchisé » (SNHM). Celui-ci lui paraît indispensable pour saisir toute la complexité des économies nationales dans le « système monde ». Le SNHM se caractériserait par une imbrication de sociétés profondément inégales dans un ordre économique mondialisé, régit par les facteurs inhérents du capitalisme. En d'autres termes, il montre comment les attributs du capitalisme (expansionnisme, marchandisation, investissements...) associés au rôle actif des Etats-nations dans le développement du capitalisme ont conduit au caractère profondément instable et inégalitaire du modèle SNHM. L'auteur montre par ce fait toute son inquiétude quand au cheminement et à l'évolution suivi par ce dernier.
[...] Par ailleurs, il insiste, à juste titre il me semble, sur le caractère mouvant du système hiérarchisé. Il n'est pas figé, il est en perpétuelle transformation. Son analyse me paraît cohérente, je ne vois pas trop de remarques à faire à son encontre sinon peut-être de ne pas considérer son modèle explicatif comme la clef mais une des clefs d'explication de la réalité socio-économique. L'expérience nous rappelle que les théories totalisantes n'ont que trop rarement été retenues par la vérité historique. [...]
[...] Capitalismes nationaux dominés : une économie nationale dominée se voit soumise aux pressions, à l'influence, à la domination de groupes et d'intérêts étrangers ; caractérisée elle aussi par une articulation spécifique de modes et formes de production. Economie soumise à deux facteurs : elle doit assurer la reproduction économique de sa formation sociale nationale et elle doit subir des spécialisations, des développements asymétriques, des prélèvements imposés par des forces et des logiques extérieures, venues précisément d'économies dominantes. 64) Polarisation structurante : structuration des rapports entre deux pôles régie par une double structure parce qu' elles (les polarisations) structurent l'espace géopolitique du monde en un système géoéconomique hiérarchisé ; ensuite parce qu'elles pèsent d'une manière asymétrique et difficilement réversible sur la structuration des économies nationales intermédiaires et dominées. [...]
[...] 51) Il met en évidence également la dualité des rapports entre internationalisation, multinationalisation, mondialisation et réalités nationales, dans le sens d'une collaboration indirecte. Ainsi, comme le souligne Michel Beaud, des économies nationales irriguent ce triple mouvement (internationalisation, multinationalisation, mondialisation), et, en même temps, celui-ci transforme, malaxe, déstructure/restructure les économies nationales. 50). Pour résumer cette idée, on peut dire en reprenant la pensée de Beaud que même si le capitalisme a des contours multinationaux, mondiaux . il n'en reste pas moins qu'il n'a pas perdu son caractère étatique. C'est sur ce dernier qu'est gardé le fonctionnement déterminant, l'essence du capitalisme. [...]
[...] 60) Deux types de relations internationales : échanges de marchandises et flux de capitaux. Mise en évidence de relations internationales traditionnelles qui s'établissent entre agents distincts de pays différents, et celles nouvelles, qui sont internes à des espaces multinationaux 65) Multinationalisation : production industrielle, banque, services : celle- ci surajoute aux espaces des Etats-nations et à ceux des marchés les espaces propres des firmes multinationales. Cette multinationalisation s'accompagne d'un renforcement des autres formes de relations internationales (échanges, investissement, crédit), mais elle en modifie radicalement la substance. [...]
[...] C'est pour cette raison qu'il conçoit le capitalisme comme un système national/mondial 51). Dans un second temps, il met en exergue le caractère profondément hiérarchisé de ce système national/mondial car ce dernier pèse de manière différente sur les économies nationales en fonction de leurs caractéristiques internes et de leurs degrés de développement. Ainsi, cette hiérarchisation du système national/mondial s'articule autour de multiples rapports de forces, de la compétition économique et de la concurrence entre les différentes entités étatiques, d'où éclot une perpétuelle transformation du système. [...]
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