Karl Polanyi est né en 1886 à Vienne, mais grandit au sein de la bourgeoisie hongroise à Budapest, où il étudie le droit, la philosophie, l'économie politique et les théories marxistes. Encore étudiant, il rejoignit un cercle de radicaux « éclairés » dont faisaient partie Georg Lukacs et Karl Mannheim. Après la Première Guerre Mondiale, il participe à la création de la République Populaire de Hongrie du président Mihály Károlyi (1918-1919). Lorsque le gouvernement est renversé, Polanyi se rend à Vienne où il travaille comme journaliste. Ses intérêts pour l'économie et le socialisme l'amèneront à débattre avec Von Mises. Il quitte l'Autriche en 1933 avec l'élection de Hitler en Allemagne, pour devenir enseignant à Londres, où il aura des contacts avec la Christian Left. C'est en 1940 que le Bennington College aux Etats-Unis lui propose un poste de professeur d'économie politique. C'est alors qu'il commence la rédaction de The Great Transformation. Son frère Michael Polanyi s'intéressa lui aussi à l'économie mais dans un tout autre courant, puisqu'il fut l'un des membres fondateurs de la Société du Mont Pèlerin en 1947.
Dans cet ouvrage, Karl Polanyi cherche à expliquer la Grande Transformation des années 1920 et 1930, qui marque la fin d'une société de marché autorégulateur et l'apparition de bouleversements sociaux. Il remonte aux origines de la création du marché autorégulateur, à travers l'étude de l'Angleterre du XIXe siècle, jusqu'à la période des années 1930. A travers cette étude, Polanyi cherche à montrer que le système de marché n'a rien de naturel, mais relève d'une construction socio-historique sur des principes libéraux, et que c'est le double mouvement entre l'établissement d'un marché autorégulateur et la protection sociale qu'il a fallu mettre en place pour lui résister, qui a été à l'origine de la destruction de la civilisation du XIXe siècle.
Dans une perspective CAPES, cet ouvrage peut être mobilisé en Première pour les chapitres qui traitent du marché (son fonctionnement et son institutionnalisation), ainsi que pour les parties qui traitent du travail, de la monnaie et du protectionnisme.
[...] Ses trois dogmes classiques : existence d'un marché du travail : le travail doit trouver son prix sur le marché. Est créé en 1832 en Angleterre, avec l'accession des bourgeois au pouvoir et la suppression sans délai des Poor Laws l'étalon-or : création de monnaie soumise à un mécanisme d'autorégulation Suite à l'inflation forte de 1790 à 1815, et la crise économique de 1825, volonté d'une monnaie solide comme principe directeur du libéralisme économique. Peel établit donc en 1844 le : Bank Charter Act: loi qui oblige la Banque d'Angleterre à séparer totalement ses opérations d'émission de ses autres services et qui lie l'émission des billets de façon très étroite à l'encaisse-or le libre-échange : denrées sont libres de circuler Adoption totale des préceptes de Ricardo : un commerce libre des céréales fera baisser leur prix, et baissera ainsi le prix de la main d'œuvre et assurera une compétitivité internationale aux fabriques britanniques. [...]
[...] °Robert Owen (1771-1858) Réalise la découverte de la société pour Polanyi. Idée que parce que la société est réelle, l'homme doit [ ] se soumettre à elle (p.175) l'organisation de la société sur le principe du gain et du profit a un impact décisif sur le caractère humain, qui devient nomade, indiscipliné, indigne, brutal, tant pour le capitaliste que pour l'ouvrier. analyse de la situation ouvrière : vie davantage précaire malgré le revenu plus important, et dépendance totale à la manufacture Attention, pour Polanyi la pauvreté n'est que l'aspect économique de la RI Naissance du credo libéral Polanyi définit le libéralisme comme le principe directeur d'une société dans laquelle l'industrie est fondée sur l'institution d'un marché autorégulateur. [...]
[...] Exemple : par contrainte, répartition des revenus/loisirs/sécurité, que la classe privilégiée prend comme une attaque. Cependant les valeurs nées de l'économie de marché, liberté et paix, doivent être préservées et développées aujourd'hui, via des institutions spécifiques. Les hommes sont devant un dilemme : Fascisme = + Idée illusoire de liberté Réalité de la société + =Libéralisme économique La racine de ce dilemme étant la signification donnée à la liberté. [...]
[...] Pourtant, l'économie réelle repose sur la fiction que ce sont des marchandises pour fonctionner. C'est ce que Polanyi appelle la fabrique du diable (Satanic Mill, p.109), où la société devient un appendice du système économique (p.111). Or cette société n'est pas viable sans un ensemble de protection qu'elle doit dresser. Pour Polanyi, l'histoire di XIXe siècle est celle d'un double mouvement : une extension mondiale des marchés de marchandises, de capitaux, de devises un réseau de mesures et de politiques destinées à enrayer l'action du marché touchant au travail, à la terre et à la monnaie Un exemple de protection : Speenhamland Si l'Angleterre avait constitué sur son territoire un marché de la terre et de la monnaie, il n'y avait pas de marché du travail au XVIIIe siècle à cause de l'Act of Settlement (1662-1795), qui rattachait l'ouvrier à sa paroisse et limitait ainsi l'exode rural. [...]
[...] Mais Au moment où [l'effondrement en Amérique] se produisit, le réseau 15 financier créé par Genève et le système bancaire anglo-saxon entraîna l'économie de la planète dans cet horrible naufrage (p.301). Pour Polanyi, les libéraux ont soutenu l'interventionnisme autoritaire au service de politiques déflationnistes. La conséquence en fut l'affaiblissement des forces démocratiques, et l'ascension du fascisme (auquel échappèrent USA et GB, maîtres de la monnaie et non ses serviteurs, qui abandonnèrent l'or assez tôt pour échapper à ce péril). la réponse du socialisme Le socialisme est défini par Polanyi comme la tendance inhérente d'une civilisation industrielle à transcender le marché autorégulateur en le subordonnant consciemment à une société démocratique (p.302). [...]
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