Stiglitz, FMI, politiques d'ajustement structurel, crise asiatique, banque mondiale
Ex-directeur économique de la Banque Mondiale Joseph Stiglitz a une bonne vision du monde financier et des institutions internationales, il démontre soigneusement, dans son livre « La grande désillusion », comment la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) fonctionnent. Il analyse leur politique et traite en profondeur des crises économiques asiatique et russe. Stiglitz constate que ces institutions, agissent uniquement en fonction des revendications et des intérêts des investisseurs des multinationales. Il y aurait ainsi une sorte de dictature des marchés financiers mondiaux dont sont victimes particulièrement les pays en crise. En effet, à cette occasion, le FMI leur impose des structures ultralibérales qui aggravent la situation de ces pays déjà en crise.
[...] Stiglitz démontre que sans un minimum de redistribution, (assurance de l‘éducation et des services de santé) les couches de populations les moins favorisées ne profiteront pas du tout de la croissance. Il mentionne pour illustrer cela, l‘exemple de l'Indonésie, pays que la politique d'austérité imposée par le FMI a contraint à abandonner les subventions à la nourriture. Cette mesure a provoqué des protestations qui ont encore déstabilisé davantage le pays. De ce dogmatisme découle donc une action inadaptée et appliquée avec une trop grande rapidité de manière indifférenciée. [...]
[...] Avant de soumettre une économie nationale au marché mondial, il est impératif que les entreprises nationales soient compétitives à l'international, que l'économie locale soit en mesure de concurrencer les distributeurs internationaux. Un niveau de développement minimal de l'économie locale est nécessaire. Les pays asiatiques qui ont connu une expansion économique favorable avaient, avant de s'ouvrir à la concurrence mondiale, protégés leur économie jusqu'à ce qu'elles deviennent concurrentielles. Avant d'ouvrir un pays au marché mondial il faut établir un processus minimal d'encadrement des conséquences sociales, sans quoi ces conséquences auront un coût trop élevées pour être supportables. [...]
[...] Cette mesure a provoqué de fortes tensions sociales. Stiglitz observe que ce sont les pays les plus récalcitrants aux recommandations du FMI qui se ont alors le mieux affronté leurs difficultés. La situation des pays ayant résisté au FMI En comparant les différents pays d'Asie, Stiglitz constate que les Etats qui n'ont pas ouvert leur marché financier comme la Chine ou la Malaisie ou encore qui ont résisté jusqu'à un certain point au FMI (Corée du Sud) se portent actuellement beaucoup mieux aujourd'hui que les autres qui ont suivis les recommandations de l'institution. [...]
[...] Les dirigeants du FMI sont, avant tout, persuadés qu'ils sont dans le juste, que certes les mesures préconisées ont des conséquences négatives, mais que ces conséquences temporaires sont nécessaires pour rétablir les grands équilibres à long terme, d'où une nécessité de mener en premier une critique intellectuelle des institutions. Stiglitz montre que le FMI fait des erreurs parce qu'il est animé par une idéologie et non par une analyse scientifique. Cette idéologie ultralibérale, c'est le fanatisme du marché c'est-à-dire une croyance qui n'a pas besoin d'être démontrée, que les marché sont toujours efficients et sont toujours la meilleure solution une fois libéré de leurs entraves. [...]
[...] Il n'y a pas de discussion possible sur la politique économique, au sein de ces deux institutions. Le FMI et la BM se comportent de façon totalement dogmatique et écartent toute critique interne. Au sein de ces deux institutions, les pays donateurs ont tout pouvoir de décision. Parmi eux, les Etats Unis ont un droit de veto de fait. Stiglitz explique ainsi que le ministre américain des finances est, en fait, le véritable détenteur du pouvoir dans ces institutions, toutes deux d'ailleurs localisées à Washington. [...]
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