Dans cet extrait, Nicolas Boukharine, intellectuel et homme politique soviétique, nous propose une conceptualisation marxisante de la notion d'« économie mondiale ». Il s'intéresse à cette dernière afin de mettre en perspective la question de l'impérialisme. Selon lui, c'est en comprenant les mutations et le fonctionnement interne de l'économie nationale que nous serons à même d'expliquer l'impérialisme. Ainsi, à travers la présentation du terme d' «économie mondiale», cet extrait se veut en quelque sorte une introduction à l'analyse de l'impérialisme économique. Il va par cela exposer les caractéristiques qui fondent l'économie mondiale.
[...] En parallèle de ce marché de marchandises, il y a selon Boukharine le marché mondial du capital-argent 65). Ce facteur expliquerait d'autant plus pourquoi la conjoncture nationale à laisser place à une conjoncture mondiale. Enfin, il poursuit son analyse de l'économie mondiale en revenant sur le socle des rapports d'échanges et de l'économie, c'est-à-dire les rapports de production. Il dira que de la sorte, derrière l'échange, il y a la production, derrière les rapports d'échange, les rapports de production. 66) Il fatalise et constate l'absence de régulation sur le marché mondial, mais il rappelle que ce lieu appartient aux intérêts bourgeois des Etats nationaux. [...]
[...] Appréciation critique Le travail de conceptualisation de Boukharine manque d'une indispensable mise en perspective historique. La notion d'économie mondiale qu'il présente est le reflet d'une certaine époque, répondant à une conjoncture déterminée. Il ne faut pas la comprendre comme la clef explicative du mécanisme économie mondiale D'autre part, lorsqu'il évoque le niveau de culture 61) comme facteur explicatif de la division internationale du travail, il ne propose aucune définition de ce concept. Par conséquent, cette notion est extrêmement floue et imprécise. On peut y mettre tout et n'importe quoi derrière cette idée. [...]
[...] 60) L'auteur précise que les conditions naturelles des pays concernés structurent un certain mode de production, et un certain type d'échange. De ce fait, la différence des sphères de production est ici le résultat de conditions naturelles de production 60). Cet élément des conditions naturelles n'est cependant pas ou plus la pierre angulaire du rapport de production. Il est à minimiser. Il faut davantage mettre en valeur la croissance inégale des forces productives 61). Or, cette inégalité dépend d'une variable : la variable culturelle. [...]
[...] À partir de là, il va reprendre le modèle théorisé par Karl Marx avec la distinction entre ville et campagne et il va l'étendre à la nouvelle conjoncture internationale, l'économie mondiale (pays industriels=villes/ pays agricoles=campagnes 62)). Il y a donc pour reprendre les termes de Boukharine une répartition spécifique des forces productives du capitalisme mondial 63). Ainsi, c'est justement parce qu'il y a des échanges internationaux et une division internationale du travail, qu'il y a une interdépendance économique entre les différentes acteurs de l'échange. [...]
[...] En effet, selon lui, les Etats en fonction de leurs forces productives et de leurs conditions naturelles, correspondent soient aux villes, soient aux campagnes. Or, force est de constater que de nombreux pays industriels sont à la fois ville et campagne (à la fois grand producteur agricole et grand manufacturier). Ce modèle ne me paraît donc pas très pertinent pour rendre compte de la division internationale du travail. Les échanges sont bien plus complexes et hétéroclites que cela. Ce schéma explicatif n'est qu'une vision biaisée et réductrice de la réalité économique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture