En 1985, suite à la réélection présidentielle de Reagan, un groupe d'étude mené par la Fondation Ford décida de réagir face aux multiples critiques élaborées par les milieux conservateurs et néo-conservateurs qui en étaient venus à la conclusion selon laquelle l'Etat-Providence était en crise. Ces derniers critiquèrent notamment le régime des retraites, les dispositifs de protection et d'assistance sociales. L'élaboration d'un groupe d'étude sur ce thème conduira l'un de ses membres, Albert O. Hirschman à élargir cette analyse dans son ouvrage intitulé Deux siècles de rhétoriques réactionnaires. Ainsi, comme le titre le sous-entend, l'objet du livre est d'étudier trois thèses réactionnelles ou réactionnaires : la thèse de l'effet pervers, la thèse de l'inanité et la thèse de la mise en péril, qui ont servi, sous des formes diverses, à combattre trois des grands mouvements révolutionnaires, progressistes ou réformistes qui ont marqué l'histoire depuis deux siècles.
[...] Puis la troisième thèse plus modérée et plus marquée au coin du bon sens consiste à affirmer que le changement en question, bien que peut- être souhaitable en principe, entraîne de tels coûts ou conséquences inacceptables sur une ou plusieurs conquêtes antérieures. Ensuite, l'auteur identifie trois réactions liées à des périodes historiques précises qui regroupent les thèses réactionnaires. La première est le mouvement d'idées hostiles suscité par la reconnaissance à tout homme de ses droits civils, tout ce qui constitue pour Marshall la dimension civile de la citoyenneté. A la suite de la Révolution de 1789 (Première époque historique), l'effet pervers a acquis le statut de principe fondamental grâce notamment à Burke (Réflexion sur la Révolution française). [...]
[...] Ensuite, la lecture de ce livre aurait peut-être été plus facile si l'auteur avait structuré son livre non pas en fonction de chaque effet, mais plutôt en fonction de chaque thème cité précédemment. Mais, cela aurait sans doute suscité des commentaires puisque déjà le plan de l'ouvrage d'Hirschman a été critiqué. En effet, Raymond Boudon (un des plus importants sociologues français contemporains) reproche à Hirschman de se limiter à trois arguments rhétoriques réactionnaires qui représentent pour l'auteur les principaux alors qu'il en existe beaucoup d'autres. [...]
[...] Ces derniers ont l'impression d'avoir à faire à un gouvernement où certes le dialogue est installé mais cela représente un dialogue de sourds Dans le sens où des négociations sont prises pour n'aboutir qu'à un faible changement voire aucun changement des réformes menées par le gouvernement, cela nous conduit à penser que la démocratie est en danger. Pour conclure, l'ouvrage d'Hirschman reste dans l'air du temps, et nous permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Il nous éclaire sur la rhétorique des politiques en général en prenant l'exemple de la rhétorique des réactionnaires et celle des progressifs. Il nous conduit à mieux interpréter les réformes des gouvernements, et le monde économique et financier qui nous entoure. [...]
[...] En économie, la doctrine de l'effet pervers est corrélative à l'idée du marché autorégulateur, c'est-à-dire que toute intervention des pouvoirs publics est néfaste. Cette idée est reprise chez de nombreux auteurs tel que Milton Friedman au sujet de l'instauration des salaires minimaux ; tels que Mandeville, Burke, et de Malthus à Tocqueville avec l'argument selon lequel l'aide publique pour aider les pauvres ne faisait que reproduire la pauvreté. D'autres auteurs adeptes de la thèse de l'inanité iront plus loin dans la critique en affirmant que l'Etat- providence serait une escroquerie. [...]
[...] A chaque fin de chapitre sur chacune des thèses, l'auteur met en lumière leurs limites (cf. : quelques réflexions sur page 63, page 119, page 197). Ainsi, l'auteur prévient le lecteur de la probable monotonie de son exposé sur l'effet pervers, qui retrace une constante de la rhétorique réactionnaire. Le rôle réel de celui-ci est bien loin d'atteindre l'importance que ces auteurs lui attribuent. L'effet pervers se nourrit de mythes (mythes de l'Antiquité ) profondément ancrés pour marquer les esprits. L'auteur émet un doute sur la fréquence du phénomène. [...]
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