La Chine incarne-t-elle un espoir pour l'économie mondiale ?
Certains le souhaitent, au moment même où les Etats-Unis, moteur de cette économie, connaissent des difficultés. Encore faudrait-il pour cela que l'économie chinoise soit suffisamment indépendante de son principal marché d'exportation pour échapper à la dynamique récessive actuelle.
Voire que le marché chinois devienne à son tour un débouché pour les pays de l'OCDE et qu'il soit ainsi capable de jouer un rôle d'entraînement sur la croissance mondiale.
Il est permis d'en douter puisque la Chine n'absorbe que 5% des exportations américaines, moins que le Canada. Mais le fait même que la question ait été formulée montre à quel point la Chine a changé de stature internationale et bouleverse l'économie mondiale.
[...] L'émergence chinoise bouleverse ainsi l'équilibre économique international. Si certains pays en bénéficient grâce à une spécialisation internationale adéquate, d'autres au contraire en pâtissent. La question reste de savoir si les effets positifs l'emportent sur les effets négatifs. II) La Chine appauvrit-elle les pays développés ? Aux États-Unis, le débat est ouvert : l'option du libre échange avec la chine est –elle encore d'actualité, alors que le déficit commercial bilatéral se creuse inexorablement et que le yuan semble délibérément sous- évalué ? [...]
[...] Ce ne sont pas seulement des pays étiquetés comme pays les moins avancés qui pourraient à la longue souffrir de l'essor chinois, mais aussi émergents que la Chine concurrence sur le segment des produits à forte intensité de main-d'œuvre. Ainsi depuis 2005, les pays pauvres méditerranéens, qui avaient accueilli des activités de confection de prêt-à-porter délocalisées au cours des années 1980 et 1990, ont tout particulièrement souffert de la fin des quotas qui freinaient l'entrée des textiles chinois en Europe. [...]
[...] L'impact de la Chine sur le monde La montée en puissance de l'économie chinoise affecte le reste du monde au travers de multiples canaux. La Chine gagne des parts de marché sur ses partenaires commerciaux, pays développés ou plus pauvres, qui risquent alors une perte d'emplois et de compétences, une moindre accumulation du capital À l'inverse, le boom économique de la Chine stimule ses importations. Certains pays dégagent même avec elle un excédent commercial structurel. Le profil de leur spécialisation internationale explique cette capacité de résistance. [...]
[...] Au total, le commerce avec la Chine se solderait donc par un redéploiement du facteur travail au sein de pays développés. Le second argument se fixerait sur le phénomène de destruction créatrice et de compensation ou vient s'ajouter un effet prix qui joue à deux niveau : celui des biens de consommation et celui des coûts de production. Au total pour l'industrie et les salariés américains, les effets de compensation induits par la concurrence chinoise l'emporteraient sur les effets destructeurs. [...]
[...] Parmi les pays les moins avancés, ceux que leur trajectoire a dotés d'une spécialisation adaptée profitent des effets d'entrainements causés par l'accroissement de la demande chinoise. Nombreux sont ceux pour lesquels la Chine se positionne en rival redoutable, sur leur propre terrain, en tant que plate-forme d'assemblage, et contribue à tirer les prix toujours plus bas. Jusqu'à récemment, on s'accordait pour penser que les avantages de cette situation l'emportaient largement sur ses inconvénients. La Banque mondiale a maintes fois insisté sur le rôle éminemment positif de la Chine dans le recul de la pauvreté ou le dynamisme de la croissance. [...]
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