En 2008, le Economic Freedom Ranking émis par le think-tank américain Heritage Foundation classe Hong Kong comme ayant l'économie la plus libre au monde et Singapour en deuxième. Cependant, si à première vue on peut penser que ces deux économies possèdent des caractéristiques similaires en tant que grandes places financières, plaques tournantes traditionnelles du commerce international ou encore comme grands receveurs de capitaux étrangers, une analyse un peu plus approfondie les oppose : Hong Kong est, il est vrai, considéré comme un « cas d'école du libéralisme économique » (Philippe Richer) alors que Singapour a adopté un modèle de développement dans lequel l'Etat autoritaire dirigé par le People's Action Party au pouvoir depuis 1959, joue un rôle fondamental, caractéristique des économies des dragons asiatiques : le modèle du developmental State que l'on retrouve aussi en Corée du Sud.
Bien sûr, il convient d'être prudent lorsque l'on parle de « modèle », Singapour et Hong Kong n'ont pas adhéré à un seul modèle de développement et leurs politiques économiques ont connu ajustement et restructuration au cours des décennies.
Il s'agira donc ici de savoir comment « les deux économies les plus libres du monde » ont atteint ce statut en adoptant des chemins différents. Est-il possible de rapprocher ces deux modèles ?
[...] Néanmoins, il existe quelques différences entre les situations de Hong Kong et Singapour au moment où ils amorcent leurs politiques de développement, dans les années 1960. Ainsi, à Singapour, l'amorce d'une politique de développement coïncide avec l'indépendance. Or, l'indépendance signifie pour Singapour la fermeture des bases britanniques qui contribuaient au dynamisme de l'économie ce qui implique un gros problème de chômage. De plus, en l'échec de l'intégration à la fédération malaisienne qui se traduit par l'éviction de Singapour en 1963 est vécu comme une tragédie nationale, la cité Etat se considérant comme trop petite pour arriver à se développer seule. [...]
[...] Même si cette politique se traduit par un échec, elle illustre bien à quel point le gouvernement donne une direction à l'économie en adoptant une approche market-leading Dans le même temps, le gouvernement multiplie les mesures d'encouragement à l'investissement étranger. L'Etat singapourien grâce à une bureaucratie efficace et des institutions fortes a donc de nombreuses facilités d'intervention dans l'économie. A la fin des années 1970, il développe des Governement-linked companies c'est-à-dire des entreprises appartenant ou dirigées par trois holding companies majeures : Temasek, Singapore Technologies et National Development Holding. [...]
[...] Les deux pays ont aussi en commun une position géographique stratégique, point de passage des grandes routes commerciales qui se mettent en place au XVIIe siècle qui les conduira à adopter une économie d'entrepôt sous l'influence britannique. En effet, les deux pays ont tous les deux été formés par l'expérience coloniale britannique. En 1842, à la suite de la première guerre de l'Opium, les Britanniques prennent possession de l'île de Hong Kong, à l'époque affleurement rocheux quasiment désertique et peuplée de seulement 7500 habitants. [...]
[...] En outre, Hong Kong ne connaît pas de problème de chômage massif qui aurait pu inciter les couches populaires à se mobiliser en faveur d'une telle politique. Cette présence ou non de volonté de développement va avoir une influence fondamentale sur les modèles de développement adoptés par les deux pays. Le cas de Singapour semble être un cas d'école du developmental state à l'asiatique. Le modèle du developmental state tel qu'on peut le trouver au Japon, en Corée du Sud ou encore à Taïwan apparaît pour pallier au manque d'infrastructures, de capital, d'entrepreneurs ou de technologie de ces pays qui s'industrialisèrent plus tardivement (late-industrializing countries). [...]
[...] Alors que depuis 1965 Singapour avait connu un taux de croissance moyen de ce taux tombe soudainement à en 1985. Un Economic Committee se réunit donc en mars 1985 pour étudier les possibilités de croissance et propose une réduction du rôle de l'Etat dans l'économie. En mai 1985, le gouvernement annonce sa décision de privatiser de nombreuses entreprises publiques telles que Singapore airlines et de réformer le National Wage Council. De même le Gouvernment of Singapore investment corporation formée en 1981 commence à investir massivement dans le secteur privé. [...]
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