Metaleurop, Alstom, JVC, Alcatel, autant de noms d'entreprises qui firent la une de nos journaux lors de la délocalisation de leur production à l'étranger. Autant de noms qui rappellent le drame social que peut constituer la fermeture d'une firme sur un territoire surtout dans une période où la plupart des pays développés connaissent un fort taux de chômage. La peur d'une délocalisation s'ancre alors dans les esprits, l'idée d'une menace qui pourrait remettre en jeu l'ensemble de la dynamique d'un territoire, d'un bassin de vie.
En effet, une délocalisation est la possibilité qu'a une firme de pouvoir déplacer ses moyens de production au sein de l'espace mondial, une conséquence de la capacité qu'à aujourd'hui le capital de pouvoir de se déplacer librement. Les délocalisations opposent deux visions différentes : la logique d'Etat basée sur des frontières et sur la prise en compte de l'intérêt général face à la logique des firmes multinationales qui raisonnent en termes d'espace économique transfrontalier et qui recherchent la rentabilité.
Or, face à l'émergence de nouvelles puissances possédant des avantages comparatifs en termes de coût de production, on peut s'interroger sur les risques qu'encourent à terme les pays développés (que l'on conçoit comme les pays membres de l'OCDE) si le mouvement de délocalisation perdure.
Ainsi, pour exemple, Serge Dassault, sénateur de l'Essonne, déclarait en 2004 lors d'une interview « Les Chinois vont gagner la bataille économique, on va devenir un pays sous-développé. ». Les délocalisations seraient ainsi une menace, à savoir un signe annonciateur d'un danger imminent.
Ainsi, peut-on considérer que les délocalisations mettent en péril la survie économique des pays développés ? Sommes-nous en train de perdre pied dans le jeu économique mondial ?
Nous démonterons dans un premier temps que les délocalisations sont une réponse stratégique et rationnelle des firmes dans un espace mondialisé répondant à la logique capitaliste pour observer dans un second temps que les délocalisations ne sont que la partie émergée de l'iceberg : l'environnement économique a changé et les pays développés doivent s'y adapter : le véritable danger serait alors leur inertie et leur manque de réactivité.
[...] Les délocalisations : un signal d'alarme plutôt qu'une menace A. L'effet négligeable des délocalisations sur l'emploi L'opinion publique et les médias mettent souvent derrière le mot délocalisations une seule réalité, celle du transfert hors de l'espace économique national d'activités ou de services pour des raisons principalement de différences des coûts salariaux et en vue de l'importation ultérieure des produits ou des services. Il en résulte que l'économie du pays qui voit ses entreprises s'expatrier paierait alors trois fois : d'abord la perte d'emplois, ensuite la perte de revenus fiscaux et enfin par l'importation de produits précédemment fournis dans l'espace national. [...]
[...] Cependant, si Dick Cheney déclarait Ce qui est bon pour Wal Mart est bon pour l'Amérique, une large part de votre succès contribue à la prospérité actuelle de l'Amérique, il semble qu'aujourd'hui le lien entre profits des entreprises et prospérité de l'économie nationale ne soit pas si évident. Afin de procéder à une meilleure analyse de cette corrélation, voyons dans un premier temps comment mesurer l'ampleur des délocalisations sur l'économie nationale. et influencent à leur tour la structure de l'économie mondiale Impact géographique des délocalisations Nous avons pu observer dans la partie précédente que les délocalisations étaient une réponse des firmes face aux contraintes de l'économie mondiale. Nous allons désormais démontrer que les délocalisations agissent également à leur tour sur cet environnement mondial et le modifient. [...]
[...] Certaines firmes recourent à la délocalisation pour des raisons de conquête de marge. Ces délocalisations se distinguent des délocalisations défensives dans le sens où les distributeurs et entreprises qui y recourent ne répercutent pas effectivement la baisse des coûts de production sur le prix du produit final. Les produits en général de gamme moyenne ou haute sont alors vendus sous la marque de l'entreprise avec des marges très importantes puisque le prix de vente est aligné sur le prix de production en France et non en Chine. [...]
[...] La localisation de la valeur ajoutée s'est déplacée au profit des pays émergents. Il est donc tentant de mettre en relation la montée des pays à bas salaire et la désindustrialisation des pays développés par le biais des délocalisations. Définir terme de désindustrialisation et faire le lien avec délocalisation : Désindustrialisation : diminution de la part de l'industrie dans le PIB (diminution qui peut être toute relative) + évolution de la balance des échanges extérieurs + perte des emplois industriels. [...]
[...] Les délocalisations ont un effet net réduit sur l'emploi total. Les entreprises multinationales qui ouvrent de nouvelles unités de production à l'étranger voient tôt ou tard leurs profits augmenter avec leur chiffre d'affaires et ce dynamisme les conduira à augmenter les embauches dans leurs pays d'origine. Cette corrélation entre ouverture internationale et dynamisme d'embauche a été observée dans de nombreuses études y compris par Coopers et Lybrad au milieu des années 1990. Au fur et à mesure de la globalisation des entreprises, leurs emplois augmentent parallèlement aux USA et à l'étranger. [...]
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