Ces dernières années, quelques productions cinématographiques, avec entre autre les sorties de Mondovino et de Sideways a illustré un certain nombre de tensions qui s'attachent à la mondialisation du vin en tant que production, et au soi-disant clivage entre le Nouveau Monde et la Vieille Europe, la modernité et la tradition, entre la marque et le terroir, autant de concepts masquant la complexité
de ce processus.
Le terme de mondialisation, d'usage très répandu depuis une vingtaine d'années, mérite sans doute quelques précautions d'usage. L'acception courante
renvoie à des phénomènes aussi divers que l'économie de marché, la gouvernance globale ou la délocalisation culturelle. Sur le plan théorique, les forces de la mondialisation accélèrent le mouvement mondial vers une convergence culturelle de plus en plus parfaite.
La mondialisation est d'abord caractérisée par la circulation croissante des capitaux, des biens, des marchandises, des services, des personnes, des idées et enfin, des productions culturelles. Y sont associées la mondialisation des échanges, des questionnements sur le monde, des problèmes rencontrés et des solutions découvertes pour les sociétés et pour les collectivités humaines. Ces forces de la mondialisation conduisent-elles à une globalisation de la culture sur un modèle unique, ou du moins similaire, à l'émergence de cultures spécifiques et distinctes, ou bien permettent-elles le renouvellement des convictions culturelles ?
Ces trois processus de dissémination, de création et de rénovation semblent aller de pair et l'exemple offert par le produit vin que nous avons choisi d'analyser plus particulièrement dans cette étude réaffirme cette double tendance. Les tendances globales ne se retrouvent pas avec la même force partout sur le globe, et peuvent parfois être contrecarrées sur de vastes ensemble géographique. Et
sans nul doute, elles donnent naissance et influencent des stratégies locales de résistance et l'utilisation politique de spécificité culturelles.
Plus précisément, dans cette étude, après avoir remis en contexte l'histoire et le présent du commerce du vin dans les échangés mondiaux, nous analyserons
comment, en France, ces échanges, régulés pour satisfaire producteurs et consommateurs, construisent de nouveaux modèles sociaux de consommation, et
comment, en Chine, ces échanges sont utilisés comme instrument de légitimité pour le pouvoir, tout en créant des aspirations potentiellement dangereuses pour ce pouvoir au niveau de la population.
[...] La sphère politique garde un contrôle quasi-total sur la sphère économique. Et surtout, les membres des élites politiques et économiques se recoupent : il est bien rare que l'adhésion au Parti ne soit pas proposée à un entrepreneur talentueux, et un éventuel refus de sa part aurait toutes les chances d'avoir de fâcheuses conséquences sur son chiffre d'affaires. La naissance et l'extension de l'industrie viticole fourni ssent un exemple de cette mondialisation contrôlée Les autorités ont en effet bien volontiers accueilli les pionniers de cette aventure du vin en Chine, considérés comme un moyen de réduire le fossé économique entre la Chine côtière, prospère, et la Chine intérieure, plus pauvre, où est cultivé et fabriqué l'essentiel de la production viticole chinoise. [...]
[...] L'industrie vinicole envisage d'ailleurs de commencer à exporter ses production s à court terme. En terme de qualité, les vins chinois sont bien sûr loin des grands crus français espagnols ou italiens, mais les améliorations dans la technique de production des raisins et du vin en améliorent rapidement la qualité. Le vin, un instrument de légitimation pour le pouvoir politique ? De nombreux chercheurs en sciences politiques ont cru pouvoir déceler un lien entre l'existence de l'économie de marché sur un territoire et l'apparition de la démocratie, l'un entraînant l'autre. [...]
[...] Cette somme, supérieure au marché français, reste tout simplement inabordable pour la grande majorité de la population. Elle est de loin supérieure aux alcools locaux (alcool de riz), et près de vingt fois plus onéreuse qu'une bouteille de bière. Cette nouvelle production n'est donc pas abordable pour tous. Le consommateur de vin, en Chine, est et va rester pendant plusieurs décennies un membre de l'élite socio-culturelle : un jeune homme urbain, âgé de 25 à 40 ans. Mais l'on pourrait argumenter que le vin n'est pas produit uniquement pour ceux qui le boivent. [...]
[...] La production de vin est en pleine croissance. Après une chute brutale durant les années 1990 (en 1998, elle atteignait 236 millions d'hectolitres), la tendance est repartie à la hausse : en 2003, la production mondiale était évaluée à 269 millions d'hectolitres, et qu'elle devrait atteindre 275 millions d'hectolitres cette année, dont 30 millions ne trouveraient pas preneurs. En 2002, la France est le plus gros pays producteur (45,3 millions d'hectolitres), suivie de l'Italie et de l'Espagne (respectivement 44,8 millions et 39,6 millions). [...]
[...] Le vin reste toutefois la boisson dominante dans les pays où, plus qu'ailleurs, les habitudes alimentaires restent relativement traditionnelles, comme en France ou en Italie. Dans la plupart des pays développés où le vin n'est pas une boisson traditionnelle, la tendance est inverse. Ainsi, l'Amérique du Sud, où les productions étaient par le passé destinées à l'exportation, est désormais obligée de se fournir elle-même à l'étranger. Il en va de même pour l'Afrique du sud. Aux Etats-Unis, une partie de la production locale est destinée à être exportée vers ses nouveaux pays consommateurs, mais compense par l'importation de grands crus d'Europe. [...]
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