Afrancesamiento au Chili au XIXe siècle, Bordeaux, vin, vin chilien, marché mondial
Le Chili est aujourd'hui connu pour son vin, fruit de diverses origines. Cela fait peu de temps que le vin chilien s'est répandu dans le monde entier. En effet, depuis les années 1990, il s'impose progressivement sur le marché mondial. C'est au début du XXème siècle, qu'il fut pour la première fois destiné à un marché extérieur à l'Amérique Latine. Á cette période, le vin chilien était déjà riche d'une histoire de plusieurs siècles.
[...] Beaucoup de français, de bordelais particulièrement, sont partis travailler dans les vignes chiliennes. C'était l'époque en Europe de l'épidémie de phylloxéra qui toucha beaucoup la viticulture bordelaise. La perte de nombreuses vignes dans la région bordelaise les incitait à se rendre au Chili, qui ne fut jamais touché par le phylloxéra alors qu'il toucha le Pérou en 1888. Au Chili, beaucoup de ces français, après un certain temps, avaient l'occasion de devenir propriétaires de vignes. Alexandre Dussaillant en est un représentant célèbre. [...]
[...] En effet, une grande partie des vignerons de l'époque participait à la vie politique au sein du parti conservateur. Les réunions politiques se tenaient dans les demeures des propriétaires. Les femmes aristocrates se réunissaient également dans les salons de leurs demeures viticoles. Elles étaient très sensibles à la mode de Paris. Ces salons constituaient des nouveaux centres de la vie sociale du pays, avant davantage concentrés à Santiago et Valparaíso. Le luxe et le raffinement s'étaient donc décentralisés vers les propriétés au coeur grandes étendues de vignes et se diffusaient ainsi dans le pays, sur le plan géographique mais restaient, sur le plan social, le fait d'un groupe social limité. [...]
[...] La famille Ochagavía employa Oscar Brard, un girondin, en 1883, pour qu'il travaille dans la vigne de Santa Carolina pendant six ans. Germain Bachelet vint travailler dans les vignes de Subercaseaux, Pierre Durand, lui, comme directeur technique de la vigne Macúl. En s'inspirant de ces modèles, une première génération d'œnologues chiliens se forma. Maguelonne Toussaint-Samat, Histoire naturelle et morale de la nourriture, Paris, Bordas p.532. La plupart des œnologues chiliens de l'époque sont des personnes qui ont voyagé en France et y ont étudié l'œnologie, principalement à Bordeaux. [...]
[...] En 1851, les importations de vin français s'élevaient à $ contre en 1844. Dans le cas du vin de Bordeaux, le Chili en importa un million de litres en 1857 contre 3,2 millions pour l'Argentine millions pour l'Uruguay. Ceci peut s'expliquer par le fait que le voyage jusqu'au Chili soit plus long, que le pays n'ait pas, contrairement aux deux autres, une façade sur l'océan Atlantique. Le Chili en importa de moins en moins : litres en 1880. C'était aurait pu être la conséquence des limitations imposées par la guerre du Pacifique, mais cela contraste énormément avec la grande augmentation des importations en Argentine qui passèrent à 20 millions de litres et en Uruguay à 10 millions de litres. [...]
[...] Le vin participa au Chili à un processus d'imitation de la culture française et de ses usages, admirés et mimés par les élites. S'il ne faut pas négliger l'influence d'autres cultures européennes auprès des élites chiliennes dans certains domaines, comme la culture allemande ou la culture anglaise, il est certain que concernant le monde du vin c'est la France qui servit de référence. C'est en cela que l'on peut considérer le vin au Chili comme l'illustration d'un phénomène d'afrancesamiento. L'introduction des cépages et techniques françaises eut pour résultat une amélioration de la qualité des vins chiliens, qui purent alors rivalisés avec les vins importés. [...]
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