Voilà qui ne devrait pas plaire à l'oncle Sam, les six pays du golfe ont annoncé à l'issue d'une réunion en décembre 2007 à Doha, la création le 1er janvier 2008 d'un marché commun qui pourrait être suivi par l'adoption en 2010 d'une monnaie unique qui réduirait leurs dépendances vis-à-vis du dollar.
Initié en 1981, l'intégration de 6 pays débute avec une volonté de coopération économique. L'Oman, les Émirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Koweït, le Qatar et l'Arabie Saoudite forment donc depuis le Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Mais une nouvelle étape d'intégration a été franchie par ces pays en 1983 avec la création d'une zone de libre échange, puis en 2003 avec la formation d'une union douanière et par la suite d'un marché commun depuis le 1er janvier 2008.
La dernière étape de ce processus anticipé depuis le 22e sommet du CCG tenu en 2001 est la création d'une union monétaire avec monnaie
commune. Le CCG ambitionnait de mettre en circulation sa monnaie unique en 2010, mais ce projet a été mis à mal par une inflation galopante et la faiblesse du dollar. En outre, l'Oman a déclaré ne plus être intéressé par ce projet et les Émirats Arabes Unis se sont récemment retirés à cause de désaccords sur l'implantation de la banque centrale.
À l'heure actuelle, le processus d'intégration monétaire est déjà en cours. Les pays ont notamment ancré leurs monnaies sur le dollar américain depuis 2002 et respectent les critères de rapprochement économique depuis 2005. Ainsi, il est intéressant de se demander dans quelle mesure l'union monétaire des pays du golfe peut être pertinente .
[...] Donc si une fois mise en place l'union monétaire fonctionne bien on peut s'attendre à une intégration de ces deux pays. Et si des élargissements sont envisageables, l'union monétaire devra donc mettre en place des procédures d'intégration et prévoir l'élargissement de manière institutionnelle. Notons que le processus d'élargissement dans cette zone est différent de celui dans la zone euro où un pays faisant parti du marché commun qui respecte les critères de convergence rentre automatiquement dans la zone euro sauf en cas de close d'opting out. [...]
[...] Dès lors la diminution des coûts de transaction, l'accroissement de la compétitivité semblent compenser la perte d'autonomie de la politique monétaire. De plus, le régime de change fixe favorise l'effet des politiques budgétaires sur les économies. Finalement, cette union monétaire semble pertinente puisqu'elle est en mesure d'offrir de grandes opportunités à ces participants. Et toutes ces perspectives ne seront possibles qu'avec d'importants changements comme de nouvelles règles ou traités. Toutefois, nombre de ces pays se reposent sur les revenus du pétrole dont les réserves ne sont pas inépuisables. [...]
[...] Pour finir la monnaie commune va accroître la place des pays du Golfe sur la scène internationale. Ils veulent créer cette monnaie commune pour devenir un pôle économique mondiale et améliorer leurs positions à l'étranger. Ainsi, ils vont étendre leur pouvoir de négociation avec leurs partenaires commerciaux et leur crédibilité en sera que grandie. En effet, réunis, ils vont devenir une vraie puissance économique et un carrefour entre les Etats-Unis et l'Asie, grâce à leur position géographique. Le monde étant déjà très dépendant des pays du Golfe à cause de leurs ressources énergétiques, cette union monétaire assiéra leur suprématie. [...]
[...] Donc, avec une union monétaire les pays du golfe perdent un puissant stabilisateur automatique. Ensuite, l'union monétaire ne dispose plus d'une politique monétaire autonome selon le triangle d'incompatibilité de Mundell. En effet, si les pays sont dans un régime de change fixe et que leurs capitaux circulent librement ils ne peuvent plus avoir une politique monétaire autonome. Leur politique monétaire est inefficace car si on a une politique monétaire expansionniste, la masse monétaire augmente (déplacement de AA à droite) le taux d'intérêt diminue pour rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande de monnaie, et donc la monnaie se déprécie. [...]
[...] En l'occurrence, on peut envisager que la monnaie commune, en tant que potentielle future monnaie de transaction du pétrole, devienne une unité de compte à l'échelle internationale. Mais la monnaie internationale doit aussi servir de monnaie véhiculaire, c'est à dire au niveau des règlements privés. Enfin, la monnaie de paiement doit pouvoir être utilisée par les gouvernements pour intervenir sur le marché des changes en cas de variation non souhaitée du taux de change entre cette monnaie de référence et la monnaie nationale. En dernier lieu, pour que la monnaie des pays du Golfe devienne internationale il faudra qu'elle soit une réserve de valeur. [...]
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