En France, le terme de « mondialisation » est né en 1964 suite à une réflexion sur le concept du village global. Impulsée par l'Occident, le phénomène résulte à la base d'une volonté économique de libération des échanges et d'ouverture des frontières. Mais selon Maurice Leroy (association ATTAC, Agir local, penser global, Mille et une nuits, 2001), l'analyse ne doit pas se limiter à l'approche économique. L'uniformisation économique et culturelle de la planète sur le modèle occidental ressemble en effet à une forme nouvelle d'impérialisme. Pour lui, « la mondialisation est [même] la plus achevée des idéologies totalitaires ».
Le totalitarisme, au sens premier du terme, désigne un mode de gouvernance où un parti unique détient la totalité des pouvoirs et ne tolère aucune opposition. L'Etat totalitaire use de la violence pour asseoir sa domination sur le peuple, et vise à gérer, outre la vie publique, la vie privée des individus. Par ailleurs, l'individu n'existe que par rapport au collectif.
L'accusation de Maurice Leroy est grave. En nous appuyant sur les témoignages d'auteurs et intellectuels émérites, nous tenterons de voir si elle est légitime.
[...] La dimension économique est secondaire. Enfin, d'après Bruno Étienne (ils ont rasé la Mésopotamie, Eshel 1992) la mondialisation et le phénomène d'occidentalisation du monde témoignent de la volonté des Etats-Unis de rompre et de s'affranchir d'un passé symbolisé par la vielle Europe Cette attitude fait état de l'existence d'un forme de néo-messianisme américain. Ce dernier est guidé par un devoir d'ordre transcendantal de prendre le leadership de la planète et d'assurer son destin via la création d' un nouvel ordre mondial La mondialisation ne se réduit donc pas à un simple phénomène économique, elle correspond aussi à une volonté occidentale d'expansion planétaire d'un modèle que l'on pourrait qualifier d' impérialisme culturel L'expression d'« enfant planétaire utilisée par Richard Barnet et John Cavanagh (L'uniformisation de la culture planétaire, Le procès de la mondialisation, Fayard, 2001) illustre à merveille l'uniformisation des modes de vie sur le modèle consumériste américain. [...]
[...] Le coût humain de la mondialisation La question soulevée par Bernard Cassen (Un plan de sauvetage du capitalisme, Le Monde diplomatique, décembre 1999) - Schizophrénie, inconscience ou cynisme absolu : comment les décideurs nationaux, européens ou multilatéraux, peuvent-ils à la fois mettre en œuvre les politiques ultralibérales qui sont le fondement de la mondialisation et prétendre s'attaquer aux conséquences catastrophiques de ces mêmes politiques ? - souligne une forme de contradiction entre le jeu (la mondialisation) et l'application des règles. Ainsi est-il assez déconcertant de voir des entreprises pétrolières se lancer, par exemple, dans le marketing vert ou promouvoir (de façon tout à fait hypocrite et factice), la notion de développement durable. [...]
[...] Il semble en tous les cas que l'auto-gouvernance des peuples soit un principe dépassé, une absurdité. Dès lors, on se rend compte que la mondialisation et l'exportation mondiale du modèle occidental possèdent en son sein une contradiction majeure: comment peut-on prétendre se battre (en Irak notamment) au nom de la démocratie alors qu'au sein même de nos sociétés, nous négocions avec ses fondements ? II) L'occidentalisation du monde : une nouvelle forme d'impérialisme ? La mondialisation se caractérise par l'action simultanée de deux processus : la libération/facilitation des échanges commerciaux et un modèle occidental qui s'impose de façon hégémonique sur le monde. [...]
[...] Aujourd'hui, le coût humain de la mondialisation est mesurable. Pour Zygmunt Bauman, Hans Peter Martin et Harald Schumann (Le piège de la mondialisation, Acte Sud, 2000), il est considérable. Le caractère inégalitaire de la répartition de ses bénéfices est à l'origine d'une marginalisation (de deux tiers de la population mondiale pour Bauman) et d'une profonde fracture sociale. Selon Hans Peter Martin et Harald Schumann, la mondialisation débouchera à terme sur la création d'un nouvel ordre social d'une société caractérisée par la fracture entre l'élite mondiale et un bétail humain. [...]
[...] Leroy, Barnet, Cavanagh et Latouche répondent unanimement par la négative. L'occidentalisation du monde fait figure de cataclysme désenchanteur, responsable de la disparition des cultures traditionnelles, donc de la diversité des interprétations du monde. Latouche condamne à travers l'exemple de la Roumanie Ceaucescu a détruit les plus vieilles églises de Bucarest et remplacé la beauté et les charmes des repères anciens où se reconnaît un peuple par l'anonymat d'artères bétonnées et d'ailleurs mal construites, vouées au délabrement prématuré la barbarie moderne qui consiste à effacer les traces et vestiges du passé. [...]
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