Pourquoi le commerce international, qui constitue a priori un moteur d'expansion économique, creuse-t-il les inégalités entre les pays?
Nous développons tout d'abord l'idée que le commerce international constitue un moteur d'expansion économique car chaque pays est amené à se spécialiser en fonction des différences internationales de coûts de production. En effet, d'après la théorie ricardienne, chaque pays à intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il détient l'avantage comparatif le plus élevé. D'autre part, le modèle HOS montre que la dotation factorielle de chaque pays détermine l'avantage comparatif.
Toutefois, en pratique, les pays qui prennent part aux échanges internationaux n'en tirent pas les mêmes avantages : le commerce international ne profite pas à tous les pays de la même manière. Si le commerce international a effectivement permis le décollage économique de certains pays en voie de développement, ceux-ci sont encore minoritaires car la réussite de ces pays sur le plan international repose davantage sur une dynamique interne. Nous montrons d'autre part que les inégalités demeurent importantes au sein de ces pays dont le déploiement sur la scène internationale se heurte aux politiques commerciales protectionnistes des pays industrialisés.
Enfin, la nouvelle théorie du commerce internationale intègre la stratégie des firmes pour déterminer à qui profite le commerce international aujourd'hui. D'après la nouvelle théorie, le commerce international permet aux firmes de réaliser des économies d'échelle qui faussent la concurrence pure et parfaite. Tant en théorie qu'en pratique, les firmes multinationales, en tant qu'acteurs indépendants, dominent le commerce international au profit des Etats comme à leur désavantage.
Les théories modernes concernant le commerce international ont profondément évolué face à la théorie ricardienne. Face à la libéralisation massive du commerce, à la concertation nouvelle entre états et aux nouveaux apports techniques, le commerce international ne peut se réduire à la théorie selon laquelle les états se spécialisent dans leurs domaines respectifs et se cantonnent à ce domaine. De plus, un acteur majeur est apparu sur la scène du commerce international : la Firme Multinationale. Les FMN possèdent un poids économique sans précédant, dépassant pour certaines le PIB de petits états industrialisés. Elles sont les principaux bénéficiaires de ces échanges transnationaux, mais ne sont pas les seules. Chaque pays peut bénéficier du commerce international, mais certainement pas au même degré.
[...] De fait, tout acteur économique a intérêt à participer aux échanges internationaux. Néanmoins, force est de constater que ce qui semblait théoriquement vrai et justifié aux yeux de Ricardo et des autres économistes qui le suivront dans cette voie, au 19ème siècle, ne s'est pas nécessairement vérifié avec l'ouverture des frontières à l'échelle mondiale au 20ème et au 21ème siècle. Il y a de profondes inégalités Nord Sud en terme de gains à l'échange, mais les disparités qui existent au sein du bloc Sud révèlent que la place qu'occupe un pays dans le commerce international ne dépend pas seulement de ses ressources naturelles ou de sa position par rapport à la grande puissance mondiale qu'est la Triade. [...]
[...] La troisième stratégie dite de promotion des exportations a eu des résultats plus mitigés. On ne peut pas dire qu'elle soit totalement inefficace, car elle a permis le décollage industriel et économique d'un pays, la Corée du Sud et donc dans ce cas de figure, l'ouverture au commerce international apparaît comme une chance pour les PED. Cette stratégie se déroule en plusieurs temps. Au début ces pays importent des produits manufacturés à forte valeur ajoutée et exportent des produits à très forte intensité de mains-d'œuvre, c'est-à-dire des biens courants. [...]
[...] Officiellement le GATT n'est donc qu'un accord international et non une organisation. Les pays signataires ne sont pas membres du GATT mais simplement des parties contractantes Le secrétariat permanent basé à Genève est chargé de préparer et d'organiser les négociations commerciales, mais ce n'est qu'en 1995 que les pays signataires entérinent la création officielle de l'Organisation Mondiale du Commerce, institution imaginée cinquante ans plus tôt. L'approche des négociations commerciales défendue par le GATT et l'OMC est un peu celle d'une machine conçue pour déplacer une lourde charge (l'économie transnationale), le long d'une pente (le chemin vers le libre échange) : elle met en place des leviers pour déplacer l'objet dans la bonne direction et des crans de suretés afin d'éviter qu'il ne recule. [...]
[...] Le commerce international ne profite donc pas également à tous. Il faut aussi souligner que le rapport de force qui oppose les PED aux PI crée un véritable rapport de dépendance du Sud vis-à-vis du Nord . Pour les PMA la situation est encore plus critique. Par exemple, en 2004, les exportations de l'Afrique vers l'Amérique du Nord représentaient alors que les importations n'étaient que de soit plus de deux fois moins importantes De même de par la nature des produits qu'ils exportent et importent, le Nord et le Sud connaissent des situations opposées. [...]
[...] A qui profite le commerce international ? Ce qui laisse présager que l'on raisonne en termes de pays et de zones géographiques. On oppose les pays du Nord et du Sud, les pays industriels et les pays en voie de développement, même si en réalité la distinction est plus complexe. Mais surtout, les puissances commerciales étatiques ont été remplacées, de plus en plus, par de grands groupes qui produisent et vendent à l'échelle mondiale : les FMN. Les inégalités des pays face au commerce international, elles, n'ont par contre pas été remises en cause. [...]
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