Place des pays du Sud, internationalisation de l'économie, années 1960, tiers-mondistes, pays du Sud, sous-développement durable
Vers 1960, dans les pays du Sud vivent les deux tiers des habitants de la planète et leurs revenus par tête n'atteignent pas le dixième de ceux des pays industrialisés. Le Sud dépend du Nord pour ses investissements et pour ses débouchés. Même les pays politiquement indépendants depuis longtemps ont une médiocre spécialisation internationale, proche d'une économie de traite. Les importations se renchérissent alors que les exportations sont payées au-dessous de leur valeur. Pour les tiers-mondistes, les pays du Sud sont victimes de la dégradation des termes de l'échange.
Aujourd'hui, au Sud, les revenus moyens par tête augmentent plus vite qu'au Nord. Depuis une vingtaine d'années, les exportations industrielles dépassent en valeur les exportations de produits primaires. La croissance annuelle de la production des pays les plus peuplés connaît un taux annuel deux ou trois fois plus élevé qu'au Nord. Ils inondent les marchés occidentaux de produits diversifiés. Vus de l'Occident, les pays du Sud se sont insérés avec succès dans l'internationalisation de l'économie et ils y occupent une place de choix. Mais en réalité, les moyennes sont trompeuses et tous les pays du Sud ne partagent pas les mêmes succès.
[...] Mais les pays du Sud connaissent des situations très différentes. La nature n'a pas la même générosité pour tous. Le sous-sol de certains est riche de l'or noir du pétrole ou de minerais rares, alors que d'autres n'ont rien à exploiter. Les climats sont plus ou moins favorables sur toute l'étendue du Sud. Les contrastes naturels sont accentués par les stratégies suivies par les gouvernements. Certains ont choisi le modèle occidental et ont tiré bénéfice de l'essor des échanges économiques internationaux. [...]
[...] Dans les deux cas, les pays du Sud ont été les premières victimes des crises. Dans la décennie 1970, des pays mono-producteurs espéraient améliorer les termes de l'échange. Ils se rassemblent en cartels pour inverser les rapports de force dans les échanges internationaux. L'Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (OPEP) augmente unilatéralement ses prix en 1973 puis en 1979, suivie par les exportateurs de bauxite de l'International bauxite association (IBA) et de cuivre du Conseil intergouvernemental des producteurs et exportateurs de cuivre (CIPEC). [...]
[...] Les pays du Sud n'exercent aucun droit souverain sur leurs ressources. Les pays producteurs de pétrole reçoivent la portion congrue des revenus de l'or noir Les mono- producteurs agricoles fournissent au Nord les produits du petit- déjeuner (selon l'économiste Louis-Joseph Lebret à la CNUCED de 1964) comme le cacao, le sucre ou le café. Les firmes multinationales maîtrisent les filières commerciales et leur pouvoir alimentaire institutionnalise à l'échelle internationale le clientélisme des pays aidés. L'extraversion est synonyme de précarité. La désarticulation de l'économie vient de la juxtaposition d'un secteur traditionnel caractérisé par la pauvreté face au secteur moderne qui est une enclave isolée, riche des activités industrielles exportatrices. [...]
[...] Les pays du Sud les plus dynamiques connaissent parfois une croissance appauvrissante, car elle est rarement inspirée du souci d'un développement durable. Une nouvelle géographie économique se dessine avec de nouveaux rapports de force à la surface du globe. Jusqu'ici, les relations asymétriques traditionnelles perdurent entre le nord et les pays du Sud. Les décisions économiques prises au Nord ont des incidences sur les pays du Sud et la réciproque ne se vérifie pas encore. Les hégémonies ne sont pas inversées, mais elles sont menacées. [...]
[...] Enfin, certains pays du Sud exercent aujourd'hui un rôle de locomotive dans une économie mondialisée. Mais il faut éviter toute illusion d'optique. Les réussites exceptionnelles ne doivent pas masquer la permanence d'un sous- développement durable I. Dans les années 1960, l'unité apparente des pays du Sud se double d'une réelle unicité de situation La théorie libérale souligne l'unité apparente des pays du Sud et néglige certaines différences de situations. L'unité des pays du Sud s'enracine dans l'unicité du phénomène de sous-développement. [...]
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