Pétrodollars, finance islamique, monde arabe, pays du Golfe, boom pétrolier, péninsule arabique
On a récemment pu lire dans la presse que «le gouvernement français souhaite attirer les pétrodollars des pays du Golfe», ou encore que «Christine Lagarde encourage l'émergence d'une
finance islamique en France», car celle-ci présente «bien des avantages». Ces titres accrocheurs sont d'autant plus intéressants qu'ils semblent faire écho au sujet de mon exposé. Et afin d'en cerner clairement les enjeux, il convient d'abord de définir ce que sont les pétrodollars et la finance islamique.
[...] La légitimation de ce système financier est donc avant tout religieuse. Ceci est parfaitement compréhensible lorsque l'on étudie les principes autour desquels la finance islamique s'articule et la façon dont elle contourne les interdits du Coran afin de rester dans la légalité islamique : l'intérêt - ou l'usure - étant prohibé par le Coran (verset 275 de la 2e Sourate), les banques islamiques ont recours à de multiples mécanismes juridico-financiers. Par exemple, la moudharaba (ou prise de risque en arabe) consiste en un contrat par lequel un promoteur peut mener un projet grâce au financement total du projet par un «bailleur de fonds», la répartition des gains et des pertes étant fixée par avance dans le contrat (en cas d'échec les apporteurs de capitaux supportent les pertes, et les promoteurs perdent le fruit de leur travail). [...]
[...] Ce processus s'appuie fortement sur l'expansion de la finance islamique. A la différence du mastodonte pétrolier qu'est l'Arabie Saoudite, ces petits Emirats et Royaumes du Golfe investissent fortement dans la finance islamique, et ce relativement tôt. Aussi de nombreuses banques purement islamiques, publiques et privées, sont créées dans la région, certaines dès le milieu des années 1970 : la Kuwait Real Estate Bank (1973), la Kuwait Finance House (1977), la Dubai Islamic Bank (1975), ou encore la Bahrain Islamic Bank (1979). [...]
[...] Aussi comment s'agence la relation entre pétrodollars et finance islamique dans un tel mouvement antagoniste ? Si la péninsule arabique connaît à partir des années 1970 des transformations politiques économiques et sociales majeures grâce au «boom pétrolier», la manne pétrolière étant envisagée comme une source de salut et de prospérité il semble que le système de rente exclusivement basé sur l'abondance des pétrodollars tende à s'essouffler, légitimant une diversification économique dont la finance islamique se veut l'étendard (II). I - Les conséquences immédiates du «boom pétrolier» dans la péninsule arabique A. [...]
[...] La timide émergence de la finance islamique Mais l'augmentation de la manne pétrolière est également à l'origine de l'émergence d'une finance islamique dans les Etats rentiers de la péninsule arabique. Ce système financier relativement complexe est en réalité très ancien et on peut en identifier les premières formes entre le VIIIe et le XIVe siècle. Néanmoins la finance islamique moderne et institutionnalisée n'apparaît que dans les années 1970. En effet, parallèlement à l'explosion de ressources financières dues aux exportations de pétrole, bon nombre de citoyens du Golfe accèdent au système banquier moderne. [...]
[...] Un autre facteur qui échappe aux gouvernement des monarchies du Golfe est l'évolution démographique. La population de ces pays n'a cessé de croître depuis les années 1970, non seulement du fait de vagues massives et successives de travailleurs étrangers (qui représentent par exemple aujourd'hui près de 82% de la population totale aux Emirats Arabes Unis) mais aussi du fait d'un fort taux d'accroissement naturel en 2008 pour l'Arabie Saoudite). Ceci signifie que les Etats du Golfe doivent entreprendre le développement de nouvelles infrastructures et services dont les populations grandissantes ont besoin. [...]
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