Les pays riches ont-ils des devoirs envers les pays pauvres ?

Thèmes abordés

Justice globale, l’insécurité alimentaire, redistribution, réallocation équitable des ressources, justice procédurale de Rawls, thésaurisation de subsistance

Résumé du document

L'ancien Premier Ministre français, Michel Rocard a dit: « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit y prendre sa part ». Ce propos désormais célèbre nous permet d'illustrer l'un des points essentiels de notre sujet, autrement dit les pays développés ont-ils non seulement une responsabilité à prendre envers les pays moins développés, mais aussi en ont-ils et l'envie, et les ressources nécessaires à la réalisation d'un tel projet ? Sur quoi base-t-on cette responsabilité ? Est-elle désintéressée ? Est-elle obligatoire, indispensable, légitime ? Est-elle-même souhaitée par ses bénéficiaires ? On approche ici toute la problématique de la justice globale. Dans un monde où l'insécurité alimentaire s'accroît, où les prix du riz, du blé et des matières premières flambent jusqu'à provoquer des émeutes, la faim redevient une question primordiale.

Extraits

[...] Dans son esprit, chaque fonctionnement décrit l'une des dimensions importantes de la vie que toute personne est censée désirer. Il pointe dès lors toute la dimension éthique et non simplement politique de la question de la justice globale. Par ailleurs, il lie justice globale et respect des droits de l'homme, en critiquant la limite du cadre national de Rawls, et tend davantage à l'universalisation du principe de différence même en absence des conditions de la « position originelle ». Le principe de différence appliqué en vue d'instaurer la justice économique parmi les peuples et dans les rapports entre États ne peut pas obéir à la logique de réciprocité de l'échange inhérente à la « position originelle » des sociétés libérales démocratiques. [...]

[...] Hugo Chavez en est l'exemple le plus frappant. Ces pays généralement spécialisés dans la production d'un ou deux produits ou ressources (le cuivre pour le Chili) s'opposent aux politiques lancées par le FMI par exemple, et au contraire cherchent à s'assumer seuls. L'invention du microcrédit est peut-être une piste à explorer dans la mesure où on tente d'éradiquer la pauvreté pour vaincre la famine. Le microcrédit modifie les règles traditionnelles de crédit de manière à ce que la part de la population, considérée comme « insolvable » auprès des institutions bancaires, puisse avoir désormais l'accès au crédit. [...]

[...] Or, ce raisonnement est injuste. On ne devrait pas chercher à égaliser les revenus, mais chercher à les distribuer de manière à égaliser les réalisations que les individus peuvent atteindre « Functionnings and capacities » : une éthique dont la question des Droits de l'Homme fait partie intégrante Sen se focalise sur la capacité sûrement très inégale des individus à transformer ces biens en réalisations fondamentales (nutrition appropriée, santé, mobilité, etc.). Dans La grande famine du Bengale, dont il a d'ailleurs été témoin, il établit un constat : la cause de la famine n'est pas liée à la pénurie des ressources parce qu'il n'y en a pas à cette époque, mais à leur mauvaise distribution. [...]

[...] Les pays riches ont-ils des devoirs envers les pays pauvres ? Introduction : L'ancien Premier ministre français, Michel Rocard a dit : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit y prendre sa part ». Ce propos désormais célèbre nous permet d'illustrer l'un des points essentiels de notre sujet, autrement dit les pays développés ont-ils non seulement une responsabilité à prendre envers les pays moins développés, mais aussi en ont-ils et l'envie, et les ressources nécessaires à la réalisation d'un tel projet ? [...]

[...] prolongé et approfondi par l'analyse d'Amartya Sen, spécialiste de la famine qui distingue les moyens de l'étendue de la liberté 1. Critique et reprise de Rawls Amartya Sen a fait une critique interne de la théorie de la justice de Rawls (que ce dernier développe dans Du Libéralisme politique) en y intégrant la question de la justice globale. Il approfondit la complexité de la thématique de l'égalité des chances et de la distribution des « biens premiers » contenue dans le principe de différence. [...]