Partage de la valeur ajoutée dans les pays développés et compétitivité des économies

Résumé du document

La stabilité du partage de la valeur ajoutée (VA)depuis une dizaine d'années contraste avec les fortes fluctuations des années soixante-dix et quatre-vingt.
La déformation du partage de la VA en faveur des salariés, sur la période 1973-
1982, s'est traduite par une aggravation du chômage structurel et une perte de compétitivité des entreprises françaises.
A partir du 1er choc pétrolier, la France ainsi que les autres pays d'Europe occidentale ont enregistré une forte dégradation du taux de marge des entreprises (défini comme la part de la rémunération du capital dans la VA). La détérioration des termes de l'échange (rapport du prix des produits nationaux sur les prix des produits étrangers) consécutive au choc pétrolier conduit les salariés à revendiquer de nouvelles hausses de salaire afin de compenser l'augmentation du prix des produits importés. La progression des salaires réels devient supérieure aux gains de productivité – qui enregistrent un ralentissement depuis le début des années 1970 provoquant une inflation par les coûts. Il s'ensuit une déformation du partage de la VA au profit des salariés. La compétitivité des entreprises françaises s'en trouve réduite du fait de l'augmentation de leurs coûts et de la réduction de leur capacité d'autofinancement.
La perte de compétitivité des entreprises françaises sur les marchés mondiaux contribue à la dégradation de la balance commerciale.
A partir de 1982, la part du capital dans la VA se redresse jusqu'à la fin des années quatre-vingt. Depuis cette date, le partage de la VA connaît une quasi-stabilité à un niveau plus favorable aux entreprises qu'avant le premier choc pétrolier.
A compter du début des années 1980, la moindre progression des salaires dans un contexte de hausse du chômage – et l'amélioration des termes de l'échange résultant du contre-choc pétrolier (1986) autorise un redressement de la compétitivité des entreprises. En outre, la forte hausse des taux d'intérêt réels – qui représente un prélèvement financier accru pour les entreprises – a conduit ces dernières à comprimer la part des salaires dans la VA.
Actuellement, le partage de la valeur ajoutée se caractérise par :
- une modération des évolutions salariales qui favorisent les créations d'emplois ;
- un partage de la VA entre revenus du capital et revenus du travail stabilisé ;
- des baisses de prélèvements obligatoires autorisant un relèvement du pouvoir d'achat des ménages, baisses permises par une maîtrise maintenue du ratio [dette publique/PNB].
La part des salaires dans la VA oscille depuis 1990 autour de 55-57%.

Extraits

[...] La part des salaires dans la VA oscille depuis 1990 autour de 55-57%. En Europe, le partage de la VA est devenu largement favorable aux entreprises, les taux de marge des entreprises européennes atteignant à la fin des années quatre-vingt-dix des niveaux historiquement élevés. Aux Etats-Unis, le partage de la VA est resté stable au cours des trois dernières décennies. La quasi-stabilité du chômage joue un rôle important afin d'expliquer cette évolution. Identification du cadre spatio-temporel Le traitement du sujet s'appuiera pour l'essentiel sur le cas français dans la mesure où les déformations nettement marquées de la VA au cours des décennies soixante-dix et quatre-vingts sont riches d'enseignement. [...]

[...] Les modalités du partage de la VA affectent la compétitivité-prix des économies A. Le partage de la VA entre salaires et profits affecte la compétitivité- prix des entreprises 1. Le partage de la VA en faveur (au détriment) des salariés dégrade (restaure) la compétitivité-prix des entreprises par : la dégradation des taux de marge qui affecte à terme la compétitivité structurelle de l'entreprise ; un mécanisme d'inflation par les coûts selon le principe de la courbe de Phillips ; un mécanisme d'inflation par la demande 2. [...]

[...] Une stabilisation du partage de la VA en faveur des salariés peut-être compatible avec le maintien, voire l'amélioration, de la compétitivité-prix des entreprises 1. Les augmentations de salaire sont compatibles avec le maintien de la compétitivité des entreprises si : elles sont inférieures ou égales aux gains de productivité : apport de Samuelson et Solow et démarrage d'un cycle de productivité induit par le soutien de la demande ; des mesures d'allégement de la fiscalité permettent d'augmenter, toutes choses égales par ailleurs, le surplus distribuable. [...]

[...] Partage de la valeur ajoutée dans les pays développés et compétitivité des économies Définition des mots-clés du sujet La valeur ajoutée correspond au supplément de richesse créée par l'entreprise. La VA se répartit entre 5 groupes d'agents : l'entreprise et ses salariés, les actionnaires, les prêteurs et l'Etat. L'entreprise et ses salariés sont les deux principaux bénéficiaires du partage de la VA. D'une façon générale, les déformations du partage de la valeur ajoutée s'expliquent par les principaux facteurs suivants : ! [...]

[...] La déformation du partage de la valeur ajoutée en faveur des salariés, sur la période 1973- 1982, s'est traduite par une perte de compétitivité de l'économie française Rappels des faits : pourquoi le partage de la VA s'est réalisé en faveur des salariés ? Résultat : augmentation des coûts de production et réduction de la capacité d'autofinancement des entreprises françaises dégradation du solde de la balance commerciale imputable à la perte de compétitivité des entreprises françaises sur les marchés mondiaux. [...]