« Le 1/3 monde n'est rien et demande être quelque chose dans l'ordre mondial ». C'est par cette phrase que … Touchard décrit la démarche des leaders des Non-alignés à Alger en 1973 lors de leur demande de rédaction d'une « Charte des Droits et des Devoirs économiques des Etats ». Les soixante-quinze pays réunis pour l'occasion exigent un « Nouvel ordre économique international » plus juste qui permettrait ainsi le développement du Sud économique grâce à des relations Nord/Sud plus équitables. Trente ans après la publication effective de cette charte réalisé en 1974, cette notion de « Nouvel ordre économique international » refait surface dans les négociations diplomatiques relatives au « droit au développement ». Par deux fois, en 2000 et en 2005, les Nations Unies et les dirigeants des pays du monde entier énoncent la nécessité absolue de transformer le système économique international pour permettre la réalisation des « Objectifs du Millénaire pour le Développement ».
Comment cette idée de « Nouvelle ordre économique internationale » a évolué durant ce laps de temps et quelles sont les différences dans la façon d'aborder la coopération en vue du développement du Sud entre 1974 et 2005 ?
Ces deux dynamiques, que représentent « La Charte des Droits et des Devoirs économiques » et l'organisation autour des « Objectifs du Millénaire Pour le Développement », répondent à deux contextes différents, l'un à un contexte de crise, l'autre à une prise de conscience commune ; A ces deux contextes différents répondent, malgré une affirmation conjointe de s'inscrire dans le phénomène de mondialisation, deux approches opposées du développement du Sud économique ; Alors que le premier mouvement donna naissance à une recrudescence des disparités Nord/Sud, la volonté de poursuivre les Objectifs du Millénaire perdure, malgré les difficultés rencontrées.
[...] De plus, la démographie de régions comme l'Afrique subsaharienne rend des progrès en terme absolu obsolètes en terme relatif. Ainsi, les améliorations décisives réalisées dans les années 1990 grâce à un contexte économique très favorable sont remplacées par un certain ralentissement dans la course à la réalisation des Objectifs du notamment à une baisse relative de l'aide financière. A ces difficultés conjoncturelles s'ajoutent deux défis majeurs qui viennent compliquer la réalisation de ces Objectifs en tant qu'objectif concurrent, mais aussi obstacles au développement du Sud économique : La crise économique et la sécurité environnementale et climatique. [...]
[...] II/ Des objectifs et des solutions contraires Un discours inégal au sujet de la globalisation Les deux dynamiques précédemment présentées s'inscrivent conjointement dans une logique de mondialisation. En effet même s'il énonce la nécessité d'un Nouvel Ordre économique International et une transformation des termes des échanges internationaux entre le Sud et le nord économique vers plus d'équité, les deux documents soulignent l'importance d'une plus grande coopération et d'une intensification des échanges. Cependant dans le vocabulaire choisi et dans certaines expressions utilisées on remarque deux visions différentes : l'une stratocentrée et l'autre plus globale et internationale. [...]
[...] Le Nord doit permettre au Sud de contrôler ses prix, ses marchés et doit garantir son indépendance et sa souveraineté. Dans la déclaration et les rapports sur les Objectifs du Millénaire, les fautes sont plutôt partagées et les solutions et actions doivent donc être communes. Il y a dans ces documents l'idée sous-jacente que la lutte pour le développement et contre la pauvreté est collective et que tous les pays ont intérêt à y participer au nom de l' humanité Notre avenir serait en effet commun vu les interpénétrations et interdépendances profondes qui lient les Pays développés et les Pays en voie de développement. [...]
[...] Les bases mêmes du système international au niveau économique, financier et monétaire sont rendues obsolètes. Ne serait-ce pas l'occasion idéale pour créer un nouveau système international plus durable qui permettrait une croissance économique plus stable et un développement plus égal ? N'est-il pas nécessaire de créer un nouvel ordre international pour répondre aux grandes problématiques que représentent le développement humain généralisé et la sécurité climatique et environnementale ? [...]
[...] Des solutions opposées Les leaders des Non-alignés, par le biais de la Déclaration des Droits et des Devoirs économiques, présentent le nord économique comme principal fautif dans les difficultés du sud économique. En effet, ils considèrent que les obstacles au développement que rencontre le Sud proviennent de la colonisation et des retombées ainsi que des politiques d'ingérence des Pays développés dans les pays du Sud économiques. Par conséquent, c'est à ces mêmes pays de résoudre les problèmes du sud économique par le biais d'un rééquilibrage des échanges commerciaux, par une réparation des dommages causés au Sud économique ou encore par une politique douanière préférentielle sans clause de réciprocité. [...]
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