L'Académie Française définit une multinationale comme « une société [ou] un groupe de sociétés dont les entreprises sont implantées dans plusieurs pays »1. À la fin des années 1960, on comptait environ 7000 multinationales, pour plus de 65 000 actuellement, provenant de 47 pays. Celles-ci contrôlent le quart de la production mondiale et les deux tiers du commerce international. Les 150 premières assurent plus du tiers des exportations mondiales2. Dès les années 1960, on assiste à une première vague de délocalisation des entreprises américaines vers l'Europe, puis vers l'Asie. C'est par le biais de manoeuvres financières que se constituent ensuite de vastes conglomérats internationaux, et que les multinationales détachent leur sort de celui de l'économie nationale où elles ont prospéré. N'y a-t-il donc pas une certaine contradiction dans le fait de parler de nationalité à propos de ces firmes qui sont, par définition, transnationales? Si, pour certains, il faut considérer les multinationales comme étant apatrides, nous montrerons qu'il subsiste quand même une certaine prégnance de la nationalité originelle de ces entreprises, nationalité qui est par ailleurs instrumentalisée par les dirigeants.
Nous nous concentrerons ici sur les multinationales globales, celles qui considèrent le marché comme étant mondial et qui rentabilisent leurs actifs à l'échelle planétaire.
[...] Les multinationales ont-elles une nationalité? L'Académie Française définit une multinationale comme une société un groupe de sociétés dont les entreprises sont implantées dans plusieurs pays À la fin des années 1960, on comptait environ 7000 multinationales, pour plus de actuellement, provenant de 47 pays. Celles-ci contrôlent le quart de la production mondiale et les deux tiers du commerce international. Les 150 premières assurent plus du tiers des exportations mondiales[2]. Dès les années 1960, on assiste à une première vague de délocalisation des entreprises américaines vers l'Europe, puis vers l'Asie. [...]
[...] ) pays dont les plus grosses multinationales ont plus d'employés à l'étranger que sur le territoire national. On peut également se demander s'il existe une culture nationale d'entreprise Les entreprises qui se délocalisent emportent souvent avec elles leurs méthodes de travail, à tel point qu'on parle désormais de toyotisme pour caractériser le travail des employés nationaux ou étrangers dans les firmes japonaises délocalisées. De même, lorsque Carlos Ghosn est arrivé à la tête de Nissan, il a imposé un style de gestion qui a fait ses preuves pour Renault, mais auquel les Japonais n'étaient pas habitués. [...]
[...] Les multinationales sont donc sous la dépendance de la finance globale, dont le but premier est le profit. Charles-Albert Michalet parle d'un impératif de return on equity qui correspond à une exigence unique des actionnaires d'un profit annuel de 15%. Pour satisfaire à cette exigence, peu importe les lieux de production, les lieux de consommation ou les lieux d'administration. Prenons l'exemple de Nestlé : si l'ensemble des activités du groupe était concentré en Suisse, jamais l'entreprise n'aurait connu un tel essor, et n'aurait pu fournir un return on equity enviable à ses actionnaires. [...]
[...] B.Coriat O.Weinstein Les nouvelles théories de l'entreprise, Paris : Le livre de poche Plihon, Dominique. Le nouveau capitalisme, Paris : La Découverte Michalet, Charles-Albert. Qu'est-ce que la mondialisation Paris : La Découverte Boyer, Robert, Les mots et les réalités in Mondialisation, au- delà des mythes, Paris : La Découverte p Organisation Mondiale du Commerce Cohen, Élie. La tentation hexagonale, Paris : Fayard p. 67. [...]
[...] Des firmes apatrides? Pour commencer, il semble utile de rappeler, brièvement, les concepts néo-classiques qui fondent l'analyse économique de la firme. Dans l'analyse néo-classique standard, la firme a une place réduite comme une composante de la théorie des prix. C'est d'abord un agent sans épaisseur ni dimension, c'est une firme-point Elle n'est pas traitée comme une institution mais comme un acteur individuel, un point dans l'espace des rapports de marché, dotée du même statut théorique que le consommateur. C'est aussi une firme-automate Acteur parfaitement passif, sans aucune autonomie, elle remplit deux fonctions : la transformation des facteurs en produits dans des conditions qui s'imposent à elle; et l'application mécanique des règles de calcul coûts-avantages, tel un automate programmé une fois pour toutes[3]. [...]
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