Mondialisation, interdépendances et intégration économique

Résumé du document

La crise que traverse le monde depuis l'automne 2008 témoigne de l'interdépendance des sociétés dans un contexte de mondialisation. Mais qu'entend-on par le concept de mondialisation ? S'il est un processus de mise en relation des différentes parties du monde par les flux de biens, de services, de capitaux et de personnes, il constitue aussi un système d'organisation de la production qui transcende les frontières et multiplie les interdépendances : un « système-monde » en somme selon Olivier Dollfus. Les interdépendances se dessinent sous la forme de réseaux, ce sont des accords et des liens économiques qui lient les états, leurs entreprises, les territoires entre eux ; interdépendances qui s'observent par des flux de toute nature. Mais loin d'homogénéiser le monde comme pourrait le laisser penser la vision de Marshall McLuhan du « village planétaire », ces interdépendances dans la mondialisation se forgent dans des régions différenciées plus ou moins insérées dans l'espace économique. Car, en effet, l'intégration est inégale à différentes échelles.

Extraits

[...] On peut donc dire que l'ancienne DIT est devenue obsolète, remplacée par la nouvelle DIT prenant davantage l'aspect d'une coopération Nord/Sud. Ainsi, un mouvement de désindustrialisation touche les pays développés et un glissement partiel de ces activités se fait vers les pays émergents, principalement en Asie, notamment à la faveur des délocalisations de FTN du Nord et de leurs IDE. Pays émergents qui, d'ailleurs, attirent d'autant les FTN, car elles peuvent mêler, là, stratégie de rationalisation des coûts et stratégie de marché comme le font de très nombreuses entreprises aujourd'hui en Chine. [...]

[...] Lorsque le pays s'engage dans les réformes, il est tenu de réduire sa dette extérieure en ouvrant son économie. FMI et Banque Mondiale ont alors permis au consensus de Washington de s'imposer d'abord en Amérique latine puis partout dans le monde après la disparition de l'Union Soviétique en décembre 1991. Avant cela, le FMI avait déjà perdu son rôle monétaire : en officialisant les changes flottants, les Accords de la Jamaïque en novembre 1976 signifient que désormais la régulation monétaire se fera par le marché ; en fait c'est la dérégulation de l'économie. [...]

[...] La nouvelle DIT donne donc un nouveau rôle au Sud : faut-il y voir une coopération à la faveur du Sud ? Des relations Sud/Nord inégales Pourtant l'asymétrie Sud/Nord n'a pas disparu. L'interdépendance demeure dessinant des relations Sud/Nord inégales. Les entreprises du Nord ont besoin de matières premières pour produire et ne peuvent se passer d'une stratégie d'approvisionnement. Déjà en 1970, Samir Amin dénonçait l'échange inégal dans l'accumulation à l'échelle mondiale, faisant le constat de la dégradation des termes de l'échange. [...]

[...] À moins que ne se dessine un tournant La mondialisation a renforcé les interdépendances entre les économies donnant aux pays du Nord un rôle encore prépondérant, mais laissant une nouvelle chance à ceux du Sud : en somme, des interdépendances facteur d'enrichissement. Quelles régions du monde tirent le plus profit de la mondialisation, autrement dit, qu'elles sont celles qui s'y sont le mieux insérées ? Et quelles interrogations émergent ? 3. intégrant inégalement pays et territoires. L'intégration des pays du monde est inégale dans la mondialisation : poussée dans les pays développés, elle pose question. [...]

[...] La mondialisation montre une surintégration du Nord. Les flux de toutes natures, matériels avec les marchandises, immatériels avec les capitaux et l'information, n'ont cessé d'augmenter. Ils témoignent alors d'une forte création de richesse qui transite majoritairement entre les trois pôles de la Triade, selon l'expression de Kenichi Ohmae dans Triad Power publié en 1985, à savoir l'Amérique du Nord, le Japon et son extension dans les NPIA et le littoral chinois, l'Europe. Des territoires sont privilégiés dans l'économie aujourd'hui : ce sont les métropoles, et parmi elles, les dominantes formant l'Archipel Mégalopolitain Mondial (AMM) d'Olivier Dollfus, dans la mondialisation Ce sont ces villes qui tissent des liens entre elles et contribuent ainsi à la direction du monde. [...]