La Recherche et Développement est le fruit de « l'économie du savoir », selon la terminologie des économistes. Les modes d'organisation de l'économie et les processus de croissance admettent le développement de cette « économie du savoir » et de sa prospérité. On entend par économie du savoir ce qui est perçu comme la « nouvelle » économie, englobant les nouvelles activités nées de l'innovation technologique et scientifique. La connaissance est à prendre au sens large comme l'ensemble des connaissances produites et utilisées dans les activités économiques Elle concerne au sens restreint le domaine technologique et le domaine scientifique, même si parfois on l'étend à la prise en compte de la connaissance organisationnelle et de l'innovation dans les services. En tant que telle, la connaissance est un bien économique très particulier : il est difficilement contrôlable car il peut être utilisé par d'autres personnes que celle qui l'a produit, il est non rival (c'est-à-dire qu'il ne se détruit pas à l'usage) et il est cumulatif. Le savoir répond donc à la définition économique d'un « bien public » et c'est bien tout le dilemme pour les entreprises qui en produisent et qui le transforme en richesse.
Le secteur de la Recherche et du Développement a évolué depuis une vingtaine d'années et ce changement ouvre la voie à des évolutions territoriales majeures à l'échelle mondiale. Les pôles internationaux crées par la division internationale du travail se structurent et se restructurent au vu de la place de plus en plus importante du secteur de R&D et la spécialisation des entreprises vers les activités à la pointe de l'innovation. Le développement de ce secteur a entraîné le succès et la montée en puissance d'entreprises aux carrières fulgurantes, et a contribué en une redistribution spatiale des activités d'innovation. Ce double phénomène affecte particulièrement les pays développés qui ont été le point de départ de la croissance de la R&D. Ce phénomène est complexe car il repose sur de multiples ramifications, mais il est néanmoins largement maîtrisé par les pays développés, qui sont à l'origine de son émergence. A présent qu'il a pris un aspect plus « éclaté », et que le secteur de l'innovation ne se limite plus aux seuls pays développés mais à d'autres pôles des pays du Sud, il est intéressant d'étudier les réactions des pays développés qui n'ont plus totalement la main sur ce phénomène.
[...] Cet exemple édifiant révèle trois facteurs clés du succès : d'une part le facteur humain, une communauté transnationale faite d'une élite entrepreneuriale, d'autre part le facteur géographique, les connexions "interclusters" dans une économie de plus en plus mondialisée et une plus grande proximité entre les entreprises américaines de la Silicon Valley et les entreprises taïwanaises par l'implantation de pôle de recherche à Taïwan. Enfin le facteur innovation avec la puissance de création de la Silicon Valley. Cet exemple illustre assez clairement les dynamiques d'implantation des centres de recherche et développement, bien que limité ici au domaine de l'informatique et des télécommunications. [...]
[...] Ainsi les choix des politiques publiques en matière de compétitivité des territoires montrent le tournant pris par la France dans sa vision de l'aménagement du territoire et des politiques industrielles. En privilégiant une vision spatialement sélective et hiérarchisée des territoires de projet, la France a abandonné un aménagement du territoire péréquateur et s'est ouverte à des logiques de marché et aux stratégies des firmes multinationales. Ces changements français révèlent surtout le tournant pris depuis une dizaine d'années au niveau mondial qui donne une importance essentielle aux organisations interrégionales qui se structurent autour d'une économie spatiale ouverte. [...]
[...] Cette période est donc marquée par une mondialisation de la fonction de production pour les Technologies de l'Information et de la Communication. Mais parallèlement, les autorités taïwanaises mènent une politique proactive d'attraction des élites taïwanaises parties étudiées en Europe et aux États-Unis, et en particulier dans la Silicon Valley. Cette politique des returnees ou reverse brain drain porte ses fruits puisqu'on compte au début des années quatre-vingt-dix 350 returnees par an. Les conséquences de cette politique sont nombreuses mais on retiendra en particulier la montée en gamme technologique de l'industrie taïwanaise qui va la faire passer d'un modèle OEM à un modèle d'Original Design Manufacturing (ODM). [...]
[...] Mais la crainte de voir la France menacée en tant que site de R&D est sans fondement au vu de la progression du secteur R&D des FMN en France, progression plus importante que le secteur de production. De plus il convient de préciser que la crainte de voir les entreprises partir produire leurs biens de haute technologie dans les pays développés n'est pas justifiée et n'est qu'un phénomène mineur : les entreprises ont tout intérêt à rester en France. P. VELTZ le démontre : le niveau de productivité des travailleurs français est parmi les plus élevés du monde. [...]
[...] Le contexte entrepreneurial : les stratégies des grandes firmes dans l'innovation technologique et la place des entreprises françaises dans ce réseau La mondialisation de la R&D reste circonscrite aux plus grandes firmes et passe par des implantations à l'étranger résultant souvent des processus de fusions et d'acquisitions (dits F&A En effet aux États-Unis, depuis 20 ans, les implantations des FMN européennes ont eu lieu généralement par les F&A. Parallèlement, l'implantation du secteur R&D à l'étranger s'est accélérée sur la même période. [...]
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