Libéralisation économique et commerciale, Afrique, consensus de Washington, crise de la dette, zones franches, exportation de minerais, abolition de l'apartheid, indices de pauvreté humainen, Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), Import-Export Bank of India
Alors que l'on annonçait à l'Afrique un avenir radieux dans les années 1960, la décennie 1990 est celle des espoirs déchus : malgré une certaine vigueur démocratique, tous les rapports concernant l'Afrique sont accablants, annonçant la faillite inévitable du continent. Pour certains, le constat est aujourd'hui sévère, à l'instar de S. Smith, qui dresse une radioscopie acerbe du continent africain dans Négrologie, Pourquoi l'Afrique se meurt.
[...] Les puissances asiatiques ont-elles aussi su tirer parti de cette libéralisation, d'abord chez elles, puis sur le continent africain. C'est le cas de la Chine, mais aussi de l'Inde, qui a mis en place le Team 9 : l'Import-Export Bank of India accorde des prêts bancaires à 8 pays africains, en échange de permis d'exploration pétrolière. Finalement, on pourrait presque argumenter que la libéralisation des années 1990 n'a été ni bénéfique, ni préjudiciable à l'Afrique, en considérant qu'elle survit en dehors du système monde. En témoigne son indifférence à la crise pourtant généralisée des subprimes. [...]
[...] Finalement, la libéralisation a largement été bénéfique aux puissances extérieures Mais l'Afrique ne nous a-t-elle pas surtout démontré sa capacité à survivre hors du système monde ? Il faut tout d'abord souligner que la privatisation des compagnies pétrolières, diamantifères et la multiplication des flux dans un contexte de libéralisation économique et financière, a largement été bénéfique aux États-Unis et à l'Europe. En outre, les échanges dans le cadre de l'OMC prônent la fin des systèmes de préférence : sont abolis les conventions de Yaoundé et de Lomé (en faveur des ACP), les AMF pour le plus grand plaisir de la Chine, le système généralisé des préférences autant d'abolitions qui invoquent une libre concurrence à l'échelle mondiale. [...]
[...] Latouche, selon lequel la libéralisation économique et commerciale a provoqué l'exclusion de l'Afrique officielle seulement. Cet échec est la preuve que le consensus de Washington n'est pas un modèle en soi, puisqu'aujourd'hui, une autre Afrique subsiste hors de ce système du tout marché C'est finalement une partie assez réduite du continent africain qui a su bénéficier de cette libéralisation, et l'avantage revient largement à l'Europe, l'Asie et aux États-Unis. Ceci est imputable à l'Afrique elle- même (qui se cantonne à une économie de rente), ainsi qu'au modèle du consensus de Washington lui-même, qui invoquent des principes de libéralisation et de libre concurrence illégitimes en Afrique. [...]
[...] Le manque de diversification est un problème clé de la dépendance des états africains. Par ailleurs, la multiplication d'accord de préférences négociée avec l'extérieur (AGOA, tout sauf les armes, Cotonou ) est la preuve que l'Afrique se situe encore hors de cette libération, puisque ces accords bilatéraux sont contraires aux principes de l'OMC en tant qu'ils sont non réciproques, et discriminatoires à l'égard d'autres PED. Par ces constatations, le bilan est sévère à l'égard de la majorité des pays africains : la libéralisation des institutions économiques et commerciales n'est pas seulement un phénomène extérieur subi par l'Afrique naufragée du développement L'Afrique a au contraire été responsable de cet échec, puisqu'elle n'a su s'adapter : l'Afrique aurait pu être active, mais elle est demeurée trop passive, puisque ce sont avant tout les Africains qui sont maîtres de leur destin. [...]
[...] L'Afrique, oui, mais quelle Afrique ? Forte d'une réelle capacité d'adaptation, l'Afrique a su s'intégrer dans le système monde grâce à la libéralisation des années 1990 Mais ce constat ne vaut pas pour tout le monde sur un continent pluri et tel que l'Afrique (II). Finalement, nous verrons que cette libéralisation a surtout été bénéfique à des puissances extérieures, mais qu'elle a aussi montré la capacité de l'Afrique à survivre hors du système monde (III). Forte d'une étonnante capacité d'adaptation l'Afrique a su répondre à la crise des années 80, et l'application des préceptes de Washington lui permettent de réintégrer le système monde, et a des retombées positives Le continent africain a toujours fait preuve d'une étonnante capacité de survie et d'adaptation : traite esclavagiste, colonisation, dictatures puis crise de la dette dans les années 1980s, l'Afrique a connu une série d'obstacles historiques qui lui ont été à la fois bénéfiques et préjudiciables : bénéfiques, car ils lui ont permis de ne pas tomber dans un chaos et une famine généralisée lors de la crise de la dette, mais préjudiciables, car ils participent à une relative instabilité du continent, qui n'incite pas à la démocratisation des États, ni à l'intégration des activités de la population dans le secteur formel. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture