Le Fonds Monétaire International (FMI), une institution en crise ?

Résumé du document

Le 28 septembre 2007, Dominique Strauss Kahn était nommé directeur du Fonds Monétaire International. A ce titre, il estimait qu'il fallait aller « plus vite et plus loin » dans la réforme de ses institutions .
Est-ce à dire pour autant que le FMI est une institution en crise ?
Fondé officiellement le 27 décembre 1945, après la ratification par 29 pays des statuts adoptés à la conférence monétaire et financière de Bretton Woods tenue aux Etats-Unis en juillet 1944, le FMI rassemble aujourd'hui 185 pays, et siège à Washington. A sa création, le FMI était un instrument de régulation de la mondialisation. Cependant, ses missions ont évolué significativement depuis les 30 dernières années, dans un contexte de remise en question des institutions économiques internationales.

Extraits

[...] Celle du FMI traverse une crise profonde. D'une part, à cause du manque de reconnaissance politique des pays émergents. Au FMI, la répartition du capital, et donc des pouvoirs (un dollar = une voix), reste celle issue de la Seconde Guerre mondiale. De plus, en dépit d'efforts réels, l'opacité reste la règle de fonctionnement du FMI. Les tractations de couloir entre Américains et Européens pour la nomination de ses dirigeants, au mépris de la compétence des personnes choisies, en sont une malheureuse illustration, comme l'a démontré le cas Wolfowitz. [...]

[...] Les symptômes de cette crise indiquent pourtant les voies possibles, mais politiquement difficiles à mettre en œuvre, de réforme: reconnaître une plus grande place politique aux pays émergents, accepter le débat démocratique avec la société civile et savoir reconnaître ses erreurs. Un nouveau socle idéologique doit être établi, reliant toutes ces demandes dans une lecture de la mondialisation qui ne se contente pas de célébrer les vertus innées des marchés. Le mandat de Dominique Strauss Kahn sera peut-être l'occasion d'impulser les réformes nécessaires à la continuité de cette institution internationale, aujourd'hui menacée. Sources Site officiel du FMI : http://www.imf.org/external/french/index.htm P. Lenain, Le FMI, collection la Découverte M. [...]

[...] Comme l'avoue l'économiste de Harvard, Dani Rodrik, "les différences entre économistes sur la mondialisation ne sont pas le produit de modèles économiques différents ou de lectures différentes des informations empiriques". Elles proviennent "de leurs différents rapports à l'éthique et de leurs préférences politiques". Désarçonné sur le plan conceptuel, le FMI n'a pas pour autant encore effectué de changement idéologique. Le libéralisme économique y est toujours présent, mais on croit de moins en moins à ses vertus. Concurrence accrue d'autres organisations internationales L'élargissement du champ d'action du FMI le conduit à interférer avec les compétences de la Banque mondiale et pose la question de la concurrence (et/ou complémentarité) entre les deux organisations. [...]

[...] On parle également, dans la région, d'un éventuel Fonds monétaire du Sud. De leur côté, les pays asiatiques ont annoncé la création d'un fonds régional multilatéral de gestion d'une partie de leurs importantes réserves en devises. Cette sorte de mini FMI serait à même de proposer rapidement des prêts aux pays en crise . sans qu'ils aient besoin de frapper à la porte du FMI. Enfin, des pans importants de la régulation internationale échappent aux acteurs publics pour se retrouver dans les mains des acteurs privés. [...]

[...] Le mode de décision du FMI est basé sur une répartition des droits de vote en fonction du montant de la cotisation des Etats membres, selon le principe 1 dollar voix Ainsi, la répartition du pouvoir au sein de l'institution reste issue de la Seconde Guerre mondiale, quand les Etats-Unis dominaient seuls le monde : ils disposent aujourd'hui de 16,79% du total des voix attribuées. Les pays de l'UE possèdent au total 32,1% des droits de vote, sachant qu'ils sont représentés individuellement. Les pays en développement dans leur ensemble détiennent quant à eux une minorité de voix pays africains n'étant représentés que par deux des 24 administrateurs du FMI. [...]