Émergence de la régionalisation face à la mondialisation, intégration régionale, barrières douanières, CECA, GATT, OMC, libéralisme, libre-échange, politique commerciale, théorie des avantages comparatifs de Ricardo, théorie HOS, protectionnisme, union monétaire, accords préférentiels
"Du point de vue du commerce, le monde entier n'est qu'une seule nation ou un seul peuple". Au 17e siècle, l'économiste anglais libéral Dudley North esquissait déjà une définition de la mondialisation, qui est l'émergence d'un vaste marché mondial de biens, de services, de capitaux et de la force du travail. En économie, cette notion est peu distinguée de celle d'internalisation des économies, qui correspond à leur ouverture à travers l'essor du commerce international. Celle-ci est suscitée timidement avec la révolution industrielle, mais c'est vraiment depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale qu'on parle de véritable internationalisation.
Elle apparaît comme la concrétisation de la théorie libre-échangiste devenue dominante, favorisée par la baisse des coûts de transport. Cependant, malgré la mise en place d'un cadre institutionnel favorisant les échanges multilatéraux, les asymétries de pouvoirs et de gains à l'échange font persister les théories protectionnistes et surtout, favorisent l'émergence de blocs régionaux indépendants. On parle de régionalisation ou d'intégration régionale, qui sont un processus au cours duquel des pays voisins approfondissent leurs relations commerciales en éliminant progressivement leurs barrières douanières.
[...] Ensuite, on constate que les relations régionales sont stables, loyale face à crise structurelle de l'OMC En effet, deux défauts structurels majeurs caractérisent aujourd'hui la crise institutionnelle de l'OMC. D'abord, concernant la règle du consensus, d'autant plus difficile à obtenir que le nombre de pays est élevé. De ce fait, les sujets en suspens à l'OMC ou rejetés du champ des négociations (normes de travail, investissement, concurrence) peuvent être négociés dans les accords régionaux ou bilatéraux. C'est le cas de plusieurs centaines d'accords sur l'investissement. D'autre part, un défaut structurel découle directement de la « clause de la nation la plus favorisée ». [...]
[...] Ainsi, quels sont les fondements et la structuration de l'internationalisation des échanges qui favorisent l'émergence de la régionalisation ? Est-elle compatible avec le multilatéralisme ? Dans une première partie après avoir expliqué les fondements théoriques et la structuration de l'internationalisation des échanges qui font émerger la régionalisation, je vais me demander dans une seconde partie si mondialisation et régionalisation sont vraiment contradictoires. I. Les fondements théoriques et la structuration de l'internationalisation des échanges Le libre échange C'est une politique commerciale qui se traduit par la libre circulation des marchandises et la réduction de toute barrière aux échanges. [...]
[...] La régionalisation des échanges, contradictoire avec l'essor du multilatéralisme ? Les accords préférentiels sous optimaux : menace du système commercial mondial dans la théorie ? Des auteurs d'inspiration néo-classiques comme Jagdish Bhagwati soulignent l'incohérence des accords préférentiels avec le multilatéralisme et le libre-échange. Étant discriminatoires, ils conduisent en effet à une situation générale de sous optimalité. D'une part, pour cause d'effet de détournement : C'est ce qu'explique le modèle de Jacob Viner. Il montre bien que, si les accords régionaux « créent » bien de l'échange à l'intérieur d'une Union Douanière, ils en « détruisent » aussi par rapport à l'extérieur. [...]
[...] D'une part, hormis les accords préférentiels éloignés, les zones d'intégration préférentielles recoupent des pays de proximité, à l'intérieur desquelles le commerce est « naturel », car plus rapide et moins coûteux. Les effets de détournement sont alors relativement réduits, contrairement aux effets de création. C'est donc le fait de remplacer la production d'un pays membre par les importations venant d'un autre pays membre plus compétitif qui se développe. En effet, par l'intégration régionale, les coûts d'import-export vont avoir tendance à baisser, ce qui va entraîner hausse de la production, économie d'échelle voire baisse des prix, qui vont bénéficier aux partenaires, mais aussi au monde dans son ensemble. [...]
[...] Cette analyse est reprise au 20e siècle par la théorie HOS, améliorée de la spécialisation en fonction de la dotation en facteur de production. Pour un pays comme la Chine, « atelier du monde » spécialisé dans le travail, car abondant et donc moins cher, la spécialisation permettrait la hausse de la production et de la demande de travail voire des salaires. Ce phénomène lui permettrait d'importer le facteur capital, dont le prix baisserait également par l'abondance. Ces théories et ses avantages justifient la division internationale du travail et l'échange, mais semblent cependant limités et trop statiques aujourd'hui. [...]
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