Russie, ressources naturelle, santé économique, influence de la Russie, influence culturelle, réseaux d'influence, arme énergétique
La volonté affichée par Paris en février 2010 de vendre à la Russie quatre porte-hélicoptères Mistral a déchainé un vent de critiques, et le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung estimait que c'est un geste qui renforce la « soif de pouvoir » de la Russie. Cette affaire n'est qu'une expression, parmi beaucoup d'autres, de l'ambition de puissance retrouvée de la part de Moscou depuis la fin de l'ère Elstine.
Avant de se lancer dans une étude des fondements de cette ambition, il faut toutefois définir clairement le terme de puissance : c'est, selon la définition de Susan Strange établie dès les années 1980, et pour éviter l'obsolescence du terme, la capacité d'un acteur à définir les règles du jeu qui vont s'imposer à l'ensemble des acteurs, ces derniers étant de natures très différentes.
Etudier les facteurs de puissance de la Russie, c'est à dire ce qui fonde son influence, ce qui lui permet d'être influente, c'est étudier un cas à part : ni vraiment asiatique, ni vraiment européenne, pas tout à fait occidentale mais surement pas orientale, ni une grande puissance, ni un pays émergent et encore moins un pays développé, pays gigantesque et multinational, la Russie est à elle-seule un modèle que l'on classe souvent à part.
Selon le spécialiste de la Russie JS Mongrenier, « le culte de la « Derjava » », c'est-à-dire de la puissance étatique et militaire russe, est un classique de l'histoire russe lorsqu'on l'appréhende sur la longue durée.
[...] De plus, à travers son fonds souverain, un des plus doté du monde, elle tente, pour des motifs clairement politiques, d'être présente dans certaines entreprises stratégiques étrangères : la prise de participation à hauteur de dans EADS en 2005 ou la tentative en 2006 sur Deutsche Telekom le montrent. Enfin, elle a hérité de la puissance diplomatique soviétique et s'implique nettement dans la politique internationale. Dotée du droit de veto au Conseil de Sécurité de l'ONU, et, ne l'oublions pas, d'un territoire immense qui la met au contact de plus d'une zone chaude du monde, elle participe à de nombreuses actions internationales : au Proche et Moyen Orient ou lors des négociations avec l'Iran ou la Corée du Nord par exemple. [...]
[...] Arme énergétique, instrument militaro-industriel : l'expression de la puissance, les outils de hard power de la Russie. La Russie dispose également d'indéniables outils de hard power même s'ils demeurent fragiles voire obsolètes. D'abord de son arme énergétique qu'elle utilise pleinement et qui constitue selon JS Mongrenier son principal instrument de puissance. On a ainsi vu il y a deux ans la pression que pouvait effectuer Moscou sur l'Europe : en bloquant l'arrivée de gaz en Ukraine en plein hiver, la Russie a montrée qu'elle pouvait tout à fait priver d'énergie la moitié de l'Europe, sa partie est étant très dépendante du gaz russe (parfois à plus de 90% et dans le cadre de pays disposant de nombreuses centrales életriques à gaz). [...]
[...] Conclusion : Finalement, comme le résume JS Mongrenier, le moyen principal pour la Russie d'imposer sa volonté et d'utiliser un mix de pressions politico-énergétiques, d'incitations monétaires, de manipulation de réseaux de connivences, voire le recours à la cyberwar comme cela a pu être constaté en Estonie. Toutefois, la crise économique constitue un grave danger pour le régime russe : la stratégie du couple exécutif d'affirmation de cette démocratie souveraine selon le terme officiel, est-elle viable ? Une économie dirigée et un système politique muselé peuvent-ils assurer l'extension de la puissance russe à long terme, après des contestations historiques dans l'hiver 2011-12 ? [...]
[...] En quoi ces mêmes facteurs qui assurent sa puissance constituent également ses plus graves carences ? D'une part, la Russie se consolide économiquement, socialement et politiquement, ce qui lui permet alors de maintenir voire d'étendre son influence à l'aide d'un potentiel immense. La consolidation économique, sociale et politique de la Russie Ressources naturelle, potentiel industriel et humain : de grandes possibilités d'expansion. La Russie est une puissance exportatrice, certes, mais exporte essentiellement des produits bruts : en 2006, le pétrole et le gaz fournissaient 68% des recettes d'exportation. [...]
[...] SUJET : Les facteurs de puissance de la Russie d'aujourd'hui. INTRODUCTION La volonté affichée par Paris en février 2010 de vendre à la Russie quatre porte-hélicoptères Mistral a déchainé un vent de critiques, et le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung estimait que c'est un geste qui renforce la soif de pouvoir de la Russie. Cette affaire n'est qu'une expression, parmi beaucoup d'autres, de l'ambition de puissance retrouvée de la part de Moscou depuis la fin de l'ère Elstine. Avant de se lancer dans une étude des fondements de cette ambition, il faut toutefois définir clairement le terme de puissance : c'est, selon la définition de Susan Strange établie dès les années 1980, et pour éviter l'obsolescence du terme, la capacité d'un acteur à définir les règles du jeu qui vont s'imposer à l'ensemble des acteurs, ces derniers étant de natures très différentes. [...]
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