L'Euro et la théorie des Zones Monétaires Optimales
Le 1er Janvier 2009, est fêté l'anniversaire de la zone euro. 10 ans auparavant, l'euro devient officiellement la monnaie de onze Etats souverains de l'Union Européenne, ce qui fait d'eux des membres effectifs de l'Union Monétaire Européenne . Suite logique dans le processus d'intégration de l'Europe, le remplacement des monnaies nationales de ces Etats par une monnaie unique a démontré leur courage politique et leur volonté d'un avenir commun et optimal d'une Europe solidaire.
L'instauration de l'Euro a provoqué un étonnant bouleversement pour les centaines de millions de personnes habitués à leur monnaie nationale. Outre ce changement visible, les répercussions économiques sur l'ensemble du système européen du passage à l'Euro ont été majeures.
La formation d'une UEM considérée presque utopique à l'époque, le scepticisme de certains auquel fait référence Hans-Gert Pöttering s'expliquait par le fait que l'adoption de la monnaie unique, l'Euro, implique la perte des Etats de leur souveraineté monétaire. La monnaie unique étant la forme la plus avancée du système de changes fixe, les Etats membres délèguent à la Banque Centrale Européenne le rôle d'édicter la politique monétaire applicable à tous les membres de cette Communauté Européenne. Évidemment, la renonciation à la gestion de leur instrument économique a exigé une comparaison sérieuse des coûts et des avantages que cela engage.
Par ailleurs, bien plus que de passer au stade d'une simple union monétaire, la zone euro aspire à devenir une aire monétaire optimale, forte d'une monnaie européenne apportant le maximum de bénéfices nets des coûts à l'ensemble des pays membres. A savoir, une Zone Monétaire Optimale définit un groupe de régions intégré, dont les économies sont étroitement liées par des échanges commerciaux, avec une mobilité du facteur travail élevée, aux structures économiques similaires et doté d'un fédéralisme fiscal.
Aujourd'hui encore, les économistes ne s'accordent pas sur la nature et l'ampleur des mérites et des inconvénients liés à l'adoption d'une monnaie unique. A défaut d'une théorie globale pouvant répondre aux questions de ces économistes, la théorie des Zones Monétaires Optimales représente le cadre type auquel se réfère la majorité des études sur l'UEM.
Apparue pour la première fois dans l'article pionnier de l'économiste canadien R. Mundell (prix Nobel d'économie 1999), la théorie des ZMO se centre particulièrement sur le coût engagé lors d'une perte de taux de change nominal comme instrument de stabilisation économique. Elle permet donc d'établir en quelque sorte les chances de réussite d'une union monétaire dans la gestion de chocs économiques. L'adoption de l'euro est classée comme une des décisions historiques les plus importantes de l'UE car elle conduit l'Europe à son dernier stade d'intégration économique. On attend donc de cette décision un résultat positif non seulement pour aujourd'hui mais également pour l'avenir de l'Union Européenne.
[...] Ainsi, grâce à l'euro, l'intégration permettra l'approfondissement nécessaire de l'intégration. Passons en revue les bénéfices dégagés de l'intégration économique qui ont motivé les Etats membres à donc adopter une monnaie unique. Complément nécessaire à l'intégration économique des marchés de l'UE Les arguments qui suivront sont issus du modèle élaboré par l'économiste américain P. Krugman prix Nobel d'économie 2008) : le modèle GG-LL. Mettant en relation le degré d'intégration économique entre un pays adhérent et une zone de changes fixes avec les gains et les pertes pour ce pays adhérent, le modèle GG-LL peut être utilisé pour orienter la décision des Etats à joindre la zone Euro. [...]
[...] La courbe GG : Les gains d'efficacité monétaire sont d'autant plus importants que l'intégration économique est forte La courbe LL : La perte de stabilité économique d'un pays adhérent à une zone de changes fixes est amoindrie lorsque le degré d'intégration économique est élevé. L'intersection de GG et LL au point 1 détermine le point d'intégration économique critique θ, entre la zone de changes fixes et un pays qui songe à rejoindre cette zone. Pour tout niveau d'intégration supérieur à θ, l'adhésion amène à un gain économique net pour le pays. Il a donc intérêt à joindre la zone Euro. [...]
[...] Au vu de la récession déplorable que traverse la zone euro en 2008, un nouveau débat est ouvert au sujet chaud : l'éclatement de la zone Euro. Considérons l'enchaînement économique des pays les plus défavorisés par la politique monétaire unique. Alors qu'une politique industrielle n'est efficace que dans le long terme, la politique budgétaire expansionniste est une arme en cas de baisse transitoire de l'activité et non définitive, tout recours à une politique monétaire ou à un change national est écarté. [...]
[...] L'asymétrie des chocs : une UEM en partie optimale En synthèse de ce que justifient les différents critères structurels, traditionnels de la théorie des ZMO, il est difficile de définir l'UE avec certitude et précision comme une ZMO. Un dernier critère central de la théorie, et sûrement le plus pertinent est celui de l'asymétrie des chocs. - Un cœur de pays à la synchronisation cyclique marquée Ce critère nécessite une étude délicate et une attention particulière. L'idée est se demander en quelle mesure les économies de l'UE présentent des cycles conjoncturels similaires. [...]
[...] A. Frankel et R. W. Jones, Commerce et paiements internationaux Marc Montoussé (dirigé par) Analyse économique et historique des sociétés contemporaines Paul De Grawe, Economie de l'intégration monétaire P. Avgeri, E. Jagodnik, M. Magnillat et A. [...]
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